Jim Carrey est une star de cinéma adulée. Il a beaucoup de succès, on envie sa réussite et ses privilèges. Mais il est très seul. Il commence à vieillir, il prend du poids. Il passe des nuits à chercher de l'affection auprès de ses chiens de garde entraînés par le Mossad et à regarder des documentaires improbables sur Netflix. Il a tout tenté pour sortir de sa déprime : les régimes, les gourous, et même les bons conseils de son cher ami, acteur et collectionneur de crânes de dinosaures Nicolas Cage.
Rien ne va, jusqu'au moment où il croise la route de Georgie. C'est l'amour de sa vie, il le sait, il le sent. Charlie Kaufman, scénariste de Dans la peau de John Malkovich, lui propose alors un rôle dans un film d'un nouveau genre, un film qui repousse toutes les limites existantes et qui lui permettra sûrement de remporter un Oscar.
On dirait que l'horizon s'éclaircit enfin...
Mais l'univers a d'autres plans pour Jim Carrey...
Mémoires flous est bien un roman, qui interroge la notion d'identité. Jim Carrey et Dana Vachon ont écrit un livre hilarant, démesuré, cataclysmique par moments, qui dresse un portrait en creux plus vrai que nature de Carrey l'acteur, et de Hollywood. Satire mordante de la société du spectacle, et « semi-autobiographie », Mémoiresflous est un roman inclassable, comme Jim Carrey !
Voici le récit d'une vie brûlante, écrit à la hâte dans sa cellule par une jeune femme de vingt-neuf ans qui se doute qu'elle va mourir : « Si je raconte tout cela avec tant de franchise, c'est parce que je m'attends de toute manière à être fusillée. » Elle le sera en effet, en juin 1931, au « camp à destination spéciale » des îles Solovki, quelques mois après son mari le poète Alexandre Iaroslavski.
« Étudiante pleine de rêves », ainsi qu'elle se définit elle-même, Evguénia, vite dégoûtée par la dictature des bolchéviks, se convainc que le monde des voyous forme la seule classe vraiment révolutionnaire. Elle décide de vivre dans la rue et de devenir une voleuse, à la fois par conviction politique et aussi par un goût du risque qu'elle confesse. Loin de l'imagerie héroïque de la « construction du socialisme », c'est le Moscou et le Léningrad des marginaux, enfants des rues, ivrognes, prostituées, vagabonds, qu'elle nous fait découvrir dans une langue sans fioritures.
Quand en janvier 2014, Henning Mankell apprend qu'il est atteint d'un cancer grave, il entame un « journal de bord » qu'il tiendra durant les 5 mois de traitement jusqu'à l'annonce d'une rémission.
Le résultat : un texte hybride foisonnant, constitué de 67 fragments qui fait souvent référence - mais pas seulement - aux moments où sa vie a basculé, ce qu'il appelle « le sable mouvant », et où surmontant la tentation du gouffre, il a organisé sa résistance, suivi de la chimiothérapie, jusqu'à l'annonce du répit salvateur.
Il s'agit plutôt d'un déferlement prolifique, libre et ordonné à la fois, dont le fil conducteur est Mankell lui-même - sa perception du monde, de la vie, de la mort, de sa propre histoire et de celle de l'humanité, une perception transformée par l'épreuve, au fil de ces quelques mois.
Citons quelques thèmes récurrents parmi beaucoup d'autres :
- la grotte, thème à 2 dimensions qui touchent aux origines et au devenir de l'espèce. D'un côté le monde fascinant des peintures rupestres et des 1ers artistes de l'humanité ; de l'autre le problème du stockage souterrain des déchets nucléaires pendant les 100 000 ans à venir (le temps qu'ils cessent d'être une menace mortelle pour nos descendants) ;
- les ères glaciaires passées et à venir ;
- la radioactivité ;
- l'Afrique et autres destinations : Paris, Salamanque, la Crète. ;
- quelques épisodes inédits sur l'enfance, les rapports avec la mère qui l'a abandonné enfant, une expérience amoureuse absolue, inoubliable, confidence unique, inouïe de la part de Henning Mankell ;
- partout, tout le temps la question de la mort, la peur de mourir, l'envie de vivre abordées explicitement.
« C'est un des livres les plus drôles et les plus accessibles qui soit. Il raconte les aventures et mésaventures d'un ex chrétien/alcoolique/végétarien qui compose de la musique électronique. De festivals danois désastreux, en voyages horribles dans les Barbades, Moby parvient à garder sa curiosité, sa reconnaissance et son émerveillement. En soi, c'est déjà un beau cadeau pour le lecteur: on se sent accueilli, ou juste aussi décalé que lui, dans l'univers du rock et des clubs de rave. Moby remet le monde de la musique au bon endroit : il en gomme le côté prétentieux et exclusif pour inclure tout le monde. La musique devrait toujours être comme cela. »
En 1978, dans Quand vient le souvenir, Saul Friedländer se penchait sur son enfance : l'incompréhensible drame qui fait qu'un petit garçon juif, tchèque, enfant unique chéri de ses parents, devient à dix ans catholique, français et orphelin.
Ce livre reprend le récit au moment où le premier s'arrête : en 1948, quand l'auteur âgé de seize ans fugue du lycée Henri-IV où il est pensionnaire pour rejoindre clandestinement le jeune État d'Israël, comme l'ont fait d'autres orphelins de sa génération. Il ne parvient pas à s'y fixer. Très vite s'établit une existence partagée entre trois mondes : l'Europe, les États-Unis et Israël, entre français, anglais et hébreu. À plus de trente ans vient le choix de l'écriture et de l'histoire. Saul Friedländer renoue alors les fils de son passé en se confrontant au nazisme, dont il devient l'un des plus brillants historiens, engagé dans tous les débats de son temps.
Voici le récit d'une vie marquée par la Shoah, dans laquelle la recherche n'a jamais été dissociée de l'engagement. D'une écriture pudique et souvent bouleversante, Saul Friedländer raconte comment, à partir de la perte, se construit une vie d'homme.
Incarcéré à dix-huit ans dans une geôle de Californie, relâché, de nouveau interné, devenu le principal leader des Panthères noires, candidat aux élections présidentielles, encore pourchassé et réfugié dit-on à Cuba, Eldridge Cleaver, dans ce recueil d'écrits de prison, révèle sous de multiples aspects le sens du combat de la nouvelle génération noire aux États-Unis, sur les campus et dans les ghettos des villes : non seulement la lutte politique pour la participation au pouvoir mais la recherche d'une identité et de valeurs propres anéanties par des siècles d'esclavage à l'intérieur de la société blanche. Cette société, elle nous est décrite ici à travers l'image qu'elle se fait du Noir et la « consommation objective du Corps noir » qu'elle se réserve : phénomène de la boxe aux USA (de Liston à Cassius Clay) ; utilisation des troupes noires contre un autre peuple de couleur au Vietnam ; complexe des « nègres malgré eux » ; triomphe des danses inspirées par les Noirs... De ces analyses violentes ressort une vision tragicomique de l'Amérique, Babylone morose où ne se font plus guère entendre les trompettes de l'optimisme officiel mais où s'élèvent, de plus en plus écoutées chez les jeunes Blancs et Noirs, des voix comme celle de Cleaver : écrivain révolutionnaire au même titre que Franz Fanon, continuateur de Malcolm X, mais aussi, pour Norman Mailer, « l'un des plus importants auteurs d'Amérique ».
Reprenant ses vagabondages à travers les villes où ont vécu et écrit les grands écrivains de notre siècle, Nedim Gürsel nous emmène cette fois dans la Venise d'Aragon, d'Hemingway et de Proust, à travers les steppes de Gogol et le Moscou des poètes, l'Allemagne de Goethe et de Kafka et la Méditerrannée de Camus et de Mahmoud Darwich, pour ne citer que ces quelques auteurs.
Ces villes si distantes, aux lumières si différentes, prennent alors une dimension nouvelle et jusque-là inconnue : elles existent parce qu'elles ont été écrites et vivent dans les pas de cet écrivain d'aujourd'hui parti sur les traces des mots d'autrefois.
Avec des reproductions de documents originaux, textes de chansons, dessins, photos... ainsi que le CD Mots et émotion : John parlant de sa vie, son oeuvre, et un enregistrement live de " Imagine ". Lennon la légende : pour découvrir et explorer les multiples facettes de la vie d'un artiste qui a marqué toute une génération. Des rues de Liverpool aux séjours en Inde avec Yoko Ono, des concerts confidentiels de la Cavern à la Beatlemania, le récit d'une légende du rock and roll. Un livre indispensable avec une multitude de documents plus émouvants les uns que les autres : fac-similés de bulletins scolaires, dessins d'enfant, paroles de chansons, correspondance, documents officiels, photos extraites des archives personnelles de Yoko Ono... quelque 40 documents " détachables ", ainsi qu'un CD avec des interviews et un enregistrement live de "Imagine". Un hommage unique pour un artiste unique.
Le 1er janvier 1990, Günter Grass entreprend de tenir un journal, ce qu'il n'a pas fait depuis longtemps, et il le poursuit pendant treize mois : ceux au cours desquels s'opère la réunification des deux Allemagnes, qui est son principal souci, car les formes qu'elle prend l'inquiètent et le révoltent.
Écrivant peu, cette année-là, l'auteur dessine, réfléchit, dialogue, jardine, cuisine, voyage d'une Allemagne à l'autre : entre RFA et RDA, mais aussi entre l'Allemagne d'hier et la nouvelle, avec des crochets vers son Gdansk natal et sa Cachoubie, vers le Danemark, le Portugal, vers Prague, et vers Paris où il a écrit jadis Le Tambour.
Ce journal conserve tout son intérêt politique : la réunification allemande fut un petit laboratoire de la mondialisation. Mais c'est aussi un témoignage exceptionnel sur le travail de l'artiste graphiste, d'habitude éclipsé par l'écrivain, et sur la genèse de deux romans : L'Appel du crapaud, et surtout la grande fresque Toute une histoire, controversée en Allemagne mais souvent considérée comme un de ses chefs-d'oeuvre.
La liaison amoureuse que retrace ce livre est une des plus longues de Paul Celan et une des plus clandestines. Peu de lettres échangées, des dédicaces se réduisant à une étoile discrète : cryptogramme que Celan, en cas d'absence de l'amante, trace à la craie sur l'ardoise fixée près de la porte de sa chambre pour noter son passage. Quand Celan fait la connaissance de Brigitta, soeur cadette de l'écrivain autrichien Herbert Eisenreich, celle-ci a fui son pays natal et son milieu catholique pour aller faire des études à Paris, où elle est jeune fille au pair. Celan a 33 ans, elle en a 25. Leur relation nouée peu de temps après le mariage de Celan avec Gisèle de Lestrange, en décembre 1952, durera près d'une décennie. Pour évoquer sa "liaison clandestine", Brigitta Eisenreich écrit : "Vu l'attention et la valeur que Celan accordait aux dates d'anniversaires des siens, il paraît clair que j'occupais une place à part dans sa vie. Notre lien échappait au rituel des dates et à bien des contraintes. C'est dans ce lien à la fois clandestin et affranchi que tenait toute la richesse que nous pouvions partager ensemble". Parfois Brigitta attrape les pensées de Celan au vol et les consigne dans un petit carnet. A la recherche de ses souvenirs les plus intimes, elle multiplie les angles de vues sur l'oeuvre de Celan et sur ses mille et trois vies : comme si le poète, dans l'ombre du génocide des Juifs d'Europe, se devait de répéter, compulsivement, l'acte de vie pour maintenir le poème vivant - la mémoire.
À l'Est, un jeune contestataire soviétique a récemment posé la question : l'URSS survivra-t-elle à 1984 ? En exil à Alger, Eldridge Cleaver, leader des révolutionnaires noirs américains - les Panthères noires - pose cette affirmation : la « démocratie américaine » ne survivra pas à 1972, date de la prochaine élection présidentielle.
Pour celui qu'on a appelé le « Guevara noir », la guerre est déjà dans Babylone - les USA - entre la métropole blanche et sa colonie intérieure d'anciens esclaves, mais aussi et plus que jamais entre les tenants de l'Establishment (capitaliste, raciste, impérialiste) et ceux qui, paradoxalement, sont en train de faire des États-Unis le pays où se rencontrera peut-être le plus authentique communisme : les partisans du véritable Rêve américain.