Jim Carrey est une star de cinéma adulée. Il a beaucoup de succès, on envie sa réussite et ses privilèges. Mais il est très seul. Il commence à vieillir, il prend du poids. Il passe des nuits à chercher de l'affection auprès de ses chiens de garde entraînés par le Mossad et à regarder des documentaires improbables sur Netflix. Il a tout tenté pour sortir de sa déprime : les régimes, les gourous, et même les bons conseils de son cher ami, acteur et collectionneur de crânes de dinosaures Nicolas Cage.
Rien ne va, jusqu'au moment où il croise la route de Georgie. C'est l'amour de sa vie, il le sait, il le sent. Charlie Kaufman, scénariste de Dans la peau de John Malkovich, lui propose alors un rôle dans un film d'un nouveau genre, un film qui repousse toutes les limites existantes et qui lui permettra sûrement de remporter un Oscar.
On dirait que l'horizon s'éclaircit enfin...
Mais l'univers a d'autres plans pour Jim Carrey...
Mémoires flous est bien un roman, qui interroge la notion d'identité. Jim Carrey et Dana Vachon ont écrit un livre hilarant, démesuré, cataclysmique par moments, qui dresse un portrait en creux plus vrai que nature de Carrey l'acteur, et de Hollywood. Satire mordante de la société du spectacle, et « semi-autobiographie », Mémoiresflous est un roman inclassable, comme Jim Carrey !
Né allemand en 1917, Stéphane Hessel choisit de Gaulle et la Résistance ; il sera déporté, participera à de grands moments de la vie internationale et deviendra ambassadeur de France. Derrière ce parcours exceptionnel se cache un personnage original, qui professe le goût du risque et le respect d'autrui. De l'ONU à Saigon en passant par Alger ou New York, il revient sur sa vie d'homme engagé. Indigné.
Stéphane Hessel est né à Berlin en 1917. Normalien, résistant, déporté, diplomate, il fut un proche collaborateur de Pierre Mendès France et Michel Rocard. En 2010, il est revenu sur les motivations de son engagement dans Indignez-vous !.
« Sa vie est un roman. » Le Monde des livres Préface inédite de l'auteur
Voici le récit d'une vie brûlante, écrit à la hâte dans sa cellule par une jeune femme de vingt-neuf ans qui se doute qu'elle va mourir : « Si je raconte tout cela avec tant de franchise, c'est parce que je m'attends de toute manière à être fusillée. » Elle le sera en effet, en juin 1931, au « camp à destination spéciale » des îles Solovki, quelques mois après son mari le poète Alexandre Iaroslavski.
« Étudiante pleine de rêves », ainsi qu'elle se définit elle-même, Evguénia, vite dégoûtée par la dictature des bolchéviks, se convainc que le monde des voyous forme la seule classe vraiment révolutionnaire. Elle décide de vivre dans la rue et de devenir une voleuse, à la fois par conviction politique et aussi par un goût du risque qu'elle confesse. Loin de l'imagerie héroïque de la « construction du socialisme », c'est le Moscou et le Léningrad des marginaux, enfants des rues, ivrognes, prostituées, vagabonds, qu'elle nous fait découvrir dans une langue sans fioritures.
- Papa, je voudrais faire une enquête sur les maos, qui faudrait-il interviewer à ton avis ?
Il a grimacé.
-On ne parle plus jamais du maoïsme en France, et toi, qui en étais une des têtes pensantes, tu es devenu silencieux. J'aimerais demander à ceux qui militaient avec toi alors, ce qu'ils pensent de ton silence.
Haussement d'épaule.
-Tu sais papa, moi, quand tu t'es arrêté de parler, j'avais quinze ans. À quinze ans, on a beaucoup de souvenirs. Arrête de penser que parce que tu parais vivre sans mémoire, c'est pareil pour tout le monde !
Il me regarde, il a les larmes aux yeux.
- C'est notre secret ma petite fille.
- C'est quoi notre secret ?
- Que tu saches tout ça, et que moi je ne parle plus.
Je suis la fille de Robert Linhart, fondateur du mouvement prochinois en France et auteur de L'Etabli. Mon père est une des figures les plus marquantes des années 1968. Malheureusement, il en est aussi l'une des figures les plus marquées.
En chemin pour retrouver les anciens compagnons de mon père, j'ai découvert leurs enfants. À travers leurs souvenirs, c'est ma propre enfance qui a ressurgi : tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents révolutionnaires.
VL
Voici un livre de grâce, porté par la grâce.
Comme un funambule qui avance, yeux grands ouverts, sur une corde au-dessus du vide, Bulle Ogier parcourt les étapes de sa vie d'enfant, de femme, d'actrice, de mère. Une vie jamais banale, pour le meilleur (l'art, la création, la fréquentation de grandes figures comme Duras, Rivette ou Chéreau), ou pour le pire (la mort de sa fille Pascale, évoquée avec délicatesse et intensité).
On pourrait énumérer les péripéties, les événements, établir des listes, mais un seul mot dit à quelle expérience le lecteur est convié : enchantement. Sur un ton qui n'appartient qu'à elle, l'actrice de tant de films, de tant de mises en scène théâtrales, la protagoniste de tant d'aventures, exerce une sorte de magie, on est avec elle, on est parfois effaré, et toujours touché, ému, bouleversé. On rit aussi, ou on sourit. Bref, les mystères parfois contradictoires de la vie, mis en langue : ce qu'on appelle, simplement, la littérature.
"Je me suis levé ce matin en pensant que la journée allait être bonne. Je crois que je me coucherai ce soir en me disant que je suis le plus heureux des hommes. Comment ne pas frissonner un peu à cette idée ?
Je suis riche, incommensurablement riche de ce qui manque à presque tout le monde : le temps".
Ce journal est celui d'un âge d'or.
Choisir de vivre à la campagne loin des milieux littéraires et parisiens.
Regarder par la fenêtre pousser les fleurs de son jardin, au rythme des saisons.
Prendre le temps de vivre sa vie, d'admirer sa compagne, d'aimer son enfant.
Écrire en pensant qu'on sera, un jour peut-être, reconnu.
Philippe Delerm n'a tenu son journal qu'une seule année de sa vie. Il avait 37 ans. Bien longtemps avant l'ouragan du succès de La Première Gorgée de bière. "Je n'ai sans doute jamais été plus heureux que cette année-là."
« ... J'attrape la corde lisse, je lâche le trapèze. Je ne sais pas que c'est la dernière fois que je risque ma vie, là-haut, à quinze mètres de hauteur, sans sécurité. J'enroule ma jambe autour de la corde, je commence à glisser...
Dans quelques semaines, je rencontrerai un homme.
Je glisse le long de la corde, un extatique sourire aux lèvres...
Nous vivrons, travaillerons ensemble, il me convaincra de faire des enfants.
Je glisse encore le long de la corde, je touche le sol, je salue...
La somnambule a atterri.
Il était grand temps que je descende sur terre. »
Man Ninotte, la mère de l'auteur, meurt le 31 décembre 1999. Cet événement emporte l'écrivain dans une vaste réflexion poétique sur la Martinique, les origines de l'homme, l'évolution contemporaine du monde. La vie de cette femme énergique et lyrique lui permet d'évoquer le destin du peuple antillais, depuis la cale des bateaux négriers jusqu'au cauchemar des plantations où les victimes durent inventer de nouvelles formes de résistance.
Le livre se structure à partir d'évocations de la vieillesse, de la mort, des obsèques de Man Ninotte, qui permettent des explorations de la petite enfance de l'auteur, associée à de multiples origines, celles de la Caraïbe, celles des Amériques, celles de l'humanité. Le défi qu'il se lance - de mener de front un récit très intimiste, souvent bouleversant, sur sa famille, dominée non seulement par la mère, mais aussi par la soeur aînée surnommée "la Baronne", et une analyse qui remonte au temps préhistorique de l'Homo sapiens, jusqu'à une géopolitique de l'urbanisme, du paysage, du rapport entre les cultures - est parfaitement relevé, avec tendresse, humour et légèreté.
Parfois intervient "la Baronne" à laquelle le narrateur s'adresse et qui apporte une touche de dérision à l'intellectualisme de son frère. Mais il n'en est pas perturbé et poursuit ses réflexions sur différents sujets : la mort, mais aussi les marchés, les petits magasins, les repas, les vêtements ,les carnavals, l'école, l'église, la danse et la musique. Avec en arrière-plan cette origine tragique (appelée "digenèse" par Edouard Glissant) qui n'est autre que le ventre du bateau négrier : lieu terrible d'une initiation à une autre poétique de l'existence au monde.
"Ce que les poètes écrivent ne constitue que les décombres de ce qu'ils ont su vivre. Et ce qu'ils ont su vivre n'est que l'écume de ce qu'ils ont pu deviner et dont le manque leur reste à vie, comme le sillage d'une lumière ." Celle sans doute d'un très grand livre.
La vie exceptionnelle d'une femme exceptionnelle.x Textes rassemblés et présentés par Tzvetan Todorov. Décédée en avril 2008 à l'âge de cent ans, Germaine Tillion a connu un destin exceptionnel. Ethnologue et historienne, elle fut aussi l'une des premières résistantes en France, avant d'être déportée à Ravensbrück. Au moment de la guerre d'Algérie, elle se bat pour empêcher l'horreur dans un pays qu'elle connaît fort bien pour en avoir fait son terrain de recherches. Si Germaine Tillion a ponctuellement raconté des épisodes de son existence dans les divers livres qu'elle a écrits, le lecteur ne disposait jusqu'à présent d'aucun récit continu de sa vie. Voilà un vide qui est désormais comblé avec le présent volume. Composé aux deux tiers de textes inédits issus des archives récemment classées, l'ouvrage est mis en scène par Tzvetan Todorov : six séquences (Les débuts, Ethnologue en Algérie, Résistance et prison, Déportation, Après le camp, La guerre d'Algérie) se succèdent, précédées chaque fois d'une brève présentation. Au-delà du récit d'une vie qui frappe par son intensité, ce livre apporte aussi la démonstration des talents d'écrivain de Germaine Tillion
" Enfant, j'ai adoré mon père.
Adolescente, je l'ai détesté. Parce qu'il était harki, parce qu'il a soutenu l'armée française pendant la guerre d'Algérie, j'ai longtemps cru que mon père était un traître. Il n'a jamais nié. Il ne m'a jamais rien dit. Devant son silence, j'ai décidé de partir sur les traces d'un fellah et d'une bergère, mes parents, dont la vie a basculé un matin de juin 1962. Quarante ans après, j'ai refait leur parcours dans les camps où la France les a parqués : leur passé et mon présent se sont tissés, noués, intimement mêlés.
Ces pages sont leur histoire et ma quête. Dans ce voyage au bout de la honte, j'ai découvert une horrible machinerie d'exclusion sociale et de désintégration humaine. Et puis, j'ai traversé la Méditerranée. En Algérie, j'ai poursuivi ma quête, dans une région en guerre contre l'islamisme, j'ai retrouvé des membres de ma famille et le village de mes parents qu'ils n'ont jamais revu. Là-bas, j'ai compris qui étaient vraiment les harkis, leur rôle clans la guerre d'Algérie, leurs tiraillements, leurs secrets aussi.
J'ai enfin percé le silence qui pèse sur cette histoire. J'ai su, alors, pourquoi j'avais écrit ce livre : pour parler à mon père. " DK
Quand en janvier 2014, Henning Mankell apprend qu'il est atteint d'un cancer grave, il entame un « journal de bord » qu'il tiendra durant les 5 mois de traitement jusqu'à l'annonce d'une rémission.
Le résultat : un texte hybride foisonnant, constitué de 67 fragments qui fait souvent référence - mais pas seulement - aux moments où sa vie a basculé, ce qu'il appelle « le sable mouvant », et où surmontant la tentation du gouffre, il a organisé sa résistance, suivi de la chimiothérapie, jusqu'à l'annonce du répit salvateur.
Il s'agit plutôt d'un déferlement prolifique, libre et ordonné à la fois, dont le fil conducteur est Mankell lui-même - sa perception du monde, de la vie, de la mort, de sa propre histoire et de celle de l'humanité, une perception transformée par l'épreuve, au fil de ces quelques mois.
Citons quelques thèmes récurrents parmi beaucoup d'autres :
- la grotte, thème à 2 dimensions qui touchent aux origines et au devenir de l'espèce. D'un côté le monde fascinant des peintures rupestres et des 1ers artistes de l'humanité ; de l'autre le problème du stockage souterrain des déchets nucléaires pendant les 100 000 ans à venir (le temps qu'ils cessent d'être une menace mortelle pour nos descendants) ;
- les ères glaciaires passées et à venir ;
- la radioactivité ;
- l'Afrique et autres destinations : Paris, Salamanque, la Crète. ;
- quelques épisodes inédits sur l'enfance, les rapports avec la mère qui l'a abandonné enfant, une expérience amoureuse absolue, inoubliable, confidence unique, inouïe de la part de Henning Mankell ;
- partout, tout le temps la question de la mort, la peur de mourir, l'envie de vivre abordées explicitement.
Dans une chambre où il s'est réfugié à Fiesole, un évadé parle. Il est recherché par toutes les polices du monde. Il s'appelle Fernand Pouillon.
Sa réussite a été sensationnelle ; il a couvert de ses chantiers la France, l'Algérie, l'Iran. Et finalement, le CNL - sombre « affaire » - l'a plaqué au sol.
Livré par la presse en pâture à l'opinion publique, il veut à son tour, sans contrainte, dire sa vérité, dire tout : ses débuts à Marseille, les étapes d'une carrière fulgurante, les hommes qu'il a affrontés, les succès qui lui ont révélé sa solitude intérieure, les avanies qui l'ont forcé jusqu'en son recreux.
Le récit continue en prison : c'est le journal d'un « grand procès » où l'on découvre l'envers du décor...
Depuis lors, le bâtisseur a repris son oeuvre ; il a fait sortir de terre des dizaines de chantiers. Mais ceci est une autre histoire.
Fernand Pouillon est décédé le 24 juillet 1986.
Y a-t-il des liens entre ma lecture de l'épopée homérique et mon action dans la Résistance militaire, avec les risques qu'elle comportait ? À la réflexion, ces liens me sont apparus très clairs, qui ont tissé, entre mon interprétation du monde des héros d'Homère et mon expérience de vie, comme un invisible réseau de correspondances orientant ma lecture «savante» et privilégiant, dans l'oeuvre du poète, certains traits : la vie brève, l'idéal héroïque, la belle mort.
Cette confrontation entre passé et présent, entre l'objectivité distante du savant et l'engagement passionné du militant, ne pouvait manquer de déboucher sur les problèmes de la mémoire qu'abordent plusieurs chapitres de ce livre. Notamment sur les difficultés que rencontre l'historien du temps présent pour parler de ces Années noires, de ces années écoulées, certes, mais qui ne passent pas, qui restent trop présentes dans les souvenirs, et leurs enjeux trop actuels, pour qu'on puisse en traiter avec le détachement et le recul propres à ce qui est entièrement révolu. Témoignage des survivants, documents écrits, archives, sur quoi s'appuyer, à qui, à quoi se fier ?
L'« affaire Aubrac » a ainsi constitué dans le débat entre historiens, comme dans la confrontation entre résistants et historiens, un point de non-retour, mettant en pleine lumière le fossé qui sépare l'enquête du savant et la mise en scène journalistique.
Mais, au-delà de l'actualité, le problème autour duquel s'organise l'ensemble du livre concerne le franchissement des frontières : entre passé et présent, proche et lointain, familier et insolite, finalement, pour chacun de nous, entre ses souvenirs et lui-même.
Un jour, un journaliste m'interpelle : « Vous qui êtes sortie de rien... »Quel rien ? La misère qui fut celle de mon père ?Je retourne en Bretagne. Le fil du passé n'est pas encore rompu, les gens se souviennent, un monde stupéfiant ressuscite, un lignage archaïque dont j'ignorais l'existence, rudesse et merveilles, austérité et truculence, cocasserie, poésie. L'esprit même de mon père, l'humilié qui ne plia jamais devant l'adversité.Une colère ancestrale prend alors la parole et me dicte, sans me laisser d'issue : « Cherche donc ce qu'il fut, ce Rien dont tu es la fille. Et dis-le. »Je m'incline, je croise ce passé avec ce qu'il me reste de mon père : la légende familiale, ses récits, ses carnets, toutes ces lettres qu'il écrivit lorsqu'il était prisonnier des nazis. Des énigmes s'expliquent, des secrets se dévoilent. Oui, mon histoire - jusqu'à mon prénom - est bien fille de la sienne : le combat d'un Breton « sorti de rien ». Combien sont-ils encore, sur la planète, à vouloir sauver comme lui le seul trésor qui vaille : la dignité ?Irène Frain est écrivain. Parmi ses romans : Le Nabab (Lattès, 1982), Secret de famille (Fayard, 1989), Devi (Fayard, 1993), L'Homme fatal (Fayard, 1995), Les Naufragés de l'île Tromelin (Michel Lafon, 2009).Visitez le site officiel de l'auteur avec des informations et des contenus exclusifs: http://www.irenefrain.com/
« Mai 68 fut une convergence, c'est comme si des milliers de petites rigoles avaient abouti au même point, formant un lac d'impatience qui ne pouvait que déborder ».
En 2004, à la suite de la publication de Tuiles détachées qui était un récit autobiographique, Jean-Christophe Bailly avait commencé la rédaction d'un texte personnel sur les événements de mai 68 qu'il n'avait pas achevé alors. Il le reprend aujourd'hui, en ajoutant des notes, des précisions et une postface.
On ne trouvera pas dans ce texte les réunions syndicales étudiantes, ni les AG dans les amphithéâtres, ni les bagarres, ni les distributions de tracts devant les usines, ni le calendrier précis des événements. Jean-Christophe Bailly nous propose plutôt un récit personnel presque à demi-rêvé, des images resurgies de sa mémoire, cinquante ans après : le regard d'un jeune étudiant de Nanterre sur ces événements qui ont marqué la France.
Au passage du col du Süsten, un soir d'août 1960, Jean-Noël Jeanneney, jeune étudiant, échappa de peu à la mort : la voiture qui les précédait, lui et ses camarades de voyage, fut écrasée par un rocher détaché de la paroi. Telle est la scène inaugurale de ces Mémoires, qui a contribué à faire s'interroger l'auteur, depuis toujours, sur la part du hasard dans le destin des sociétés et des hommes.
Né dans une famille de serviteurs de l'État - son grand-père fut le dernier président du Sénat de la IIIe République et son père ministre de De Gaulle et premier ambassadeur de France en Algérie -, Jean-Noël Jeanneney a éprouvé précocement le goût de l'histoire et la passion de la politique, « la politique comme curiosité, comme atout, comme séduction, comme leçon ». Ces Mémoires, nourris de notes prises au quotidien, retracent avec vivacité et humour les quarante premières années d'une existence qui s'est déroulée au plus près de la vie civique et intellectuelle de la France.
Depuis le retour de De Gaulle au pouvoir en 1958 jusqu'à la victoire de la gauche en 1981 et l'accession de François Mitterrand à la présidence de la République, en passant par l'indépendance de l'Algérie en 1962, le concile de Vatican II, Mai-68, une visite mémorable à Colombey en décembre 1969 et les années Giscard, ce livre, parsemé de scènes rares et de portraits savoureux, mêle avec une élégance singulière histoire publique et histoire privée.
Écrits entre 1978 et 2011 et repris ici tels quels, les carnets que réunit ce livre donnent consistance à l'expérience que fut la découverte des États-Unis, et de New York en premier lieu, pour un auteur que l'on n'attendait pas forcément sur ce terrain, loin des « anciens parapets » de la vieille Europe. C'est donc la notation qui en est le principe actif - le pari étant que, par son côté brusque et spontané comme par son rapport distant à la volonté d'oeuvre, elle ait un pouvoir de résonance spécifique.
Mais l'Amérique évoquée au long de ce film discontinu, qui fonctionne comme une sorte de planche-contact verbale, existe-t-elle encore ? Peut-être ou peut-être plus ; du moins est-elle ici au rendez-vous, vivante.
Christian Boltanski est un des artistes les plus cotés sur la scène contemporaine mondiale. Il nous livre ici un formidable cadeau : à la fois sa vie telle qu'il se la raconte ou telle qu'il la reconstruit, et son regard d'artiste porté sur le monde, un regard toujours singulier, souvent drôle, et parfois émouvant. Né en 1944, d'un père médecin (qui, juif, a dû passer une partie de l'Occupation dans une trappe aménagée dans le plancher) et d'une mère catholique et écrivaine, il traverse l'enfance et l'adolescence dans des conditions si étranges qu'il est un jeune homme asocial et inadapté au monde environnant lorsque la création artistique s'offre à lui comme seule bouée de sauvetage. Jamais provocateur, toujours inattendu, il s'invente un univers qui doit beaucoup à l'enfance, à ses fantasmagories, à ses peurs aussi. D'oeuvre en oeuvre, d'installation en installation, il impose une vision à la fois légère et grave, ludique et profonde, de l'Histoire, de l'identité, de la mémoire individuelle ou collective. Christian Boltanski se livre sans réserve à Catherine Grenier, dans une suite d'entretiens qui constituent un document exceptionnel. On pénètre comme jamais auparavant dans la sphère la plus intime de la création, et dans l'élaboration parfois intuitive sinon hasardeuse d'une carrière. La première exposition de Christian Boltanski, en mai 1968, s'appelait "La vie impossible de Christian Boltanski". Le titre du livre est bien sûr un clin d'oeil à cet évènement fondateur, mais il laisse aussi entendre l'éventuelle part romanesque et inventée de cette confession. - Christian Boltanski est un des artistes français les plus connus sur la scène internationale : plusieurs rétrospectives ont été consacrées à son oeuvre ; il connaît un succès phénoménal au Japon et aux Etats-Unis. Catherine Grenier est historienne d'art et conservatrice générale au Centre Pompidou.
À la vie, à l'amour rassemble des textes écrits par Mireille Darc. Il y a des poèmes, des extraits de ses journaux intimes, des lettres. Certains textes sont très longs, d'autres font quelques lignes. Tous sont beaux et profonds. Ils racontent un voyage au Cambodge, à la rencontre d'un enfant malade du coeur, pour La Chaîne de l'Espoir, ou bien l'adoption d'un corbeau et la vie à Douchy au milieu des arbres et des animaux. Certains sont des rêveries où Mireille Darc s'adresse à ses parents, d'autres des lettres qui témoignent d'un humour à toute épreuve. Chaque texte est accompagné d'une histoire confiée par son mari de Pascal Desprez, ou du témoignage de leurs proches. L'ensemble est illustré de 350 photos tirées de ses albums personnels, prises dans son appartement, ou offertes par de grands photographes qui étaient aussi ses amis.
À la vie, à l'amour dévoile une Mireille Darc méconnue du grand public : une femme qui a passé sa vie à donner de l'amour aux autres, et qui, après avoir traversé des épreuves terribles, est devenue réalisatrice de films documentaires, photographe, maître reiki, poétesse, et même chef de talent. L'actrice a laissé place à une femme exceptionnelle, dont la plume délicate nous touche au coeur.