La Justice est traditionnellement représentée sous les traits d'une femme aux yeux ceints d'un bandeau, allégorie de son impartialité. Mais au vu des nombreuses erreurs...
" oú est la vérité d'un homme qui tue la femme qu'il aime ? qui peut connaître la vérité d'une femme qui, après une vie vertueuse, s'en va tout d'un coup avec un gigolo qu'elle méprise ? quelle est la vérité d'un caissier honnête, modèle et modeste qui, après vingt-cinq ans de bons et loyaux services, un soir, ouvre la caisse, prend l'argent et va tout perdre au casino ? qui peut connaître leur vérité ? rarement le juge qui porte les verres teintés de l'ordre public.
Plus souvent l'avocat, s'il a - et il devrait l'avoir - une âme de romancier, curieuse des gouffres, capable de se regarder dans le criminel comme dans un miroir. " aujourd'hui, la justice, ou ce que l'on nomme ainsi, a perdu contact avec la vie ; cette vie que les juges pourtant prétendent juger. ce sont à ces mots et à ces vérités oubliés, alors qu'ils sont au centre même des débats judiciaires, que ce dictionnaire amoureux est consacré.
N'y cherchez pas un recueil de recettes, de vérités toutes faites, de certitudes exemplaires. il s'agit de l'hymne à la vie d'un homme qui en est passionnément épris. défendre est une manière de vivre.
Essayons d'imaginer ce que sera l'avocat du futur. Jacques Vergès s'y est essayé. Laissons-lui la parole :
" J'aimerais faire l'éloge de l'avocat du futur, capable de comprendre tous les hommes, les nomades du grand désert et les paysans des collines, les chasseurs de la brousse et les pêcheurs des lagunes, l'animiste, le chrétien, le bouddhiste et l'islamiste, l'athée et le taoïste. La victime et l'assassin, la dupe et l'escroc, la femme adultère et l'époux jaloux, l'aborigène et le colon, le terroriste et le légionnaire, le capitaliste et le prolétaire, le puritain et le débauché.
Loup des steppes, renard des sables, à la fois numide, romain et grec capable de toutes les métamorphoses, homme et bête, magicien et poète, faisant de ses procès une création permanente et d'une tragédie individuelle celle de tous, toujours en mouvement et assumant mieux que personne l'humanité tout entière. " Avocat au barreau de Paris, Jacques Vergès est également auteur de nombreux ouvrages traduits en plusieurs langues. Il a notamment publié Les erreurs judiciaires (" Que sais-je ? ", 2002), La justice est un jeu (Albin Michel, 1992), De la Stratégie Judiciaire (Minuit, 1968 ; réédité en 1987), Dictionnaire amoureux de la justice (Plon, 2002), Que mes guerres étaient belles (Le Rocher, 2007).
Les 2, 3 et 4 mai 2000 s'est tenu à Brazzaville, capitale du Congo, le procès de l'ancien Premier ministre de Pascal Lissouba, Bernard Kolélas, et de son ministre de l'intérieur, Philippe Bikinkita.
Séquestrations, traitements inhumains et dégradants, tortures, viols et autres actes de barbarie, tel fut le régime que subirent des Congolais, soupçonnés à tort ou à raison d'avoir des sympathies pour l'opposition groupée auteur de Sassou Nguesso. S'appuyant sur des documents accablants, inédits et reproduits abondamment dans cet ouvrage, la défense porte au grand jour ces crimes contre l'humanité.
Le verdict s'est imposé de lui-même : la mort par contumace, pour les deux accusés en fuite. Grâce aux avocats, Jacques Vergès, l'honneur du barreau français, et Dior Diagne, figure du barreau de Dakar, ce procès exemplaire dépasse le cadre du Congo. Cette condamnation de la barbarie mérite d'être portée à la connaissance de tous en France et en Afrique.
Jacques Vergès, plaideur des causes extrêmes, se penche ici sur son métier ponctué par les évènements historiques (Seconde Guerre mondiale, guerre d'Algérie) auxquels il a pris une part active. Des notions-phares tracent le cadre de son récit : anticolonialisme; lutte contre la torture, respect des droits de l'homme, etc. Il se proclame avocat des hommes, ni avocat de gauche, ni avocat de droite.
Les aléas d'un parcours d'avocat atypique au fil des souvenirs d'un des grands ténors du barreau français. Maître Vergès décrit des cas judiciaires, derrière lesquels il dévoile la solitude ou la détresse d'un être, de Yasmina, condamnée à mort, la révolutionnaire qui deviendra plus tard son épouse, aux zonards de banlieue, en passant par Christian Brando.