Annie Ernaux est aujourd'hui, de façon incontestable, l'un des auteurs français les plus (re)connus dans le paysage littéraire contemporain. Ce Cahier, mêlant regards critiques et témoignages personnels d'écrivains ou d'artistes, comporte un très grand nombre d'inédits de l'auteure - notamment des extraits de son journal - ainsi que des documents personnels (manuscrits, photos, échanges épistolaires....).
Depuis les années 1970, François Cheng a construit pas à pas une oeuvre riche et complexe à la croisée de l'Orient et de l'Occident, du taoïsme et du christianisme, de la poésie et de la fiction. Son écriture singulière irrigue la littérature française d'une voix limpide et vivifiante qui résonne au travers d'une oeuvre polymorphe : poésie, fiction, essais, calligraphie,... Le format d'un Cahier de L'Herne est propice pour interroger ce parcours singulier. Comprenant des interventions extrêmement variées autour de la figure de l'écrivain et de son oeuvre, mêlant regards critiques et interventions plus personnelles d'écrivains ou d'artistes jalonnés d'un grand nombre d'inédits de l'auteur, ce volume permet aux lecteurs de prendre la mesure de cette oeuvre marquante. Les thématiques essentielles dans l'oeuvre de François Cheng (la spiritualité, la nature, la religion,...) s'entremêlent au fil des pages pour faire entendre la voix du poète, mais aussi celles du penseur et de l'artiste.
Ce Cahier de L'Herne propose d'interroger une oeuvre qui n'a cessé de déplacer ses enjeux pour interroger de nouvelles formes narratives. De fait, loin d'être figées, l'interprétation et la connaissance de l'oeuvre de Jean Echenoz se voient constamment remises en jeu par les romans successifs que l'auteur a pu faire paraître, chaque nouveau récit éclairant d'une lumière neuve les romans précédents. Le volume révèle plusieurs périodes de l'écriture de Jean Echenoz rendues lisibles grâce aux carnets personnels de l'écrivain, accessibles pour la première fois et dont la lecture modifie en profondeur la saisie de l'oeuvre. Alternant les contributions de spécialistes, qui interrogent la poétique même d'Echenoz, avec des interventions d'autrices et d'auteurs qui, toutes générations confondues, rendent hommage à l'influence majeure de Jean Echenoz dans la littérature contemporaine, ce Cahier entend dessiner le portrait de l'un des romanciers qui, s'il se tient parmi l'un des plus discrets de sa génération, n'en est pas moins l'un des plus influents.
Ce receuil regroupe une trentaine de chroniques de voyage, nous invitant à parcourir les paysages andins, du Pérou à la Bolivie, jusqu'aux confins de l'Europe, à Berlin, Rome ou Londres. Mario Vargas Llosa se révèle véritable « citoyen du monde », témoignant avec clairvoyance de ses évolutions sociales et politiques et posant son regard de journaliste sur les traditions culturelles de pays lointains (Hawaï, les îles marquises, le Japon,...). Ces quelques chroniques démontrent surtout que Mario Vargas Llosa est un homme curieux de tout, un écrivain nourri de multiples lectures dont la plume n'a de cesse d'interroger le théâtre du monde. Préface d'Albert Bensoussan. Traductions par Albert Bensoussan, Anne-Maris Casès et Bertille Hausberg.
En « vingt arrondissements et deux rives de fleuve », Colette a cherché à retrouver à Paris sa province perdue. Jusqu'à découvrir le Palais-Royal. D'abord entre 1926 et 1930, dans son « tunnel », un sombre entresol aux fenêtres en demi-lune ; puis, de 1938 à sa mort en 1954, dans la « seigneurie retrouvée », un premier étage dont les hautes baies donnent directement sur le jardin. « Ma Province de Paris » écrit Colette à propos de cette enclave de verdure en plein coeur de la capitale. Un village en somme avec ses autochtones, ses habitants anonymes ou illustres (Cocteau, Bérard, Bove etc.), ses lieux de rencontres, ses boutiques et ses restaurants (le Grand Véfour).
L'écrivaine observe le monde depuis ses appartements et chronique la vie quotidienne des parisiens. Elle restitue avec un émerveillement sans cesse renouvelé, le spectacle de la vie, reconstituant sous nos yeux de lecteur le Paris du XXe siècle.
Animé d'un esprit d'une liberté étonnante, Lafargue a su trouver le ton juste pour dénoncer une aliénation du travail plus métaphysique que sociale.
La Grève des électeurs est le titre d'une chronique, d'inspiration clairement anarchiste, de l'écrivain français Octave Mirbeau, parue le 28 novembre 1888 dans Le Figaro. Comme tous les anarchistes, Mirbeau ne voit dans le suffrage universel et le recours à des élections qu'une duperie par laquelle les dominants obtiennent à bon compte l'assentiment de ceux-là mêmes qu'ils oppriment et exploitent.
S'adressant à l'électeur moyen, « ce bipède pensant, doué d'une volonté, à ce qu'on prétend, et qui s'en va, fier de son droit, assuré qu'il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin », il s'emploie donc à démystifier, discréditer et délégitimer le prétendu droit de vote, "grâce" auquel les opprimés, dûment aliénés et abêtis, choisissent "librement" leurs propres prédateurs : « Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. »
Au lieu d'assumer sa liberté, l'électeur, cet « inexprimable imbécile », ne fait en réalité que se choisir un maître, qui l'éblouit de promesses impossibles à tenir et qui n'a pas le moindre souci des intérêts des larges masses : il participe, ce faisant, à son propre asservissement. Mirbeau appelle donc les électeurs à faire la grève des urnes et à se comporter, non en moutons grégaires, mais en citoyens lucides.
INÉDIT. Écrit en 1954, Les Inséparables raconte l'amitié passionnée qui unit Sylvie à Andrée - alter égo de Simone de Beauvoir et d'Élisabeth Lacoin (Zaza) - depuis l'âge de neuf ans. Andrée est joyeuse, impertinente, audacieuse tandis que Sylvie plus traditionnelle et timide se sent irrésistiblement attirée par cette personnalité solaire.
Du 11 avril au 14 août 1961, se tient, à Jérusalem, le procès d'Adolf Eichmann - ancien chef de service du bureau IV B 4 de la Gestapo chargé de la « solution du problème juif en Europe » - pour lequel Hannah Arendt obtient du journal The New Yorker d'être envoyée en tant que reporter. En 1963, elle publie à la suite de ce procès son livre Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal. Il s'agit ici de proposer une nouvelle approche de la réception du livre d'Arendt et de sa polémique à travers la lecture de quatre textes inédits en français.
Longtemps tenue à l'écart du monde académique, l'oeuvre de Hannah Arendt - désormais largement publiée et traduite - suscite aujourd'hui l'intérêt d'un nombre considérable de travaux, colloques et publications dans le monde entier. En revenant sur les principaux évènements de sa vie, ce Cahier dresse le portrait de cette « théoricienne de la politique » sans pour autant négliger les vives polémiques qui ont marqué sa carrière. Le volume rassemble des contributions qui évoquent notamment son travail majeur sur le totalitarisme, les catégories de sa pensée politique et la centralité de l'action, son insistance sur la responsabilité et le jugement ainsi que son analyse du monde moderne.
Si l'essentiel de l'oeuvre de Marcel Proust est déjà publié et connu, la publication de ce Cahier permet du moins, si ce n'est d'accroître nos connaissances, de maintenir cette oeuvre en vie et de lui garantir une forme d'immortalité. On trouvera dans ce volume quelques inédits et quelques lettres et poèmes mais surtout un grand nombre de documents ou témoignages peu connus, peu accessibles ou même oubliés. Le Cahier s'attache aussi à décrire certains aspects négligés de l'oeuvre, comme les figurants analysés par Michel Schneider, le marquis de Palancy présenté par Michel Crépu, les opinions politiques de Proust au fil des années, lui qui a eu dans sa famille trois ministres, dont l'un a eu des funérailles nationales, et dont les parents étaient liés au président de la République.
Comment la pensée humaine appréhende-t-elle la diversité des mondes et la discontinuité de l'expérience sensible ? Dans un univers où le lointain est devenu étrangement proche, où la nature se voit démystifiée ou menacée, les leçons lévi-straussiennes évoquent un pari qui n'a jamais cessé d'être moderne, celui de la condition humaine. Ce volume d'hommage à Claude Lévi-Strauss, explore les voies multiples frayées par le fondateur de l'anthropologie dans le domaine de la mythologie, des échanges au fondement des sociétés humaines, de la cuisine ou de la poétique.
L'oeuvre de Pascal Quignard est multiple par la diversité des domaines artistiques dans lesquels il excelle ; musique, dessin, cinéma, littérature... Le Cahier de L'Herne se propose d'explorer ces différentes facettes en retraçant l'itinéraire artistique de Pascal Quignard ; son parcours de musicien et ses nombreuses créations originales, ses collaborations avec compositeurs, scénaristes, musiciens et metteurs en scène dans le cadre de performances artistiques, son oeuvre littéraire tout à fait inclassable, qui oscille entre roman, essais philosophique, autobiographie, écrits historiques, poésie... Nous dévoilons par ailleurs dans ce volume, le manuscrit inédit du Petit Cupidon, plusieurs textes inédits et de nombreux dessins en couleur de Pascal Quignard.
Ce Cahier est l'exploration de ce que Christian Bobin appela dès ses vingt ans Les différentes régions du ciel, et qui n'est autre qu'une sorte de chemin buissonnier contournant les croyances et les incroyances du monde. Les nombreux textes de Christian Bobin réunis dans ce volume démontrent la puissance de son écriture lumineuse qui ne cesse de conquérir un public fervent, et touche comme seule touche l'écriture des poètes.
Ce Cahier offre l'opportunité de lire Aron pour lui-même, d'éclairer la genèse de sa pensée, de prendre la mesure de son importance aujourd'hui, sans se dire qu'il n'avait ni tort ni raison mais en essayant de dépasser le cloisonnement disciplinaire auquel il nous invite.
Parlant de sa ville natale, Christian Bobin fait exploser toutes les notions tristes d'appartenance, de racines, voire d'identité. Il dessine ses rues, ses maisons préférées, le ciel qui roule au-dessus et contracte le tout dans le dessin d'une feuille d'automne, ou la minuscule cathédrale d'un flocon de neige. Celui qui était réputé immobile, plus sédentaire qu'un arbre, se révèle en vérité habitant de tous les mondes, vagabond de tous les ciels.
Non pas « Pourquoi on meurt ? », mais « Comment on meurt ? ». Que nous mourrions est une chose, que la grande Faucheuse égalise in fine la condition des hommes, puissants ou misérables, ne fait pas l'ombre d'un doute. Mais le dernier combat, l'agonie, est un acte encore socialisé et toujours tabou dans notre société moderne.
La vicomtesse de Beauséant, abandonnée par le marquis d'Ajuda Pinto après une aventure malheureuse, s'est réfugiée dans son château en Basse-Normandie. Elle y vit en solitaire, recluse. Ce personnage fait partie de La Comédie humaine : Madame de Beauséant y est la référence parisienne, tenant un salon très réputé. Elle est également parente de Rastignac, qu'elle initie aux subtilités de la vie mondaine dans la capitale.
Femmes est un court roman d'une grande richesse où est dépeint une remarquable galerie de portraits vivants, des personnages humains dans ce qu'ils ont de contradictoire, un alliage précieux de défauts et de qualités. Le style simple et direct de l'auteur est percutant, il entraine le lecteur dans les aventures dont Stefan est l'auteur ou le spectateur, des tranches de vie hors du temps et donc de tous les temps, où sourires et larmes s'enchaînent souvent. Avatar de l'auteur, Stefan est un homme qui aime les femmes, mais dans toute leur complexité d'êtres humains. Souvent gracieux et papillonnants mais lourds de non-dit sous une fausse légèreté, ces personnages peuvent aussi accéder à la grandeur tragique sous les apparences les plus frustres.
La maîtrise de soi-même par l'autosuggestion consciente. Basée sur l'autosuggestion - qui se distingue fondamentalement de la volonté -, la méthode Coué permet d'atteindre l'équilibre physique et psychique. Une approche efficace pour renforcer la confiance en soi !
Ce roman d'amour sur fond de scandales et d'intrigues se déroule dans l'Angleterre rurale de la fin des années 1820. Molly Gibson, 17 ans, vit dans la campagne anglaise avec son père médecin qui l'a élevée seul tandis que les aristocrates locaux règnent en maîtres absolus sur ce coin perdu des Midlands, depuis l'imposant château de Cumnor Towers.
La vie de Molly, où paysans, domestiques et notables se croisent et se recroisent, est bouleversée quand son père lui annonce son remariage. Elle se lie d'amitié avec sa demi-soeur, la ravissante Cynthia mais les rivalités ne tardent pas à apparaître lorsque l'amour secret de Molly, le beau Roger Hamley, tombe fou amoureux de Cynthia et lui demande sa main.
C'est avant tout la nature humaine dans la toute-puissance de ses pulsions et de ses désirs si impitoyablement réprimés par la société victorienne qu'Elizabeth Gaskell place au centre de la trame.
Déception politique et « malentendu » sentimental s'entrecroisent, nouant histoire individuelle et Histoire collective. Par ses qualités propres comme par la richesse des échos qu'elle entretient avec l'ensemble de l'oeuvre de Simone de Beauvoir, cette nouvelle méritait une nouvelle édition.
La lecture de cet essai peut nous fournir au moins une sorte de consolation, à une époque où les passions identitaires et religieuses menacent de plonger une nouvelle fois l'humanité dans le désastre. Russell passe au scalpel de son ironie les préjugés religieux, philosophiques, nationalistes et politiques du passé et du présent.
Dans ce court essai rédigé en 1855, Baudelaire s'interroge sur ce qui provoque le rire, et en arrive à la conclusion que le rire est satanique et donc profonde´ment humain : « comme le rire est essentiellement humain, il est essentiellement contradictoire, c'est-a`-dire qu'il est a` la fois signe d'une grandeur infinie et d'une mise`re infinie ».