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Depuis trente ans, Erri De Luca, citoyen engagé sur le plan politique, écologique, social, reconstitue avec force et densité une histoire de l'humanité : de l'enfance livrée à elle-même au difficile apprentissage de la vie, des ruelles de Naples à l'âpre beauté de la nature, de l'amour sublimé, du poids de l'histoire aux drames contemporains, de la quête de sens au besoin de solidarité et de compassion, son oeuvre est universelle, magistrale, placée sous le signe de l'héritage et de la transmission. À travers un choix de textes (publiés ou inédits), la présente édition invite à découvrir le parcours de celui qui est entré en littérature «par accident» et qui, devant la maladie de son père, s'est résolu à s'adresser à un éditeur - «Quand j'écris, je chuchote parce que je pense qu'il est resté aveugle même là où il est, et qu'il n'arrive pas à lire la page derrière mon épaule. Il aimait les histoires et je suis encore là pour les lui raconter.» Pour De Lucas «écrire n'est pas un travail, c'est une façon d'être en compagnie et de rassembler les absents», et à l'aune des documents personnels placés au début du volume comme un pont entre sa vie et son oeuvre, c'est à un rendez-vous en tête à tête avec l'auteur italien que le lecteur est ici convié.
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« Elle est là, autour de vous. Ne passez pas à côté - l'immédiat, le réel, le nôtre, le vôtre, celui du romancier qu'il attend... Faites New York ! » (Henri James à Edith Wharton, 1902).
Sur le conseil du romancier Henry James, l'Américaine Edith Wharton jette une lumière crue et révélatrice sur l'aristocratie new-yorkaise, saisissant à la fois la haute comédie qui s'y joue et les contradictions qui l'animent. Autrice de poèmes et de nouvelles déjà parus dans des magazines littéraires de renom, elle porte désormais un regard acéré sur la mondanité, les convenances et l'étiquette, les règles du jeu social, l'hypocrisie, la cruauté et la corruption qui gangrènent la bonne société, celle de l'argent et des affaires, qui l'a vue naître et grandir. Au fil des récits (romans et nouvelles), avec un sens aigu de la satire, elle décrypte la quintessence même de son milieu et son esprit clanique, les luttes impitoyables et les menaces feutrées que fait peser sur l'ancien monde l'arrivisme conquérant d'une nouvelle caste, celle du nouveau riche.
Plus qu'une ville de naissance, New York sera à jamais pour Wharton une muse, aussi capricieuse qu'exigeante, qui l'inspirera même après son installation définitive en France en 1913. La fresque historique qu'offrent ici les trois romans et un recueil de nouvelles, parus entre 1905 et 1924, plonge le lecteur au coeur d'une société aussi fascinante que détestable, dont les failles morales se dissimulent derrière les apparences d'une probité candide, depuis les années 1840 jusqu'aux lendemains de la Première Guerre mondiale. Et avec cette édition Quarto et les documents d'archives inédits qui l'illustrent, l'occasion unique de découvrir le parcours d'une des romancières les plus marquantes de son temps, un véritable esprit libre. -
Les origines du totalitarisme ; Eichmann à Jérusalem
Hannah Arendt
- Gallimard
- Quarto
- 29 Mai 2002
- 9782070758043
Dispersé jusqu'à présent en trois volumes, Les origines du totalitarisme retrouve son unité dans la réunion des trois parties qui le constituent. L'ensemble est accompagné d'un dossier critique qui donne à la fois des textes inédits préparatoires ou complémentaires aux Origines, comme «La révolution hongroise», un débat avec Eric Voegelin, des extraits de correspondances avec Blumenfeld et Jaspers.Pour Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du mal, des correspondances avec Jaspers, Blücher, Mary McCarthy, Scholem éclairent l'arrière-plan de l'écriture de l'ouvrage et la violente polémique qu'il a suscitée.
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Les chevaliers de la table ronde : romans arthuriens (Ve-XVe s.)
Collectif
- Gallimard
- Quarto
- 2 Juin 2022
- 9782072849411
Héritée d'une tradition païenne antique, ancrée dans l'opposition et la résistance des Bretons à l'envahisseur germanique, chantée par les bardes dans un dialecte celtique, la légende arthurienne prend corps au IX? siècle, en terre galloise, dans les récits en latin et en prose. C'est à partir de 1130 que l'histoire légendaire de ce roi vaillant et brave, chef charismatique et incontesté, personnage fabuleux et victorieux, connaît un écho retentissant auprès du public, à travers toute l'Europe, grâce à l'ambitieuse chronique du clerc anglais Geoffroi de Monmouth, Histoire des rois de Bretagne. À sa suite, en particulier sous l'impulsion de Chrétien de Troyes, le roman arthurien s'enrichit de nombreux épisodes des aventures du roi et de ses compagnons chevaliers:exploits prodigieux, conquêtes amoureuses, quête du saint Graal...À la lumière de l'histoire culturelle, sociale et politique du Moyen Âge et de ses images (enluminures, sceaux, armoiries...), cette édition propose de mieux comprendre la transformation de la matière dite de Bretagne en l'une des plus grandes légendes de tous les temps.Cycle sans égal inscrit au patrimoine littéraire mondial, la légende arthurienne n'a cessé de nourrir toutes les formes de la création - des récits de Chrétien de Troyes aux opéras de Wagner, aux beautés préraphaélites, jusqu'au nonsense des Monty Python... - et de hanter notre imaginaire.
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«Seule l'action est la prérogative de l'homme exclusivement ; ni bête ni dieu n'en est capable, elle seule dépend entièrement de la constante présence d'autrui : c'est ainsi que, dans les premières pages de Condition de l'homme moderne, Hannah Arendt répond à sa manière à la question qu'est-ce que l'homme ? dans un livre qui présente sans doute la synthèse la plus complète de sa pensée qu'elle ait donnée de son vivant. Les ouvrages réunis dans ce volume sont tous consacrés à ce problème de l'action, dont ils élucident à la fois la signification philosophique et les implications plus directement politiques. Publiés entre 1958 (Condition de l'homme moderne) et 1972 (Du mensonge à la violence), ils sont donc postérieurs au premier grand livre de Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme (1951), dont ils donnent en quelque sorte le contrepoint ; Hannah Arendt y montre ce qui, dans l'humaine condition, peut toujours être source de résistance contre tous les processus de destruction dont le totalitarisme moderne a représenté une forme paroxystique mais dont certains traits se retrouvent dans toutes les sociétés modernes. Tous ces ouvrages s'appuient sur un travail considérable d'élucidation philosophique, dont on peut mesurer l'ampleur en lisant le Journal de pensée mais, contrairement aux grands livres posthumes, ils sont centrés sur les questions pratiques, même lorsqu'ils proposent une interprétation d'ensemble de constructions théoriques aussi considérables que la science moderne ou la philosophie de l'histoire.»
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Oeuvres ; poèmes, romans, nouvelles, contes, essais, journaux
Sylvia Plath
- Gallimard
- Quarto
- 8 Septembre 2011
- 9782070132195
Précédé de Mourir est un art par George Steiner, traduit de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat
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Cervantès, au début du Quichotte, qualifie Tirant le Blanc de «meilleur livre du monde». Quelques siècles plus tard, Mario Vargas Llosa confirme avec enthousiasme l'éloge d'un roman qui «sera encore là, dans cinq cents années, pour nous accueillir, nous sauver de l'ennui et de la misère de la réalité réelle, et nous encourager par l'éclat de ses épées, l'élégance de ses passes d'armes, la désinvolture de ses donzelles, le tumulte de ses batailles, la magnificence de ses défilés et de ses tournois, et l'incessante rumeur de ses langues babillardes».L'«histoire du vaillant chevalier» est donnée à lire ici dans une version de 1737 attribuée à Caylus. Homme d'épée ayant servi en Catalogne, archéologue, amateur d'art, ami de Watteau, auteur de 12 volumes d'Oeuvres badines, il est le traducteur rêvé d'une oeuvre dont Vargas Llosa loue «l'érotisme imprégné de bonne santé, de comique irrévérencieux et de miettes philosophiques, comme chez les grands écrivains libertins du XVIII?».
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Auteur d'une quinzaine de romans traduits dans le monde entier, lauréat de prestigieux prix littéraires, conscience intellectuelle et fervent défenseur de la paix au Moyen-Orient, Amos Oz (1939-2018) est incontestablement une voix majeure de la littérature israélienne contemporaine. Servis par une langue empreinte de poésie, ses récits dépeignent les douleurs et les traumas de l'individu et de la famille, sondent les abysses de l'âme et de la nature humaines, avec pour toile de fond l'histoire d'Israël et celle d'un peuple vivant entre guerre et paix, entre ombre et lumière.Conçu avec l'écrivain avant sa disparition comme une traversée de son oeuvre, reprenant un choix de romans et de nouvelles publiés entre 1965 et 2014, ce volume «Quarto» se clôt par un ensemble de conférences qui constituent son «testament» politique et moral. Éclairée par les contributions de son ami et traducteur anglais, Nicholas de Lange, de sa fille, l'historienne de renom Fania Oz-Salzberger, et de l'autrice Zeruya Shalev, cette édition invite le lecteur à découvrir le regard qu'Amos Oz posait sur le monde, sur son monde - celui de la Jérusalem divisée de son enfance, ville labyrinthique cernée de menaces sourdes, celui du kibboutz, théâtre de tensions entre l'homme solitaire et la collectivité, celui de l'engagement politique. Ponctuée de documents personnels inédits, elle donne à lire les écrits d'«un conteur de grand talent et d'un magicien de la langue hébraïque», qui espérait «un avenir meilleur et oeuvrait en ce sens».Visuel de couverture, légende intégrale:Jérusalem, Tavalina Rinat Kishony, 2020. Acrylique sur toile, www.tavalina.com. Avec l'aimable autorisation de l'artiste.
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Le chef-d'oeuvre de Melville (1819-1891) comme on ne l'a jamais lu dans l'édition française : un Moby-Dick conté à deux voix par le texte et l'image. Par Melville, bien sûr, et par l'artiste américain Rockwell Kent (1882-1971) qui a illustré une édition du roman en 1930. Dans le choix que nous donnons de ses somptueuses gravures au trait, célèbres aux États-Unis, peu connues en France, les personnages, les lieux, les scènes prennent vie avec leur charge de poésie et de mystère. On peut parier que John Huston s'en est inspiré en 1956 pour son adaptation au cinéma. Philippe Jaworski invite le lecteur à lire ce texte comme une épopée du travail soutenue par trois forces majeures : l'équipage du Pequod, véritable navire-monde ; le capitaine Achab, personnage forgé d'après les modèles bibliques, les héros shakespeariens, Prométhée, Lucifer et Faust, et la voix d'Ismaël. chroniqueur, metteur en scène et commentateur de la chasse quasi mystique d'Achab. Autant de pistes de réflexion qui permettent d'entrer dans l'imagination mythographique de Melville. On retrouvera toute la sauvagerie de la chasse décrite par Melville, dans une campagne de pêche de la baleine, amplement illustrée de gravures anciennes et de photographies, dont les images sont mises en miroir d'extraits de Moby-Dick. Livre culte par excellence, Moby-Dick n'a cessé de nourrir et d'inspirer la littérature et les arts. Retraçant l'histoire des origines, de la composition et de la postérité du roman, on suivra, dans une quarantaine d'extraits de textes de Job et Jonas à Pierre Senges (en passant par Rabelais, Lawrence, Pavese, Sartre, Blanchot, Gadenne, Auden, Perec, Deleuze... ) le fascinant et redoutable monstre marin dans ses surgissements et ses représentations, les commentaires qu'il a suscités et les harponnages littéraires qu'il a inspirés.
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Incarnation à la fois de l'effervescence de la Renaissance et de l'archétype du génie universel, Léonard de Vinci (1452-1519), autodidacte, s'est forgé une culture humaniste fondée sur les savoirs antiques et médiévaux qu'il recompose et à partir desquels il innove. Au-delà de la carrière exceptionnelle qu'il a connue, grâce à son statut d'artiste de cour et d'ingénieur, il continue, aujourd'hui encore, à fasciner les esprits. Conservés à Paris, Londres, Milan ou encore Windsor, une vingtaine de manuscrits et carnets livrent, dans une écriture en miroir, des milliers de pages de notes, d'esquisses et de croquis, de réflexions et de traités. Toutes révèlent l'immensité des connaissances, des préoccupations et des interrogations scientifiques de l'homme. De Florence à Amboise, toute sa vie durant, Léonard griffonne, note, étudie, dissèque, analyse, fait des calculs : foisonnent et s'enchaînent, entremêlées de figures géométriques, d'études mécaniques ou anatomiques, de projets d'architecture, d'armes ou encore de machines volantes concurrençant le vol des oiseaux... , des pensées aux allures parfois mystérieuses, des raisonnements qui aboutissent à des démonstrations et à l'ébauche de maquettes, dont émerge l'intelligence créative de Léonard. À l'occasion du 500? anniversaire de sa mort, cette édition Quarto propose au lecteur de redécouvrir, dans un volume richement illustré en couleurs, la seule traduction aujourd'hui disponible en français des écrits léonardiens, mise à jour au regard des progrès réalisés depuis sa première publication en 1942, et de se plonger dans les méandres de cet esprit hors du commun.
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Horace McCoy (1897-1955) est de ceux qui ont choisi de dépeindre une Amérique fragilisée par la Grande Dépression, violente, sombre et impitoyable, ôtant à l'homme toute dignité. Aux côtés des «durs» (gangsters, politiciens corrompus, détectives), une galerie de personnages tragiques - des réalistes - suicidaires pour qui la vie est un enfer sans échappatoire et des rêveurs-ambitieux qui tentent de s'y soustraire pour se réinventer ailleurs - révèlent une mélancolie et une profondeur rares chez un auteur de roman noir, nourries de ses expériences personnelles. Vétéran de la Première Guerre mondiale, se rêvant acteur de théâtre puis reporter à Dallas, McCoy publie au tournant des années 1930 ses premières nouvelles, à la fois tranchantes et lyriques, dans Black Mask qui accueille les grandes plumes du roman noir comme Dashiell Hammett et Raymond Chandler. Désormais installé à Hollywood, McCoy enchaîne les petits rôles avant de se consacrer aux scénarios pour le compte des grands studios de cinéma, activité qu'il abhorre. Son premier roman, On achève bien les chevaux, ode tragique aux marathons de danse, paru en 1935, est un véritable succès. Jugés trop sombres, trop réalistes, les suivants ne rencontrent pas le même accueil. Dix ans s'écouleront avant que McCoy ne renoue avec la littérature et le succès, porté par l'intérêt et l'admiration du public français pour ses premières histoires traduites chez Gallimard dans la collection «Blanche» et dans la toute nouvelle «Série Noire». Adaptés au cinéma par Sydney Pollack (On achève bien les chevaux, 1969) ou Jean-Pierre Mocky (Un linceul n'a pas de poches, 1974), ses romans offrent une plongée dans le coeur noir de son pays : tirant à boulet rouge sur l'usine à rêves qu'est Hollywood et cette société où triomphent l'argent et la loi du plus fort, McCoy était bien trop sulfureux pour une Amérique qui se voulait alors conquérante.
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Essais, récits autobiographiques, romans
Virginia Woolf
- Gallimard
- Quarto
- 25 Avril 2014
- 9782070144983
«Ce sera un essai-roman [...]. Il devra tout englober, sexualité, éducation, manière de vivre, de 1880 à nos jours; et mettre à franchir les années toute l'agilité et la vigueur du chamois qui bondit par-dessus les précipices. C'est l'idée générale, en tout cas, et cela m'a plongée dans un tel brouillard, une telle ivresse, un tel rêve que, déclamant des phrases, et voyant des scènes alors que je remonte Southampton Row, je me demande si j'ai tant soit peu vécu sur terre depuis le 10 octobre. Comme pour Orlando, tout se précipite de soi-même dans le courant.» Journal 1915-1941, 2 novembre 1932, à propos des Années.
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«Autrefois on disait déjà la colline comme on aurait dit la mer ou la forêt. J'y allais le soir, quittant la ville qui s'obscurcissait, et, pour moi, ce n'était pas un endroit comme un autre, mais un aspect des choses, une façon de vivre. [...] J'y montais le soir pour éviter le sursaut des alertes : les chemins fourmillaient de gens, de pauvres gens que l'on évacuait pour qu'ils dorment au besoin dans les prés, en emportant un matelas sur leur vélo ou sur leur dos, criaillant et discutant, indociles, crédules, amusés.» Cesare Pavese, La Maison des collines, 1948.
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«La Légende de Duluoz compte à présent 7 volumes, quand j'aurai terminé, dans environ dix, quinze ans, elle couvrira toutes les années de ma vie, comme Proust, mais au pas de course, un Proust qui court... Je vois à présent la Cathédrale de la Forme que cela représente, et je suis tellement content d'avoir appris tout seul (avec un peu d'aide de messieurs Joyce & Faulkner) à écrire la PROSE SPONTANÉE, de sorte que, même si la LÉGENDE court pour finir sur des millions de mots, ils seront tous spontanés et donc purs et donc intéressants et en même temps, ce qui me réjouit le plus : RYTHMIQUES...» Jack Kerouac, Lettre à Malcolm Cowley, 11 septembre 1955.
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Ouvrage publié avec le soutien de la Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte - FABA
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Oeuvres complètes ; romans, nouvelles, essais, correspondance
Flannery O'connor
- Gallimard
- Quarto
- 5 Novembre 2009
- 9782070124930
«Mr. Greenleaf accourait vers elle, brandissant son fusil, et elle le vit venir à elle, bien qu'elle ne regardât pas dans sa direction. Elle le vit s'approcher en longeant la lisière d'un cercle invisible, et la ligne d'arbres était béante derrière lui, et ses pieds ne foulaient que le vide. Il visa l'oeil de la bête et fit feu quatre fois. Elle n'entendit pas les détonations, mais elle perçut le tremblement de l'énorme corps alors que le taureau s'affaissait et l'entraînait dans sa chute, rivée à sa tête au point qu'elle semblait, lorsque Mr. Greeleaf fut près d'elle, se pencher sur l'oreille de l'animal et lui chuchoter une ultime révélation.» Mon mal vient de plus loin.
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«- Parlez-moi un peu de vous, Mr. Marlowe. Enfin, si vous trouvez ma demande acceptable. - Qu'est-ce que vous voulez savoir ? répondis-je. Je suis détective privé, et depuis pas mal de temps. Je suis un loup solitaire, célibataire, bientôt entre deux âges et fauché. Je me suis retrouvé en taule plus d'une fois et je ne m'occupe pas d'affaires de divorce. J'aime l'alcool, les femmes, les échecs et quelques autres petites choses. Les flics ne m'aiment pas, mais j'en connais deux avec lesquels je m'entends bien. Je suis un fils du pays, né à Santa Rosa, mes parents sont morts ; je n'ai ni frère ni soeur, et si un jour je me fais assommer au fond d'une impasse, comme ça pourrait arriver à n'importe qui dans mon métier, comme d'ailleurs à des tas de gens dans d'autres métiers ou même sans métier, personne ne se dira que sa vie a perdu son sens.» The Long Goodbye.
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«Vers la fin de l'après-midi, ne sachant à quoi m'occuper, je pris un bain. Je sentais sur mon corps une souillure et j'éprouvais le besoin de me laver. Mais une fois dans ma baignoire, je pensai : "Pour me nettoyer, être vraiment net, il faudrait que je sois capable de me dissoudre tout entier dans cette eau." En moi toute volonté était si bien abolie que je ne pris même pas le soin de m'essuyer avant de remettre mes vêtements. Le jour tomba. Je restai longtemps à ma fenêtre à regarder, dans le jardin, les feuilles nouvelles des arbres ; et, là, je fus pris de frissons. Avec une certaine satisfaction, je pensai que c'était un accès de fièvre. Je ne souhaitais pas la mort, mais la maladie ; une maladie capable de me servir de prétexte pour faire ce que je voulais, ou de m'en empêcher.» La Conscience de Zeno, chap. VI.
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Lorsque Pirandello décide de rassembler toutes les nouvelles qu'il a déjà publiées et toutes celles encore à venir sous le titre Nouvelles pour une année, il a l'ambition d'une oeuvre unique et monumentale, qui, telles les Mille et une Nuits, n'aurait ni début ni fin. Nous offrons ici, pour la première fois, l'édition intégrale en français des 237 nouvelles - dont de nombreuses inédites - qu'il a écrites tout au long de sa vie, et jusqu'à la veille de sa mort. Dans cette éblouissante collection de contes modernes, d'un réalisme dramatique et cruel, tour à tour drôles, insolites, dérangeants, bouffons, le «Sicilien planétaire» perce les secrets les plus ahurissants de la vie.
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«En moi il y avait le désir que mes nouvelles aient une signification différente, plus riche et profonde que ce que produisait la littérature italienne d'alors, même la plus importante. À la différence des autres, de tous les autres, je prétendais être, en plus d'un auteur de fiction, également un historien de moi-même et de la société que je représentais. Je m'opposais. [...] J'entendais être un historien et un historiciste, non un raconteur de bobards. Je suis parti de là, je ne peux pas feindre de ne pas être parti de là. Je crois à la réalité spirituelle comme à la seule réalité [...] J'y crois vraiment. Et c'est aussi pour cela que je me suis acharné sur mes textes pour en faire une seule oeuvre. C'est uniquement pour cette raison que j'ai écrit et réécrit chaque page de mes livres. J'ai écrit et réécrit pour dire, à travers mon oeuvre, la vérité. Toute la vérité.» Giorgio Bassani, En réponse VII, 4 mai 1991.
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Romancier inclassable, essayiste érudit et curieux, lecteur passionné, analyste pointilleux de la société britannique, critique d'art attentif, formidable conteur d'histoires imaginaires, lexicographe en quête du mot juste, Julian Barnes a créé, en explorant de nouvelles formes littéraires et en renouvelant les traditions, une oeuvre riche et variée, emblématique d'une génération de grands écrivains britanniques.Ont été ici retenus cinq romans majeurs, marqués par des tonalités distinctes, publiés entre 1984 et 2018. Roman insolite, mêlant une expérimentation formelle à des jeux intertextuels, Le Perroquet de Flaubert brosse un portrait composite de l'ermite de Croisset. England, England (1998) emprunte les voies de la satire et de la dérision grinçante pour dresser un tableau dégradé de l'Angleterre et de son histoire, ou le simulacre l'emporte sur l'original, où l'ultra-libéralisme et le tourisme de masse triomphent. Le roman historique Arthur & George (2005) interroge quant à lui la notion d'identité nationale dans une Angleterre édouardienne rongée par les préjugés et un racisme latent, ou la rumeur publique parvient à construire un fantasme collectif de culpabitité. Enfin, Une fille, qui danse et La Seule Histoire, parus dans les années 2010, mettent en scène des personnages qui portent un regard rétrospectif sur leur vie, et participent d'une écriture plus intimiste, réflexive et mélancolique.Labyrinthe à plusieurs entrées que cette édition Quarto propose d'explorer, l'oeuvre de Barnes donne à voir de multiptes dimensions du réel et de l'imaginaire sous des formes innovantes qui prennent acte des traditions littéraires mais qui savent aussi s'en éloigner, pour mieux ré-enchanter la littérature.
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Moisson rouge ; sang maudit ; le faucon maltais ; la clé de verre ; l'introuvable
Dashiell Hammett
- Gallimard
- Quarto
- 13 Novembre 2009
- 9782070783298
«Hammett a délogé le meurtre des palais vénitiens pour le balancer dans la rue ; non pas que le crime doive y traîner indéfiniment mais il était bienvenu de se défaire le plus possible des chichis bourgeois d'Emily Post. Au cours de presque toute sa carrière, il écrivit pour un public qui entretenait une attitude tranchée, agressive, envers la vie. Ce public ne redoutait pas l'immoralité du monde, celle-ci faisait partie de son quotidien. La violence ne le choquait pas, il la retrouvait en bas de chez lui. Hammett remit le crime entre les mains d'assassins dissimulant de solides mobiles et utilisant les moyens à leur disposition ; adieu cadavre exécuté arbitrairement à coups de pistolets de duel sculptés, de curare ou de poison tropical. Dans ses livres, il décrivit les gens tels qu'ils étaient et il les fit penser et parler, dans ses intrigues, avec le langage qui leur était familier. Il avait son style personnel, bien que son public ne s'en aperçût pas puisqu'il utilisait une langue soi-disant dépourvue de titres de noblesse.» Raymond Chandler, «Le crime est un art simple», 1944.
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«14 janvier 1914, sur l'océan Indien. En vue, l'Afrique-Orientale anglaise, Mombasa, le quai. La Danoise Karen Dinesen y pose le pied, accueillie par un serviteur somali Farah, se marie avec son fiancé suédois Bror, devient baronne von Blixen-Finecke, grimpe dans un train et découvre, altitude 2 000 mètres, le Ngong, six cents employés noirs, la plantation de caféiers. Une journée, une seule, elle s'en est emparée, ils seront dorénavant son Farah, son mari, son titre, ses collines, ses natives, ses acres. Une femme de vingt-neuf ans, à la quête improbable d'elle-même et d'une position dans le monde, se voit offrir en quelques heures un rang et un royaume, pas moins pour elle. Comme il tendrait un écran illimité à ses projections les plus démesurées, le destin lui sert l'Afrique dans sa grandeur brute. Elle s'en éprend à l'instant même et pour toujours, à en mourir.» Martine Bacherich.
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Ce grand massif d'écriture, qui a longtemps récapitulé l'histoire de la Grèce et de Rome, nous est restitué ici dans une nouvelle traduction qui lui donne un ton résolument neuf et en un seul volume, suffisamment autonome - grâce à ses notes en bas de page, à son «dictionnaire Plutarque», à ses cartes - pour qu'on puisse le lire sans avoir toute une bibliothèque à portée de main. Ces 48 Vies sont autant de «portraits d'une âme», de romans brefs dont les héros sont confrontés à la Fortune et à la mort:Thésée, Périclès, Alcibiade, Alexandre, Démosthène mais aussi Romulus, Coriolan, César, Antoine (et Cléopâtre)... Le coup de génie de Plutarque, ce Grec natif de Chéronée qui étudia à Athènes et séjourna à Rome, aura été de les réunir en des parallèles appariant un Grec et un Romain, vérifiant que les uns et les autres reconnaissent les mêmes valeurs et partagent un même passé, qui sont aussi les nôtres. «Plutarque, écrit François Hartog, fait partie de nos bagages:l'abandonner en route serait renoncer à toute une part de la compréhension de l'histoire intellectuelle occidentale, en son sens le plus large.»