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Métamorphoses. Romans, novellas
Jim Harrison, Brice Matthieussent
- Gallimard
- Quarto
- 16 Janvier 2025
- 9782072996498
Comment un écrivain cantonné à l'image du héros rabelaisien, dont les premiers protagonistes sont les chantres de la virilité, s'autorise-t-il à incarner une voix de femme dans la fiction ? Comment s'y prend-il ? C'est là que réside tout l'enjeu de cette édition «Quarto» consacrée à Jim Harrison (1937-2016).
Romancier au large succès depuis Légendes d'automne (1979), Harrison opère avec Dalva (1988) un virage à 180 degrés et, à travers la voix d'une narratrice audacieuse et indépendante, il trouve la sienne. Le personnage devient un double de l'auteur, une incarnation de l'écrivain métamorphosé en femme. «Ma capacité à écrire en tant que femme, confesse-t-il, m'a sauvé de la mort par excès de drogues et d'alcool, car dans notre culture la virilité peut vous acculer dans un recoin où la seule chose qui reste à faire consiste à bouffer des animaux tués sur la route et à mordre la lune.» Question de survie, donc. Cette idée de métamorphose - de réincarnation - possible, rêvée, désirée, assumée n'est pas sans lien avec la culture amérindienne dont il se sent proche. Sa jumelle fantomatique - sa part féminine, secrète, dont tout un chacun dispose, étouffée dès la naissance par le poids des conventions - et sa soeur Judith tragiquement disparue se réinventent en Dalva, qui porte en elle la force, la puissance, la rage et la liberté de ces deux présences invisibles. D'autres personnages suivront, comme celui de Claire (La Femme aux lucioles), offrant une variation sur le thème de la femme puissante et autonome, conquérant sa liberté au prix fort. Ces «voix de femmes» qu'on découvre à travers le choix de textes ici retenus (connus ou inédits) constituent un point de bascule majeur dans l'oeuvre si abondante de Jim Harrison, mais aussi un exploit : l'écrivain renonce aux postures et aux clichés de la virilité pour retrouver et accueillir en lui une féminité dérobée, inventer une écriture qu'il qualifi e lui-même d'«androgyne». En s'ouvrant à une dimension inédite, son écriture elle-même se transforme, adoptant une fluidité nouvelle, une pratique de l'association libre résumée par deux formules lapidaires chères à l'auteur : «Dieu est une femme» et «Écris sans effort». La narration harrisonienne figure désormais une expérience intérieure, le cheminement tantôt douloureux, tantôt comique, voire burlesque, de personnages instables, en devenir, en métamorphose. -
D'un monde l'autre. Romans
Ray Bradbury, Joseph Mugnaini, Constantin Andronikov, Jacques Chambon, Patrick Marcel, Brigitte Marjot, Henri Robillot, Richard Walters, Hubert Prolongeau
- Gallimard
- Quarto
- 10 Octobre 2024
- 9782072970054
Ray Bradbury (1920-2012) compte, au même rang que Philip K. Dick, parmi les grands maîtres de l'anticipation, qui ont donné au genre de la science-fiction ses lettres de noblesse. Son oeuvre vaste (plus de cinq cents nouvelles, vingt-sept romans, théâtre, poésie, scénarios et adaptations), initiée dès l'âge de douze ans, se nourrit de lectures éclectiques à la bibliothèque municipale de Waukegan (Illinois). Une révélation au même âge : l'écriture pourvoira à son immortalité ! Écrivain de profession à vingt-deux ans, Bradbury connaît tôt le succès : les Chroniques martiennes (1950), puis Fahrenheit 451 (1953) lui confèrent rapidement un statut de romancier et de scénariste reconnu à l'échelle mondiale. Futuriste de premier plan, il n'en explore pas moins la culture et la société de son époque, dont il dresse une critique cinglante : Chroniques martiennes n'évoque-t-il pas la colonisation et le racisme, Fahrenheit 451 l'aliénation des populations par les médias ? Son talent pour la fiction courte, son imagination fantaisiste, sa prose poétique et son appréhension fine du caractère humain, ses histoires «parfait mélange de terreur et d'euphorie», lui ont valu les éloges de la critique, du public et une postérité au-delà de l'oeuvre littéraire.
Les textes publiés entre 1950 et 2001, ici réunis, explorent les thèmes de prédilection de l'auteur - magie de l'enfance, mort, défense de l'individu ou dérives de la science. C'est tout l'art de Bradbury qui est embrassé, ancré dans un futur improbable ou un passé nostalgique avec pour point d'orgue sa définition du monde, sa conception de mondes autres. -
Depuis trente ans, Erri De Luca, citoyen engagé sur le plan politique, écologique, social, reconstitue avec force et densité une histoire de l'humanité : de l'enfance livrée à elle-même au difficile apprentissage de la vie, des ruelles de Naples à l'âpre beauté de la nature, de l'amour sublimé, du poids de l'histoire aux drames contemporains, de la quête de sens au besoin de solidarité et de compassion, son oeuvre est universelle, magistrale, placée sous le signe de l'héritage et de la transmission.
À travers un choix de textes (publiés ou inédits), la présente édition invite à découvrir le parcours de celui qui est entré en littérature «par accident» et qui, devant la maladie de son père, s'est résolu à s'adresser à un éditeur - «Quand j'écris, je chuchote parce que je pense qu'il est resté aveugle même là où il est, et qu'il n'arrive pas à lire la page derrière mon épaule. Il aimait les histoires et je suis encore là pour les lui raconter.» Pour De Luca «écrire n'est pas un travail, c'est une façon d'être en compagnie et de rassembler les absents», et à l'aune des documents personnels placés au début du volume comme un pont entre sa vie et son oeuvre, c'est à un rendez-vous en tête à tête avec l'auteur italien que le lecteur est ici convié. -
Les enquêtes de Philip Marlowe
Raymond Chandler, Cyril Laumonier
- Gallimard
- Quarto
- 27 Mars 2025
- 9782073111951
«- Parlez-moi un peu de vous, Mr. Marlowe. Enfin, si vous trouvez ma demande acceptable.
- Qu'est-ce que vous voulez savoir ? répondis-je. Je suis détective privé, et depuis pas mal de temps. Je suis un loup solitaire, célibataire, bientôt entre deux âges et fauché. Je me suis retrouvé en taule plus d'une fois et je ne m'occupe pas d'affaires de divorce. J'aime l'alcool, les femmes, les échecs et quelques autres petites choses. Les flics ne m'aiment pas, mais j'en connais deux avec lesquels je m'entends bien. Je suis un fils du pays, né à Santa Rosa, mes parents sont morts ; je n'ai ni frère ni soeur, et si un jour je me fais assommer au fond d'une impasse, comme ça pourrait arriver à n'importe qui dans mon métier, comme d'ailleurs à des tas de gens dans d'autres métiers ou même sans métier, personne ne se dira que sa vie a perdu son sens.»
The Long Goodbye. -
Hemingway attachait plus d'importance à ses «histoires», ses nouvelles, qu'à ses romans. Écrire une bonne histoire, encore une bonne histoire, fut l'obsession de sa vie, les lettres publiées ici en témoignent. C'est là qu'il atteint la concision - son idéal d'écriture formulé très tôt -, et qu'il obtient ce qu'il vise : la synthèse de l'imaginaire et de l'expérience vécue. «La seule écriture valable, c'est celle qu'on invente, celle qu'on imagine.» 78 nouvelles sont réunies dans ce volume : toutes celles qu'il publia de son vivant en recueils ; mais aussi les nouvelles, esquisses et fragments parus dans des revues ou qui ont été retrouvés dans ses papiers après sa mort.
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Cercueil et Fossoyeur : Le cycle de Harlem
Chester Himes
- Gallimard
- Quarto
- 27 Mars 2025
- 9782073111975
«- C'est ici à Harlem, parmi les gens de couleur, que le taux de criminalité est le plus élevé au monde. Et il n'y a que trois façons de procéder : ou bien on fait payer les malfaiteurs - et ça, vous n'en voulez pas ; ou bien on paie les gens suffisamment pour qu'ils aient une vie décente - et ça, vous ne le ferez pas ; si bien qu'il ne reste qu'à les laisser se bouffer entre eux.»
Ainsi s'exprime l'inspecteur noir Jones, dit Fossoyeur, répondant à l'accusation du sergent Anderson, qui le soupçonne, lui et son collègue Ed Cercueil, d'avoir la gâchette un peu facile et une idée toute personnelle sur la manière de faire régner l'ordre à Harlem.
Le génie de Chester Himes, dans ces huit romans où la brutalité le dispute au pittoresque, est de saisir Harlem au moment critique où les Noirs, excédés par la ségrégation, les brimades de la police, la misère et les bas salaires, vont basculer... Gangsters, dealers, charlatans, prophètes, proxénètes et patrons du jeu tiennent en otage la population du ghetto sur laquelle s'abattent tous les fléaux. Cercueil et Fossoyeur, qui appartiennent corps et âme à Harlem, ont un pied dans chaque camp : celui des Blancs qui usent et abusent de la loi, celui des Noirs où les deux justiciers se servent de la loi pour protéger les Noirs d'eux-mêmes et les empêcher de «se bouffer entre eux». -
« Elle est là, autour de vous. Ne passez pas à côté - l'immédiat, le réel, le nôtre, le vôtre, celui du romancier qu'il attend... Faites New York ! » (Henri James à Edith Wharton, 1902).
Sur le conseil du romancier Henry James, l'Américaine Edith Wharton jette une lumière crue et révélatrice sur l'aristocratie new-yorkaise, saisissant à la fois la haute comédie qui s'y joue et les contradictions qui l'animent. Autrice de poèmes et de nouvelles déjà parus dans des magazines littéraires de renom, elle porte désormais un regard acéré sur la mondanité, les convenances et l'étiquette, les règles du jeu social, l'hypocrisie, la cruauté et la corruption qui gangrènent la bonne société, celle de l'argent et des affaires, qui l'a vue naître et grandir. Au fil des récits (romans et nouvelles), avec un sens aigu de la satire, elle décrypte la quintessence même de son milieu et son esprit clanique, les luttes impitoyables et les menaces feutrées que fait peser sur l'ancien monde l'arrivisme conquérant d'une nouvelle caste, celle du nouveau riche.
Plus qu'une ville de naissance, New York sera à jamais pour Wharton une muse, aussi capricieuse qu'exigeante, qui l'inspirera même après son installation définitive en France en 1913. La fresque historique qu'offrent ici les trois romans et un recueil de nouvelles, parus entre 1905 et 1924, plonge le lecteur au coeur d'une société aussi fascinante que détestable, dont les failles morales se dissimulent derrière les apparences d'une probité candide, depuis les années 1840 jusqu'aux lendemains de la Première Guerre mondiale. Et avec cette édition Quarto et les documents d'archives inédits qui l'illustrent, l'occasion unique de découvrir le parcours d'une des romancières les plus marquantes de son temps, un véritable esprit libre. -
Les origines du totalitarisme - Eichmann à Jérusalem
Hannah Arendt, Pierre Bouretz
- Gallimard
- Quarto
- 29 Mai 2002
- 9782070758043
Dispersé jusqu'à présent en trois volumes, Les origines du totalitarisme retrouve son unité dans la réunion des trois parties qui le constituent. L'ensemble est accompagné d'un dossier critique qui donne à la fois des textes inédits préparatoires ou complémentaires aux Origines, comme «La révolution hongroise», un débat avec Eric Voegelin, des extraits de correspondances avec Blumenfeld et Jaspers.
Pour Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du mal, des correspondances avec Jaspers, Blücher, Mary McCarthy, Scholem éclairent l'arrière-plan de l'écriture de l'ouvrage et la violente polémique qu'il a suscitée. -
Résider sur la terre. oeuvres choisies
Pablo Neruda, Claude Couffon, Stéphanie Decante, Waldo Rojas, Bernard Sesé, Sylvie Sesé-Léger, Jean-Francis Reille
- Gallimard
- Quarto
- 7 Septembre 2023
- 9782072948831
Cinquante ans après sa mort, Pablo Neruda (1904-1973), Prix Nobel de littérature en 1971, s'impose encore en mythe monumental, en «témoin ardent» des événements politiques qui ont traversé le siècle : guerre d'Espagne, espoir (puis crise) communiste, lutte contre l'impérialisme nord-américain en Amérique latine, arrivée au pouvoir de Salvador Allende... Chaque fois présent, il a donné à entendre sa voix, tant par sa poésie - le Chant général en particulier - que par ses discours devenus célèbres. En faisant de Résidence sur la terre le pivot central d'une oeuvre foisonnante, cette édition propose de retracer la trajectoire poétique et intellectuelle de ce géant, au-delà de la légende, lui qui a participé aux principales mutations artistiques du XX? siècle - avant-gardiste de la première heure, compagnon de route des poètes espagnols de la Génération de 27 et précurseur de la poésie engagée. Son écriture originelle, d'une expression dense et sensuelle, célébrant la matière, basculera vers une simplicité marquée par une vision plus grave et ironique. À travers sa collaboration avec de nombreux artistes (Sergio Larrain, Antonio Quintana, Federico Garcia Lorca, José Venturelli), qu'on découvrira ici, cette écriture se dote encore d'une autre facette, méconnue, tel un miroir tendu par l'auteur, refl étant sa façon d'habiter le monde, de résider sur la terre.
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Ce volume parcourt cinquante années de l'histoire américaine, de l'avant-guerre aux années 1980, au sein de la communauté juive de Newark, une banlieue new-yorkaise. Une histoire parfois reconsidérée que le romancier se réapproprie sans souci de chronologie : l'Amérique de Philip Roth. Partant du mouvement de la contre-culture des années 1960 en lutte contre la guerre du Viêtnam (Pastorale américaine), il revient sur la guerre froide et la croisade anticommuniste des années 1950 (J'ai épousé un communiste), passe par le politiquement correct des années 1970-1980 (La tache), et se «projette» dans d'hypothétiques années 1940 (Le complot contre l'Amérique), où le fascisme et l'antisémitisme gagnent les États-Unis. En contrepoint d'une sévère critique de la société américaine, Philip Roth tisse une fine analyse des mécanismes de l'homme pris au piège de l'imprévisible. Confrontés à de grands bouleversements, des destins se brisent soudain sous l'effondrement des illusions, des secrets, des certitudes sur lesquels reposaient des vies idéales, prototypes du rêve américain. Quatre oeuvres sur l'identité de l'individu pris dans la tyrannie des mythes américains.
Quatre oeuvres sur «le bel avenir américain qui semblait promis, celui qui devait naître en toute logique du solide passé américain, issu d'un processus sans rupture où chaque génération gagnait en intelligence, parce qu'elle connaissait les limites et l'inadéquation des aînés, dont elle savait dépasser l'étroitesse d'esprit pour jouir pleinement des droits conférés par l'Amérique, pour s'affranchir des habitudes et des attitudes juives, pour s'émanciper de l'insécurité du vieux monde et des vieilles obsessions, et, enfin conforme à l'idéal, vivre parmi ses pairs, sans complexes» (Pastorale américaine). -
«Seule l'action est la prérogative de l'homme exclusivement ; ni bête ni dieu n'en est capable, elle seule dépend entièrement de la constante présence d'autrui : c'est ainsi que, dans les premières pages de Condition de l'homme moderne, Hannah Arendt répond à sa manière à la question qu'est-ce que l'homme ? dans un livre qui présente sans doute la synthèse la plus complète de sa pensée qu'elle ait donnée de son vivant. Les ouvrages réunis dans ce volume sont tous consacrés à ce problème de l'action, dont ils élucident à la fois la signification philosophique et les implications plus directement politiques. Publiés entre 1958 (Condition de l'homme moderne) et 1972 (Du mensonge à la violence), ils sont donc postérieurs au premier grand livre de Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme (1951), dont ils donnent en quelque sorte le contrepoint ; Hannah Arendt y montre ce qui, dans l'humaine condition, peut toujours être source de résistance contre tous les processus de destruction dont le totalitarisme moderne a représenté une forme paroxystique mais dont certains traits se retrouvent dans toutes les sociétés modernes. Tous ces ouvrages s'appuient sur un travail considérable d'élucidation philosophique, dont on peut mesurer l'ampleur en lisant le Journal de pensée mais, contrairement aux grands livres posthumes, ils sont centrés sur les questions pratiques, même lorsqu'ils proposent une interprétation d'ensemble de constructions théoriques aussi considérables que la science moderne ou la philosophie de l'histoire.»
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Oeuvres complètes ; romans, nouvelles, essais, correspondance
Flannery O'connor
- Gallimard
- Quarto
- 5 Novembre 2009
- 9782070124930
«Mr. Greenleaf accourait vers elle, brandissant son fusil, et elle le vit venir à elle, bien qu'elle ne regardât pas dans sa direction. Elle le vit s'approcher en longeant la lisière d'un cercle invisible, et la ligne d'arbres était béante derrière lui, et ses pieds ne foulaient que le vide. Il visa l'oeil de la bête et fit feu quatre fois. Elle n'entendit pas les détonations, mais elle perçut le tremblement de l'énorme corps alors que le taureau s'affaissait et l'entraînait dans sa chute, rivée à sa tête au point qu'elle semblait, lorsque Mr. Greeleaf fut près d'elle, se pencher sur l'oreille de l'animal et lui chuchoter une ultime révélation.» Mon mal vient de plus loin.
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Oeuvres ; poèmes, romans, nouvelles, contes, essais, journaux
Sylvia Plath
- Gallimard
- Quarto
- 8 Septembre 2011
- 9782070132195
Précédé de Mourir est un art par George Steiner, traduit de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat
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Les chevaliers de la table ronde : romans arthuriens (Ve-XVe s.)
Collectif
- Gallimard
- Quarto
- 2 Juin 2022
- 9782072849411
Héritée d'une tradition païenne antique, ancrée dans l'opposition et la résistance des Bretons à l'envahisseur germanique, chantée par les bardes dans un dialecte celtique, la légende arthurienne prend corps au IX? siècle, en terre galloise, dans les récits en latin et en prose. C'est à partir de 1130 que l'histoire légendaire de ce roi vaillant et brave, chef charismatique et incontesté, personnage fabuleux et victorieux, connaît un écho retentissant auprès du public, à travers toute l'Europe, grâce à l'ambitieuse chronique du clerc anglais Geoffroi de Monmouth, Histoire des rois de Bretagne. À sa suite, en particulier sous l'impulsion de Chrétien de Troyes, le roman arthurien s'enrichit de nombreux épisodes des aventures du roi et de ses compagnons chevaliers:exploits prodigieux, conquêtes amoureuses, quête du saint Graal...À la lumière de l'histoire culturelle, sociale et politique du Moyen Âge et de ses images (enluminures, sceaux, armoiries...), cette édition propose de mieux comprendre la transformation de la matière dite de Bretagne en l'une des plus grandes légendes de tous les temps.Cycle sans égal inscrit au patrimoine littéraire mondial, la légende arthurienne n'a cessé de nourrir toutes les formes de la création - des récits de Chrétien de Troyes aux opéras de Wagner, aux beautés préraphaélites, jusqu'au nonsense des Monty Python... - et de hanter notre imaginaire.
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Écrits en russe, puis en anglais avec l'aide de son fils Dmitri, les 64 chefs-d'oeuvre retenus par Nabokov pour l'édition de ses Nouvelles complètes. Les premières parurent dans les revues de l'émigration, d'autres furent réunies en recueil dès que Nabokov eut gagné un vaste public, d'autres enfin furent publiées dans de grands journaux américains. Autobiographiques - comme «Premier amour», la plage de Biarritz inchangée depuis l'impératrice Eugénie, des femmes en col de satin perle aux ombrelles volantées, un amoureux transi de sept ans et un début d'enlèvement -, imprégnées de la mélancolie de Russes déracinés et viveurs, ou récits de passion brûlante comme «Un Léonard», toutes ces nouvelles d'une grande intensité poétique révèlent la variété d'un talent qui donne ici, dans des récits concis, le concentré du génie que déploiera Nabokov dans ses romans.
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Le chef-d'oeuvre de Melville (1819-1891) comme on ne l'a jamais lu dans l'édition française : un Moby-Dick conté à deux voix par le texte et l'image. Par Melville, bien sûr, et par l'artiste américain Rockwell Kent (1882-1971) qui a illustré une édition du roman en 1930. Dans le choix que nous donnons de ses somptueuses gravures au trait, célèbres aux États-Unis, peu connues en France, les personnages, les lieux, les scènes prennent vie avec leur charge de poésie et de mystère. On peut parier que John Huston s'en est inspiré en 1956 pour son adaptation au cinéma. Philippe Jaworski invite le lecteur à lire ce texte comme une épopée du travail soutenue par trois forces majeures : l'équipage du Pequod, véritable navire-monde ; le capitaine Achab, personnage forgé d'après les modèles bibliques, les héros shakespeariens, Prométhée, Lucifer et Faust, et la voix d'Ismaël. chroniqueur, metteur en scène et commentateur de la chasse quasi mystique d'Achab. Autant de pistes de réflexion qui permettent d'entrer dans l'imagination mythographique de Melville. On retrouvera toute la sauvagerie de la chasse décrite par Melville, dans une campagne de pêche de la baleine, amplement illustrée de gravures anciennes et de photographies, dont les images sont mises en miroir d'extraits de Moby-Dick. Livre culte par excellence, Moby-Dick n'a cessé de nourrir et d'inspirer la littérature et les arts. Retraçant l'histoire des origines, de la composition et de la postérité du roman, on suivra, dans une quarantaine d'extraits de textes de Job et Jonas à Pierre Senges (en passant par Rabelais, Lawrence, Pavese, Sartre, Blanchot, Gadenne, Auden, Perec, Deleuze... ) le fascinant et redoutable monstre marin dans ses surgissements et ses représentations, les commentaires qu'il a suscités et les harponnages littéraires qu'il a inspirés.
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Essais, récits autobiographiques, romans
Virginia Woolf
- Gallimard
- Quarto
- 25 Avril 2014
- 9782070144983
«Ce sera un essai-roman [...]. Il devra tout englober, sexualité, éducation, manière de vivre, de 1880 à nos jours; et mettre à franchir les années toute l'agilité et la vigueur du chamois qui bondit par-dessus les précipices. C'est l'idée générale, en tout cas, et cela m'a plongée dans un tel brouillard, une telle ivresse, un tel rêve que, déclamant des phrases, et voyant des scènes alors que je remonte Southampton Row, je me demande si j'ai tant soit peu vécu sur terre depuis le 10 octobre. Comme pour Orlando, tout se précipite de soi-même dans le courant.» Journal 1915-1941, 2 novembre 1932, à propos des Années.
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«Nous sommes tous sortis du Manteau de Gogol»:la citation, attribuée à Dostoïevski, est reprise à son compte par Nabokov... et chacun de faire de Gogol le père du fantastique et de l'absurde. Chez Gogol, le sens de la destinée humaine comme l'existence du monde restent d'insondables énigmes dont le mystère affleure en créant de grands désordres. Gogol s'emploie à révéler comment l'obscur magma qui s'agite sous la surface de vies apparemment lisses trouve les failles par lesquelles la matière volcanique remonte inexorablement à la surface. Et c'est sous l'effet de cette force aveugle que le héros gogolien est projeté dans une expérience du plus haut comique, absurde et pathétique. Existant peu, il est indéterminé, et ne maîtrisant rien il est particulièrement sujet à ce que son vide intérieur soit comblé par l'improbable...
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Auteur d'une quinzaine de romans traduits dans le monde entier, lauréat de prestigieux prix littéraires, conscience intellectuelle et fervent défenseur de la paix au Moyen-Orient, Amos Oz (1939-2018) est incontestablement une voix majeure de la littérature israélienne contemporaine. Servis par une langue empreinte de poésie, ses récits dépeignent les douleurs et les traumas de l'individu et de la famille, sondent les abysses de l'âme et de la nature humaines, avec pour toile de fond l'histoire d'Israël et celle d'un peuple vivant entre guerre et paix, entre ombre et lumière.Conçu avec l'écrivain avant sa disparition comme une traversée de son oeuvre, reprenant un choix de romans et de nouvelles publiés entre 1965 et 2014, ce volume «Quarto» se clôt par un ensemble de conférences qui constituent son «testament» politique et moral. Éclairée par les contributions de son ami et traducteur anglais, Nicholas de Lange, de sa fille, l'historienne de renom Fania Oz-Salzberger, et de l'autrice Zeruya Shalev, cette édition invite le lecteur à découvrir le regard qu'Amos Oz posait sur le monde, sur son monde - celui de la Jérusalem divisée de son enfance, ville labyrinthique cernée de menaces sourdes, celui du kibboutz, théâtre de tensions entre l'homme solitaire et la collectivité, celui de l'engagement politique. Ponctuée de documents personnels inédits, elle donne à lire les écrits d'«un conteur de grand talent et d'un magicien de la langue hébraïque», qui espérait «un avenir meilleur et oeuvrait en ce sens».Visuel de couverture, légende intégrale:Jérusalem, Tavalina Rinat Kishony, 2020. Acrylique sur toile, www.tavalina.com. Avec l'aimable autorisation de l'artiste.
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Nouvelles complètes Tome 1 : 1947-1953
Philip K. Dick, Pierre Queyssi
- Gallimard
- Quarto
- 15 Octobre 2020
- 9782072858703
Maître incontesté de la science-fiction, auteur de chefs-d'oeuvre tels que Ubik, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?, récompensé par le prix Hugo en 1963 pour Le Maître du Haut Château, Philip K. Dick (1928-1982) a imprimé ses propres visions dans l'imaginaire de son public, de ses pairs et des cinéastes (Blade Runner, Total Recall, Minority Report).
Psychologiquement fragile, hanté par la mort de sa soeur jumelle, par la guerre froide et la menace atomique, il a trouvé dans la science-fiction le moyen d'exprimer ses propres obsessions, sa défiance vis-à-vis du monde qui l'entoure. Lecteur assidu des pulps pendant sa jeunesse, amateur de littérature classique et de philosophie, Philip K. Dick propose très tôt une autre vision de la science-fiction et de la fantasy, loin de l'imagerie des space opera d'alors... Par un recours aux topoï du genre (guerres spatiales, robots menaçants...), au trompe-l'oeil de mondes parallèles, superposés ou truqués, Dick n'a cessé de questionner la réalité, le présent et le futur, en suivant les évolutions historiques et sociétales des États-Unis, dont il dévoilera la face sombre avec une incroyable acuité.
Rédigées à partir de 1947, parfois à un rythme frénétique, les nouvelles jouent un rôle essentiel dans la construction dickienne:véritable laboratoire d'idées, de formats, réservoir de personnages et de néologismes, elles constituent à la fois les soubassements et la pierre angulaire d'une oeuvre foisonnante (cent vingt nouvelles et quarante-cinq romans).
Au tome I de cette édition, les nouvelles composées entre 1947 et 1953 offrent une immersion aux sources du processus créatif de l'auteur, avec l'émergence d'un genre propre et l'apparition de thèmes qui nourriront l'ensemble de son oeuvre future. Si Dick emprunte aux standards de la science-fiction des années 1940-1950, il fait de chaque nouvelle le terrain d'expression d'une idée centrale, d'une exploration sans limite des mondes équivoques. -
Horace McCoy (1897-1955) est de ceux qui ont choisi de dépeindre une Amérique fragilisée par la Grande Dépression, violente, sombre et impitoyable, ôtant à l'homme toute dignité. Aux côtés des «durs» (gangsters, politiciens corrompus, détectives), une galerie de personnages tragiques - des réalistes - suicidaires pour qui la vie est un enfer sans échappatoire et des rêveurs-ambitieux qui tentent de s'y soustraire pour se réinventer ailleurs - révèlent une mélancolie et une profondeur rares chez un auteur de roman noir, nourries de ses expériences personnelles. Vétéran de la Première Guerre mondiale, se rêvant acteur de théâtre puis reporter à Dallas, McCoy publie au tournant des années 1930 ses premières nouvelles, à la fois tranchantes et lyriques, dans Black Mask qui accueille les grandes plumes du roman noir comme Dashiell Hammett et Raymond Chandler. Désormais installé à Hollywood, McCoy enchaîne les petits rôles avant de se consacrer aux scénarios pour le compte des grands studios de cinéma, activité qu'il abhorre. Son premier roman, On achève bien les chevaux, ode tragique aux marathons de danse, paru en 1935, est un véritable succès. Jugés trop sombres, trop réalistes, les suivants ne rencontrent pas le même accueil. Dix ans s'écouleront avant que McCoy ne renoue avec la littérature et le succès, porté par l'intérêt et l'admiration du public français pour ses premières histoires traduites chez Gallimard dans la collection «Blanche» et dans la toute nouvelle «Série Noire». Adaptés au cinéma par Sydney Pollack (On achève bien les chevaux, 1969) ou Jean-Pierre Mocky (Un linceul n'a pas de poches, 1974), ses romans offrent une plongée dans le coeur noir de son pays : tirant à boulet rouge sur l'usine à rêves qu'est Hollywood et cette société où triomphent l'argent et la loi du plus fort, McCoy était bien trop sulfureux pour une Amérique qui se voulait alors conquérante.
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«Autrefois on disait déjà la colline comme on aurait dit la mer ou la forêt. J'y allais le soir, quittant la ville qui s'obscurcissait, et, pour moi, ce n'était pas un endroit comme un autre, mais un aspect des choses, une façon de vivre. [...] J'y montais le soir pour éviter le sursaut des alertes : les chemins fourmillaient de gens, de pauvres gens que l'on évacuait pour qu'ils dorment au besoin dans les prés, en emportant un matelas sur leur vélo ou sur leur dos, criaillant et discutant, indociles, crédules, amusés.» Cesare Pavese, La Maison des collines, 1948.
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«La Légende de Duluoz compte à présent 7 volumes, quand j'aurai terminé, dans environ dix, quinze ans, elle couvrira toutes les années de ma vie, comme Proust, mais au pas de course, un Proust qui court... Je vois à présent la Cathédrale de la Forme que cela représente, et je suis tellement content d'avoir appris tout seul (avec un peu d'aide de messieurs Joyce & Faulkner) à écrire la PROSE SPONTANÉE, de sorte que, même si la LÉGENDE court pour finir sur des millions de mots, ils seront tous spontanés et donc purs et donc intéressants et en même temps, ce qui me réjouit le plus : RYTHMIQUES...» Jack Kerouac, Lettre à Malcolm Cowley, 11 septembre 1955.
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«Vers la fin de l'après-midi, ne sachant à quoi m'occuper, je pris un bain. Je sentais sur mon corps une souillure et j'éprouvais le besoin de me laver. Mais une fois dans ma baignoire, je pensai : "Pour me nettoyer, être vraiment net, il faudrait que je sois capable de me dissoudre tout entier dans cette eau." En moi toute volonté était si bien abolie que je ne pris même pas le soin de m'essuyer avant de remettre mes vêtements. Le jour tomba. Je restai longtemps à ma fenêtre à regarder, dans le jardin, les feuilles nouvelles des arbres ; et, là, je fus pris de frissons. Avec une certaine satisfaction, je pensai que c'était un accès de fièvre. Je ne souhaitais pas la mort, mais la maladie ; une maladie capable de me servir de prétexte pour faire ce que je voulais, ou de m'en empêcher.» La Conscience de Zeno, chap. VI.