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Mémoires d'outre-tombe Tome 1
François-René de Chateaubriand
- Gallimard
- Quarto
- 14 Novembre 1997
- 9782070748433
«Moi, bonheur ou fortune, après avoir campé sous la hutte de l'Iroquois et sous la tente de l'Arabe, après avoir revêtu la casaque du sauvage et le cafetan du mamelouk, je me suis assis à la table des rois pour retomber dans l'indigence. Je me suis mêlé de paix et de guerre ; j'ai signé des traités et des protocoles ; j'ai assisté à des sièges, des congrès et des conclaves ; à la réédification et à la démolition des trônes ; j'ai fait de l'histoire, et je la pouvais écrire : et ma vie solitaire et silencieuse marchait au travers du tumulte et du bruit, avec les filles de mon imagination, Atala, Amélie, Blanca, Velléda, sans parler de ce que je pourrais appeler les réalités de mes jours, si elles n'avaient elles-mêmes la séduction des chimères. [...] Je me suis rencontré entre deux siècles comme au confluent de deux fleuves ; j'ai plongé dans leurs eaux troublées, m'éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue.» Chateaubriand, 1837.
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Édition de l'auteur
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«On vient de loin. On fait de notre mieux. Mais parfois on ne sait pas ce qui nous prend.» Quelle que soit la forme narrative adoptée (théâtre, roman, récit), Yasmina Reza manie avec beaucoup de finesse et de subtilité l'art de mixer les genres, de montrer les multiples facettes d'une réalité, d'aborder avec une implacable lucidité des thèmes aussi universels que la fuite du temps, l'angoisse existentielle et la mort, la fragilité du moi, la solitude, le triomphe de la violence et la barbarie dans le monde contemporain. Dépeints comme des «tragédies drôles» et servis par une écriture ciselée et incisive, les textes réunis dans la présente édition sont de véritables tableaux de vanités contemporaines, à la frontière du comique et du tragique. En dévoilant des documents personnels rares et précieux, l'écrivain laisse entrevoir le pont entre sa vie et l'oeuvre qu'elle bâtit depuis plus de trente ans, conviant le lecteur à un tête à tête exceptionnel.
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Préface illustrée inédite de l'auteur
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Simone Weil laisse le souvenir d'une figure étrange, surhumaine par certains aspects, qui attire et repousse en même temps. On lui reconnaît une puissance intellectuelle exceptionnelle, une force morale digne des héros, un courage et un esprit de résistance hors pair, mais une intransigeance dans l'existence qui fait peur et qui s'accompagne d'une lucidité souvent prophétique.De son vivant, comme aujourd'hui, elle dérange, irrite, scandalise, tout en suscitant l'attachement le plus vif.Plus de cinquante ans après sa disparition, on est enfin en mesure d'embrasser la totalité d'une vie et d'une oeuvre foisonnante, et d'en dégager la cohérence dans toute sa force.Le but de ce volume est de faire tenir ensemble la militante, la philosophe et la mystique, car tout est solidaire dans cette pensée aux vues puissamment convergentes.Enfin, une série de témoignages sur Simone Weil, la réception de son oeuvre (Blanchot, Cioran, Sperber...) et sa diffusion à l'étranger complètent ce volume et lui apportent de précieux éclairages.
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«Écrire n'est pas pour moi un substitut de l'amour, mais quelque chose de plus que l'amour ou que la vie.» 15 janvier 1963 «Cette sensation terrible, toujours, d'être à la recherche de l'écriture inconnue, comme cela m'arrive de désirer une nourriture inconnue. Et je vois le temps passer, nécessité d'écrire contre le temps, la vieillesse.» 3 août 1990 «Écrire la vie. Non pas ma vie, ni sa vie, ni même une vie. La vie, avec ses contenus qui sont les mêmes pour tous mais que l'on éprouve de façon individuelle:le corps, l'éducation, l'appartenance et la condition sexuelles, la trajectoire sociale, l'existence des autres, la maladie, le deuil. Je n'ai pas cherché à m'écrire, à faire oeuvre de ma vie:je me suis servie d'elle, des événements, généralement ordinaires, qui l'ont traversée, des situations et des sentiments qu'il m'a été donné de connaître, comme d'une matière à explorer pour saisir et mettre au jour quelque chose de l'ordre d'une vérité sensible.» juillet 2011
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En donnant corps au théâtre de l'absurde, aux côtés de Samuel Beckett, Eugène Ionesco (1909-1994) a bouleversé à jamais les fondements et les codes du théâtre européen. Défenseur d'un art irréaliste prenant à contre-pied la tradition, il prône la dérision, l'action minimaliste, la répétition incessante qui fait perdre au temps tout son sens, l'impossible communication et ses conséquences (quiproquos, non-sens). Son écriture se nourrit de ce qu'il est. Sa présence discrète s'impose avec l'invention de Bérenger, double assumé et récurrent, qui donne à voir non seulement toutes les angoisses, la peur de la mort, les questions métaphysiques qui assaillent le dramaturge, mais aussi son engagement à dénoncer les totalitarismes et leur rapide propagation, la monstruosité des hommes animés par la folie de destruction et l'horreur des camps concentrationnaires. Cette édition propose de mettre en lumière la parfaite unité et la modernité de cette oeuvre avant-gardiste, en retraçant le parcours biographique, intellectuel et artistique d'un dramaturge, d'«un homme en questions».
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Mémoires d'outre-tombe Tome 2
François-René de Chateaubriand
- Gallimard
- Quarto
- 14 Novembre 1997
- 9782070750627
«Moi, bonheur ou fortune, après avoir campé sous la hutte de l'Iroquois et sous la tente de l'Arabe, après avoir revêtu la casaque du sauvage et le cafetan du mamelouk, je me suis assis à la table des rois pour retomber dans l'indigence. Je me suis mêlé de paix et de guerre; j'ai signé des traités et des protocoles; j'ai assisté à des sièges, des congrès et des conclaves; à la réédification et à la démolition des trônes; j'ai fait de l'histoire, et je la pouvais écrire:et ma vie solitaire et silencieuse marchait au travers du tumulte et du bruit, avec les filles de mon imagination, Atala, Amélie, Blanca, Velléda, sans parler de ce que je pourrais appeler les réalités de mes jours, si elles n'avaient elles-mêmes la séduction des chimères. [...]Je me suis rencontré entre deux siècles comme au confluent de deux fleuves; j'ai plongé dans leurs eaux troublées, m'éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue.»Chateaubriand, 1837.
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Les Voix de l'enfance : Oeuvres choisies
Françoise Dolto
- Gallimard
- Quarto
- 19 Octobre 2023
- 9782072934124
Les enfances, y compris la sienne, sont au coeur de l'oeuvre si ample de Françoise Dolto. Née en 1908 dans une famille de la grande bourgeoisie parisienne, la petite «Vava» semble avoir un destin tout tracé. On la voudrait rangée, elle dérange. Personne pour répondre à ses questions pressantes. À huit ans, elle déclare : «Je serai médecin d'éducation.» Bientôt la violence de la guerre, les deuils, la mort de sa soeur aînée ravagent l'équilibre familial. Rejetée par sa mère, Françoise réussit néanmoins à imposer son choix et s'engage dans des études de médecine. En deuxième année, elle s'effondre, une psychanalyse scellera son destin. En 1939, elle soutient sa thèse, Psychanalyse et pédiatrie, seize cas minutieusement observés et accompagnés de dessins, qui contient déjà en germe son oeuvre future. Pour elle, tout est langage, et ce depuis la vie prénatale. Jacques Lacan est impressionné par son aptitude à approcher la névrose et la psychose infantiles. Théorie et pratique, chez Françoise Dolto, vont de pair, l'une nourrissant l'autre : Le Cas Dominique en est la parfaite illustration. Elle ne cessera jamais de partager ses découvertes inaugurales avec son public favori : pédiatres, psychiatres, psychologues, parents et professionnels de l'éducation. Ses écrits répondent à une nécessité personnelle qui lui permet d'élaborer ses concepts fondamentaux, dont l'image inconsciente du corps sera le point d'orgue. Parallèlement, toujours poussée par un souci de prévention, elle accepte une émission de radio grand public. Son «parler vrai», le grain de sa voix, le charme unique de ses mots font merveille. Elle est ce médecin d'éducation qu'elle rêvait d'être. Elle a changé à jamais le regard que l'on portait sur l'enfance. Dans cette édition sont réunis les textes d'une pensée toujours vivante, en prise avec l'actualité la plus brûlante. Martine Bacherich, psychanalyste et auteure, en offre un éclairage sensible et inspiré.
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Résider sur la terre : oeuvres choisies
Pablo Neruda
- Gallimard
- Quarto
- 7 Septembre 2023
- 9782072948831
Cinquante ans après sa mort, Pablo Neruda (1904-1973), Prix Nobel de littérature en 1971, s'impose encore en mythe monumental, en «témoin ardent» des événements politiques qui ont traversé le siècle : guerre d'Espagne, espoir (puis crise) communiste, lutte contre l'impérialisme nord-américain en Amérique latine, arrivée au pouvoir de Salvador Allende... Chaque fois présent, il a donné à entendre sa voix, tant par sa poésie - le Chant général en particulier - que par ses discours devenus célèbres. En faisant de Résidence sur la terre le pivot central d'une oeuvre foisonnante, cette édition propose de retracer la trajectoire poétique et intellectuelle de ce géant, au-delà de la légende, lui qui a participé aux principales mutations artistiques du XX? siècle - avant-gardiste de la première heure, compagnon de route des poètes espagnols de la Génération de 27 et précurseur de la poésie engagée. Son écriture originelle, d'une expression dense et sensuelle, célébrant la matière, basculera vers une simplicité marquée par une vision plus grave et ironique. À travers sa collaboration avec de nombreux artistes (Sergio Larrain, Antonio Quintana, Federico Garcia Lorca, José Venturelli), qu'on découvrira ici, cette écriture se dote encore d'une autre facette, méconnue, tel un miroir tendu par l'auteur, refl étant sa façon d'habiter le monde, de résider sur la terre.
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O. V. de L. Milosz : un nom qui semble une formule pour initiés. Qui est Oscar Vladislas de Lubicz Milosz (1877-1939) ? Auteur des milliers de vers des Sept Solitudes (1906) et des Éléments (1911) ; amoureux malheureux livrant «l'abîme du coeur » dans son roman L'Amoureuse Initiation (1910) ; créateur lyrique inspiré des chefs-d'oeuvre dramatiques Miguel Manara (publié à la NRF), Méphiboseth (créé à l'Odéon) et Saul de Tarse ; écrivain touché, fin 1914, par les révélations du «soleil spirituel», qu'il consigne dans sa métaphysique des origines Ars Magna (1924) et glorifie dans le poème-testament «Psaume de l'Étoile du matin» (1936)..., Milosz est une voix singulière dans le paysage littéraire français. Né sujet russe à Czereïa, en Lituanie historique, d'un père officier de l'armée du tsar et d'une mère juive polonaise, Milosz s'installe en France avec ses parents en 1889, après une enfance dans le grand domaine ancestral. Diplomate polyglotte le jour, poète la nuit, il transcrit des contes populaires du pays et obtient la reconnaissance de la Lituanie en 1921. Il fréquente très jeune les cercles littéraires parisiens autour de Jean Moréas et ses oeuvres sont saluées par Apollinaire, Paul Valéry, André Gide, Jules Supervielle... Dès ses débuts, on devine dans son lyrisme une quête spirituelle nourrie d'études hébraïques et philosophiques. Si la reconnaissance du milieu littéraire est là, Milosz tient à s'en préserver le plus possible. Tel un ascète aux allures franciscaines, le roi solitaire rend son dernier souffle en poursuivant un oiseau, et nous lègue une oeuvre unique, magistralement poétique.
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Ce volume parcourt cinquante années de l'histoire américaine, de l'avant-guerre aux années 1980, au sein de la communauté juive de Newark, une banlieue new-yorkaise. Une histoire parfois reconsidérée que le romancier se réapproprie sans souci de chronologie : l'Amérique de Philip Roth. Partant du mouvement de la contre-culture des années 1960 en lutte contre la guerre du Viêtnam (Pastorale américaine), il revient sur la guerre froide et la croisade anticommuniste des années 1950 (J'ai épousé un communiste), passe par le politiquement correct des années 1970-1980 (La tache), et se «projette» dans d'hypothétiques années 1940 (Le complot contre l'Amérique), où le fascisme et l'antisémitisme gagnent les États-Unis. En contrepoint d'une sévère critique de la société américaine, Philip Roth tisse une fine analyse des mécanismes de l'homme pris au piège de l'imprévisible. Confrontés à de grands bouleversements, des destins se brisent soudain sous l'effondrement des illusions, des secrets, des certitudes sur lesquels reposaient des vies idéales, prototypes du rêve américain. Quatre oeuvres sur l'identité de l'individu pris dans la tyrannie des mythes américains. Quatre oeuvres sur «le bel avenir américain qui semblait promis, celui qui devait naître en toute logique du solide passé américain, issu d'un processus sans rupture où chaque génération gagnait en intelligence, parce qu'elle connaissait les limites et l'inadéquation des aînés, dont elle savait dépasser l'étroitesse d'esprit pour jouir pleinement des droits conférés par l'Amérique, pour s'affranchir des habitudes et des attitudes juives, pour s'émanciper de l'insécurité du vieux monde et des vieilles obsessions, et, enfin conforme à l'idéal, vivre parmi ses pairs, sans complexes» (Pastorale américaine).
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à la recherche du temps perdu : Intégrale Tomes 1 à 7
Marcel Proust
- Gallimard
- Quarto
- 19 Septembre 2019
- 9782072876042
Nouvelle édition sous étui illustré
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À quel envoûtement obéit un jeune Suisse bien né, sur le berceau duquel les fées se sont penchées, pour «prendre la route» à 24 ans, ses diplômes en poche, en Fiat Topolino, mais sans un sou vaillant et pour un aller simple ? Il est décidé à en découdre. Avec lui-même, avec la vie et avec l'écriture. De la Yougoslavie au Japon, c'est dur, mais c'est cette dureté qu'il recherche : la descente en soi qui peut être illumination ou descente aux enfers, l'intensité de l'instant et l'ennui qu'il faut meubler avec des riens. Le pittoresque, l'observation ne sont que des supports à la quête de soi et à la douleur de l'écriture, mais ils nous valent des portraits truculents, des récits merveilleux car ce conteur est un enchanteur. Il fait son miel avec les surprises de la route qui ne sont pas ce que l'on croit. Ainsi ce corps encombrant qui réclame chaque jour sa pitance et que frappe un cortège de malarias, de jaunisses à répétitions, sans parler des dents qui prennent la poudre d'escampette. On s'en va «pour que la route vous plume, vous rince, vous essore, vous rende comme ces serviettes élimées par les lessives qu'on vous tend avec un éclat de savon dans les bordels... Sans ce détachement et cette transparence, comment espérer faire voir ce qu'on a vu ?». Mission accomplie. Nicolas Bouvier a payé sa livre de chair et bien au-delà, et son écriture de l'extrême exigence, de l'économie du mot, fait de nous des visionnaires par procuration auxquels il arrache «des râles de plaisir».
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«Il n'y a pas de ?rêve américain''. Il n'y a que les mouvements de l'Histoire, qui vont de l'impérial au déclin, de la chute à la rédemption. L'Amérique, miroir de notre temps ?» L'Amérique occupe une place de premier plan dans la vie et l'oeuvre de Philippe Labro. S'il est revenu, à travers son cycle de romans parus entre 1986 et 1998 (L'Étudiant étranger ; Un été dans l'Ouest ; Rendez-vous au Colorado), sur son expérience marquante et fondatrice en Virginie et son séjour dans les forêts du Colorado au milieu des années 1950, l'intérêt qu'il porte à ce pays et sa culture va bien au-delà de ses textes autobiographiques. Sa présence aux États-Unis le jour de l'assassinat de J. F. Kennedy à Dallas en novembre 1963 lui permet de couvrir cet événement historique, dont il livrera un témoignage unique dans «On a tiré sur le Président» (2013). Avec acuité, finesse et expérience, l'écrivain journaliste dresse sous forme de chroniques une galerie de portraits incisifs et précis, autant de destins croisés que de lieux et d'époques. Ce sont ses «écrits américains». Journaliste, romancier, cinéaste, parolier, homme de médias, Philippe Labro se nourrit de «l'air du temps». Les archives qui illustrent le parcours biographique laissent entrevoir un itinéraire exceptionnel, fait de rencontres, et témoigne d'une insatiabilité intellectuelle à vouloir comprendre le monde.
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Du vent, du sable et des étoiles
Antoine de Saint-Exupéry
- Gallimard
- Quarto
- 25 Novembre 2021
- 9782072958830
Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) aspirait à un monde où l'action et le rêve fussent intimement liés, convaincu qu'en cette coïncidence résidait la vérité de l'expérience vécue. Sa voie fut celle du consentement au risque : le désert et les périls aériens, qui ouvrent alors au trésor caché de l'existence, à la révélation de ce qui nous tient fraternellement et spirituellement aux nôtres et au monde. Saint-Exupéry s'est appuyé sur son exceptionnelle expérience d'aviateur pour affirmer sa confiance dans la grandeur humaine, accessible à chacun par l'engagement librement consenti. Toute son oeuvre littéraire - ici resituée dans le mouvement biographique qui l'a vue naître - est une tentative admirable pour restituer poétiquement la substance même de l'existence, sa vérité intime et sincère - celle du coeur. Réunissant les oeuvres littéraires d'Antoine de Saint-Exupéry, de ses premiers contes et poèmes de jeunesse, inspirés par son apprentissage de pilote, à Citadelle, incluant ses quatre grands romans et Le Petit Prince, cette édition est enrichie de très nombreux documents inédits ou méconnus, se fonde sur les plus récentes découvertes et offre pour la première fois dans la collection Quarto un volume illustré en couleurs.
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Nouvelle édition sous étui
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«À ceux qui cherchent un sens à la vie, Camus répond qu'on ne sort pas du ciel qui nous contient. À ceux qui se désolent de l'absurde, Camus raconte que le monde est beau et que cela suffit à remplir le coeur d'un homme. À ceux qui souhaitent la tyrannie parce que l'Homme n'est pas à la hauteur du bien qu'on lui veut, Camus dit qu'il faut aimer les hommes avant les idées. Aux partisans de la haine, il décrit la gratitude. Aux indignés et aux sectateurs d'un «autre monde possible» qui s'endorment, sereins, sur l'oreiller des contestations incontestables, Camus enseigne que la véritable exigence est le contraire de la radicalité. [...] Albert Camus soigne le désespoir par le sentiment qu'il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre ; c'est le seul homme normal que je connaisse.» Raphaël Enthoven.
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Ce volume contient notamment : Carnet «méthodologie historique» - Critique historique et critique du témoignage - Écrits et photographies de guerre 1914-1918 - Réflexions d'un historien sur les fausses nouvelles de la guerre - Mémoire collective, tradition et coutume - Pour une histoire comparée des sociétés européennes - La Féodalité européenne [inédit] - Introduction aux Caractères originaux de l'histoire rurale française - L'erreur collective de la «Grande Peur»... - Problèmes d'Europe - Que demander à l'histoire ? - Réflexions pour un lecteur curieux de méthode - L'Étrange Défaite - Comment et pourquoi travaille un historien [inédit] - Apologie pour l'histoire ou Métier d'historien - Textes inédits du Cercle d'études de Montpellier - Conférences sur la Grande-Bretagne - Écrits clandestins (1943-1944) - «Testament» - Regards sur Marc Bloch : Georges Altman, Georges Bratianu, Raymond Aron, Henri Brunschvig, Bronislaw Geremek - «Vie et Oeuvre» illustré.
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«Il y a dans Les Mystères de Paris une énergie sauvage : celle d'une cohorte de personnages maléfiques, malfrats hideux comme la Chouette, Tortillard - un anti-Gavroche -, le Maître d'école ou Bras-Rouge, criminels du grand monde comme le comte de Saint-Remy, monstres hypocrites comme le notaire Jacques Ferrand. Eugène Sue n'est pas avare de noirceur. Mais il y a aussi une sauvagerie du Bien, celle de Rodolphe, prince mélancolique venu à Paris à la recherche de sa fille perdue, impitoyable avec les méchants qu'il punit au mépris des lois. On doit à sa cruauté quelques-unes des scènes les plus stupéfiantes du roman : le châtiment du Maître d'école, ou le supplice de luxure imposé à Jacques Ferrand. Cette cruauté contraste avec la pureté morale de Fleur-de-Marie, comme avec la face solaire de Rodolphe, providence de tous les malheureux honnêtes dont il croise le chemin. Le roman exprime dans son ensemble une quête assoiffée de régénération morale de la société, par l'amélioration des mécanismes préventifs et répressifs - c'est le sens de l'engagement de Sue en faveur de l'encellulement des criminels - ainsi que par l'invention de mécanismes d'incitation au Bien, police ou tribunal de la Vertu, qui doivent récompenser publiquement les actions exemplaires.» Judith Lyon-Caen.
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Romans, cinéma, théâtre, un parcours 1943-1993
Marguerite Duras
- Gallimard
- Quarto
- 13 Février 1997
- 9782070744916
«Ça rend sauvage, l'écriture. On rejoint une sauvagerie d'avant la vie. Et on la reconnaît toujours, c'est celle des forêts, celle ancienne comme le temps. Celle de la peur de tout, distincte et inséparable de la vie même. On est acharné. On ne peut pas écrire sans la force du corps. Il faut être plus fort que soi pour aborder l'écriture, il faut être plus fort que ce qu'on écrit.» Duras, 1993.
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«Il y a trois façons de se sentir en vie, vraiment vivants : être en amour, être en littérature, être en analyse. Cette phrase de Julia Kristeva me revient au moment de composer ce volume qui incite à trouver une continuité, sinon un sens, à une suite de romans écrits parfois il y a plus de trente ans et rarement relus. Pour se repérer dans le labyrinthe, c'est le fil du désir qu'il faut tirer, et lui seul. Le désir, mot aimé, mot aimant, mot qui m'aimante, s'entend ici dans son acception la plus large et la plus précise, celle de son étymologie. Désirer, c'est-à-dire se dé-sidérer, sortir littéralement de la sidération, de l'immobilité peureuse qui nous empêche de vivre. Mes romans et récits obéissent tous au même élan, ils témoignent chacun à sa manière d'un mouvement continu pour défier le côté mortifère de la vie. Leurs personnages, des femmes souvent, cherchent plus ou moins timidement l'autre côté, l'envie de vivre, l'énergie vitale, ils montrent une sorte d'acharnement au désir. Ils se rêvent en inventeurs d'un trésor. Ce choix de textes se veut un kaléidoscope. L'amour, les livres qu'on lit, ceux qu'on écrit, le besoin de comprendre y donnent leurs principales couleurs aux fragments qui le composent, dont l'agencement renouvelé n'a qu'un seul but : créer une belle forme au fond de la lorgnette où l'oeil se colle.» Écrire, pour Camille Laurens, c'est enfreindre la loi du silence - et la recommandation familiale, celle de se taire. Écrire, c'est jouer avec la richesse des mots et les circonvolutions de la langue. Écrire, c'est sa réponse à un désir impérieux, celui de vivre et d'être en vie. Par les documents personnels et le choix d'entretiens, s'érige un pont entre vie et écriture, fiction et réalité, présence et absence, véritable fil d'Ariane tendu au lecteur, destiné à déambuler dans l'oeuvre «labyrinthique» de Camille Laurens, depuis son premier roman Index (1991) jusqu'à Fille (2020).
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Nous devons à André Lanly, éminent philologue et professeur émérite à l'université de Nancy, d'avoir servi l'un des monuments les plus difficiles à déchiffrer de la littérature française en osant lui donner sa forme moderne. C'en est fini des obstacles de l'orthographe, du doute sur le sens des mots, de l'égarement suscité par la ponctuation. Lire ce chef-d'oeuvre devient ici un pur bonheur. «Ce ne sont pas mes actes que je décris, c'est moi, c'est mon essence. J'estime qu'il faut être prudent pour juger de soi et tout aussi scrupuleux pour en porter un témoignage soit bas, soit haut, indifféremment. S'il me semblait que je suis bon et sage, ou près de cela, je l'entonnerais à tue-tête. Dire moins de soi que la vérité, c'est de la sottise, non de la modestie. Se payer moins qu'on ne vaut, c'est de la faiblesse et de la pusillanimité, selon Aristote. Aucune vertu ne se fait valoir par le faux, et la vérité n'est jamais matière d'erreur. Dire de soi plus que la vérité, ce n'est pas toujours de la présomption, c'est encore souvent de la sottise. Être satisfait de ce que l'on est et s'y complaire outre mesure, tomber de là dans un amour de soi immodéré est, à mon avis, la substance de ce vice [de la présomption]. Le suprême remède pour le guérir, c'est de faire tout le contraire de ce que prescrivent ceux qui, en défendant de parler de soi, défendent par conséquent d'appliquer sa pensée à soi. L'orgueil réside dans la pensée. La langue ne peut y avoir qu'une bien lègère part.» Les Essais, Livre II, chapitre VI.
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Nouvelle édition sous étui illustré en 2020