«Sans me vanter, je suis exceptionnellement doué pour faire d'une vie qui aurait tout pour être heureuse un véritable enfer.»Janvier 2015, Emmanuel Carrère rejoint un stage intensif de méditation. Son but : écrire un petit livre souriant et subtil sur le yoga. Mais son projet est bouleversé lorsqu'il est diagnostiqué bipolaire de type II. S'ensuivent une lourde dépression, une aventure passionnelle, un séjour en hôpital psychiatrique, des attentats, des deuils et un atelier d'écriture sur une île grecque. Par une écriture sublimée, Emmanuel Carrère nous transporte dans son intimité la plus profonde et sa quête d'unité perdue.
«Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même. L'enquête a révélé qu'il n'était pas médecin comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu'il n'était rien d'autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien. Près d'être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.Je suis entré en relation avec lui, j'ai assisté à son procès. J'ai essayé de raconter précisément, jour après jour, cette vie de solitude, d'imposture et d'absence. D'imaginer ce qui tournait dans sa tête au long des heures vides, sans projet ni témoin, qu'il était supposé passer à son travail et passait en réalité sur des parkings d'autoroute ou dans les forêts du Jura. De comprendre, enfin, ce qui dans une expérience humaine aussi extrême m'a touché de si près et touche, je crois, chacun d'entre nous.»
V13 : c'est le nom de code du procès des attentats terroristes qui, le vendredi 13 novembre 2015, ont causé 130 morts au Stade de France, sur des terrasses de l'est parisien, dans la salle de concert du Bataclan.14 accusés, 1800 parties civiles, 350 avocats, un dossier haut de 53 mètres : ce procès hors norme a duré neuf mois, de septembre 2021 à juin 2022. Je l'ai suivi, du premier au dernier jour, pour l'hebdomadaire L'Obs.Expérience éprouvante, souvent bouleversante, fascinante même quand elle était ennuyeuse.Une traversée.
«À quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari.
Quelqu'un m'a dit alors : tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire? C'était une commande, je l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé à raconter l'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal d'instance de Vienne (Isère).
Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et surtout d'amour.
Tout y est vrai.»
"A un moment de ma vie, j'ai été chrétien. Cela a duré trois ans. C'est passé. Affaire classée, alors ? Il faut qu'elle ne le soit pas tout à fait pour que, vingt ans plus tard, j'aie éprouvé le besoin d'y revenir. Ces chemins du Nouveau Testament que j'ai autrefois parcourus en croyant, je les parcours aujourd'hui - en romancier ? en historien ? Disons en enquêteur. "
«Limonov n'est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l'underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d'un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l'immense bordel de l'après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d'un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement.» Emmanuel Carrère.
A la fois quête des origines, carnet de bord, récit d'un fait divers et d'une passion amoureuse, Un roman russe est une oeuvre autobiographique dense et captivante. Emmanuel Carrère y restitue avec talent la complexité d'un homme dont la vie ressemble à ses livres.
Un matin, le mari d'Agnès rase sa moustache qu'il porte depuis dix ans, sans le lui dire, pour la surprendre. Mais sa femme ne réagit pas, pas plus que son entourage qui feint de ne l'avoir remarqué. Quand ce dernier insiste, prenant à témoin ses amis, son entourage, on lui assure qu'il n'a jamais eu de moustache. Sa femme lui montre même des photos, pour lui montrer qu'il a coupé une moustache qui n'a jamais existé.
Le narrateur, exaspéré, sourit jaune. Tellement jaune que, bientôt, il ne sourit plus du tout. Est-il fou ? Ou voudrait-on le lui faire croire ? Quelque chose dans l'ordre du monde ce serait-il détraquer à ses dépens ? A partir de ce canular innocent, le monde se dérègle et entraîne progressivement le héros dans une folie montante.
Dès le début de cette histoire, une menace plane sur Nicolas. Nous le sentons, nous le savons, tout comme il le sait, au fond de lui-même l'a toujours su. Pendant la classe de neige, ses peurs d'enfant vont tourner au cauchemar. Et si nous ignorons d'où va surgir le danger, quelle forme il va prendre, qui va en être l'instrument, nous savons que quelque chose est en marche. Quelque chose de terrible, qui ne s'arrêtera pas.
L'existence de Philip K. Dick, illustre auteur de science-fiction, fut soumise à la force débordante de son imagination. Tour à tour époux modèle, grand psychotique, fervent catholique ou encore junkie, un doute incessant l'habite : Sommes-nous vraiment réels ? Vivants ou bien morts ? Les multiples détails de sa vie permettent de mieux saisir les dérives de cet excentrique. D'effleurer le génie de celui qu'on disait fou, névrosé et paranoïaque.
Ce livre réunit des articles d'Emmanuel Carrère depuis 25 ans. De L'Obs à La Règle du jeu , enpassant par Les Inrockuptibles ou XXI , de l'amour à la politique, du cinéma à la société et desfaits divers à l'intime, on y vit avec l'auteur, ses doutes, ses échecs (une calamiteuse interviewde Catherine Deneuve...), ses enthousiasmes, de Truman Capote à Sébastien Japrisot, d'AlanTuring à Luke Rhinehart. On plonge dans de grands reportages sur la Roumanie, sur une junkieaméricaine, sur la Russie, sur le forum de Davos. On lit aussi des préfaces à Moll Flandersde Defoe, aux nouvelles de Philip K. Dick ou encore à Epépé de Ferenc Karinthy. L'auteur estmême « envoyé spécial dans le coeur des hommes » et, plus particulièrement, dans le sien.
Frédérique est professeur de collège. Elle vit avec son fils Quentin, séparée de son mari Jean-Pierre, qu'elle voit souvent, avec qui elle passe parfois des vacances. Ainsi les quelques jours de la Toussaint, à Trouville. Si on allait finir la soirée au casino ? La roulette ? Un jeu simple. Frédérique a trente-six ans. Elle joue pour la première fois le 36, perd, rejoue, gagne. Et rentre à Paris. Elle étudie, comme on prépare un concours, les différentes catégories de mises : plein, transversale, cheval, sizain... Et repart jouer. Par passion ? Allons donc. Ces vertiges lui font mal. Son lot, c'est l'envie de les éprouver. Un jour pourtant, sans rien décider, elle abandonne à la roulette la conduite de sa vie et se met au pied du mur, en espérant, après l'avoir sauté, être enfin délivrée, hors d'atteinte...
Au début de l'été 1816 - un été pourri -, le hasard réunit au bord du lac de Genève Lord Byron, son médecin Polidori, le poète Shelley et sa très jeune femme, Mary. Pour divertir la compagnie, Byron proposa que chacun écrivit un récit terrifiant. Ce pari, une série de conversations nocturnes et un cauchemar inspirèrent à Mary Shelley son roman Frankenstein. Cette anecdote d'histoire littéraire et un jeu de société forment le point de départ de Bravoure. Pour connaître le point d'arrivée, le mieux est encore de retourner le livre et de commencer à la première page.
Ce roman, le premier d'Emmanuel Carrère a été publié en 1983 chez Flammarion. C'est une histoire qui n'est ni tout à fait vraie, ni tout à fait rêvée. C'est une belle histoire, aussi exaltante que les récits d'aventure ou d'initiations les plus emportés, avec, en plus ce côté inaugural, fou et touffu des premiers textes de génie.
Une nuit, un scénariste de Hollywood imagina en rêve la plus gracieuse et originale des histoires. Du début à la fin, il en suivit la progression dramatique imparable, les péripéties, l'agencement ingénieux et naturel. Dans un demi-sommeil, il griffonna quelques mots qui, peut-être, lui permettraient de reconstituer la merveille, le lendemain. Au matin, il trouva sur son bloc le résumé lapidaire de ce qui lui avait paru si neuf - et qui l'était, n'en doutons pas : Boy meets girl. On pourrait résumer ainsi L'Amie du jaguar : un garçon rencontre une fille. Son sujet choisi, l'auteur a tâché d'organiser cette rencontre et de raconter ce qui en résulte selon la capricieuse nécessité qui, dans son rêve, avait émerveillé le scénariste. Ainsi est-il question, dans ce roman, des rites funéraires en usage dans la colonie française de Surabaya (Indonésie), d'un jeu appelé le loto chantant, des rapports entre les sentiments exprimés dans une lettre et le bureau de poste choisi pour l'expédier, de stations prolongées dans des ascenseurs, de parenthèses, d'un ou plusieurs crimes atroces dissimulés dans un manuel de graphologie, de grimaces, de quatorze karatékas, d'un trafic de zombies entre Biarritz et Surabaya, d'amour surtout et de fabulations. Cette liste, bien entendu, n'est pas exhaustive.
À partir de ces éléments si divers, à partir de ce foisonnement, l'auteur a bâti une construction savante, solide, comme un roman policier où chaque détail, aussi infime soit-il, a son importance, dont les brusques accélérations, les tournants imprévus, les rebondissements inattendus, le suspense témoignent beaucoup plus que de l'aisance prometteuse d'un jeune romancier d'alors 25 ans.
Dès le début de cette histoire, une menace plane sur son petit héros : nous le sentons, nous le savons, tout comme lui le sait, l'a toujours su. Pourtant, quoi de plus ordinaire qu'une classe de neige? Mais celle-ci, à partir d'un incident apparemment mineur (son père qui l'a amené en voiture repart en emportant les affaires de l'enfant) va tourner au cauchemar. Et si nous ignorons d'où va surgir le danger, quelle forme il va prendre, qui va en être l'instrument, nous savons que quelque chose est en marche, qui ne s'arrêtera pas.
Ce roman impitoyablement écrit raconte l'un des pires malheur qui puisse arriver à un enfant, un malheur, né autant de son imagination que du monde qui l'entoure, et contre lequel il sera totalement démuni car il touche le coeur de ce qui fait sa faiblesse, sa vulnérabilité et le prive de toute issue, de tout recours.
Prix Femina 1995
Selected as a Book of the Year 2017 in The Times THE SUNDAY TIMES BESTSELLER ON THE SATURDAY MORNING OF JANUARY 9, 1993, WHILE JEAN CLAUDE ROMAND WAS KILLING HIS WIFE AND CHILDREN, I WAS WITH MINE IN A PARENT-TEACHER MEETING...
With these chilling first words, acclaimed master of psychological suspense, Emmanuel Carrere, begins his exploration of the double life of a respectable doctor, eighteen years of lies, five murders, and the extremes to which ordinary people can go.
'As a writer, Carrere is straight berserk; as a storyteller he is so freakishly talented, so unassuming in grace and power that you only realize the hold he's got on you when you attempt to pull away... You say: True crime and literature? I don't believe it. I say: Believe it' Junot Diaz 'Mesmerising' Sunday Telegraph 'Stunning' Evening Standard 'Unputdownable' Washington Post 'A masterpiece' New York Times
Entre Uchon (Saône-et-Loire) et Uckange (études historiques), il n'y a rien. Dans le catalogue des matières de la Bibliothèque Nationale, tout au moins. Il devrait pourtant y avoir le mot Uchronie, désignant l'histoire de ce qui aurait pu se passer et ne s'est pas passé. Le Détroit de Behring vise à combler cette lacune. Voilà qui est donc fait. L'obligation du dépôt légal et la sagacité des bibliothécaires chargés d'établir les fiches font qu'Uchronie figure désormais entre Uchon et Uckange. Supposez cependant que cet infime événement bibliographique ne se soit pas produit. Et tâchez d'en tirer les conséquences : vain dépit de l'auteur ou troisième guerre mondiale, tout dépend de votre imagination, de vos intérêts, de l'idée que vous vous faites de la causalité. Penser l'Histoire au conditionnel passé, se figurer l'état du monde si le nez de Cléopâtre avait été plus court, si Napoléon avait vaincu à Waterloo ou si l'inconnue rencontrée hier dans l'autobus avait répondu à votre sourire, c'est un jeu comme un autre. Emmanuel Carrère en expose ici les règles, en décrit les plus fameuses parties, donne voix aux regrets qui poussent à s'y livrer.
'This is a brilliant, shocking book ... also witty, painfully self-critical and humane ... it is a work of great literature' Tim Whitmarsh, Guardian ' The Kingdom , already a huge bestseller in France, is thrilling, magnificent and strange' Bryan Appleyard, Sunday Times The sensational international bestseller from one of France's most feted writers - an epic novel telling the story of Christianity as it has never been told before, and one man's crisis of faith. Corinth, ancient Greece, two thousand years ago. An itinerant preacher, poor, wracked by illness, tells the story of a prophet who was crucified in Judea, who came back from the dead, and whose return is a sign of something enormous. Like a contagion, the story will spread over the city, the country and, eventually, the world. Emmanuel Carrere's astonishing historical epic tells the story of the mysterious beginnings of Christianity, bringing to life a distant, primeval past of strange sects, apocalyptic beliefs and political turmoil. In doing so Carrere, once himself a fervent believer, questions his own faith, asks why we believe in resurrection, and what it means. The Kingdom is his masterpiece. 'An utterly brilliant book' Catherine Nixey, The Times
FROM THE AUTHOR OF THE ADVERSARY When he shaves off his moustache in a bid to surprise his wife, Carrere's hero is launched into an absurd world where his own closest friends don't recognize him and where, it seems, his former moustache has never existed at all. . .
The Moustache is a destabilizing and surreal blend of comedy, acute psychological insight and fascinating philosophical conjecture.
'As a storyteller Carrere is so freakishly talented, so unassuming in grace and power that you only realise the hold he's got on you when you attempt to pull away.' Junot Diaz
Le mari d'Agnès, un matin, rase sa moustache, sans le lui dire, pour la surprendre. Mais elle ne remarque rien et prend à témoin ses amis, son entourage, appuyée par des photos, pour montrer à son mari qu'il a coupé une moustache qui n'a jamais existé. A partir de ce canular innocent, le monde se dérègle et monte la folie. Ayant vidé la poubelle sur le trottoir, il trouva vite le sac qu'on plaçait dans la salle de bains, en retira des cotons-tiges, un vieux tube de dentifrice, un autre de tonique pour la peau, des lames de rasoir usagées. Et les poils étaient là. Pas tout à fait comme il l'avait espéré : nombreux, mais dispersés, alors qu'il imaginait une touffe bien compacte, quelque chose comme une moustache tenant toute seule. Il en ramassa le plus possible, qu'il recueillit dans le creux de sa main, puis remonta. Il entra sans bruit dans la chambre, la main tendue en coupelle devant lui et, s'asseyant sur le lit à côté d'Agnès apparemment endormie, alluma la lampe de chevet. Elle gémit doucement puis, comme il lui secouait l'épaule, cligna des yeux, grimaça en voyant la main ouverte devant son visage.
-Et ça, dit-il rudement, qu'est-ce que c'est ?
La littérature française est vivante. De jeunes auteurs s'y révèlent, avec une oeuvre dont les contours, l'univers, le style s'affirment.
« Écrivains d'aujourd'hui » propose de les découvrir dans leur diversité, ou d'apprendre à les percevoir autrement. Réalisé par la rédaction de La Revue Littéraire, ce volume comprend : un grand entretien avec Emmanuel Carrère sur son oeuvre en cours d'élaboration des notes de lecture sur chacun des livres publiés à ce jour, de La Moustache à Un roman russe, en passant par La Classe de neige ou L'Adversaire.
La littérature française est vivante. De jeunes auteurs s'y révèlent, avec une oeuvre dont les contours, l'univers, le style s'affirment.
"Écrivains d'aujourd'hui " propose de les découvrir dans leur diversité, ou d'apprendre à les percevoir autrement.
Réalisé par la rédaction de La Revue Littéraire, ce volume comprend : un grand entretien avec Emmanuel Carrère sur son oeuvre en cours d'élaboration, des notes de lecture sur chacun des livres publiés à ce jour, de La Moustache à Un roman russe, en passant par La Classe de neige ou L'Adversaire, un choix d'extraits, une chronologie.