Dans le gigantesque massif de prose que nous a laissé Simone de Beauvoir, Yan Hamel a préféré faire ressortir les pages que la philosophe a consacrées non pas aux marches revendicatives mais aux randonnées en montagne, où, turban au vent, elle escalade des sentiers escarpés, partant à l'aventure pédestre avec quelques compagnons, constamment téméraire, défiant le danger quand Sartre peine à la suivre... De toutes les figures du « Castor », caricaturales ou admiratives, Yan Hamel - qui a emprunté les mêmes itinéraires - en offre une fraîche, originale, singulière et drôle, celle de la trekkeuse.
La Seconde Guerre mondiale est un des événements les plus traumatiques vécus en Europe au cours du XXe siècle. C´est aussi l´un des plus commentés, discutés, mis en récit. C´est précisément à l´étude de ces romans que se consacre Yan Hamel dans La bataille des mémoires.
Cette étude est nécessaire parce que plusieurs des plus grands écrivains contemporains ont essayé de donner un sens à ce qui ne paraissait pas en avoir. La bataille des mémoires fait entendre les voix de Vercors et de Julien Gracq, de Lydie Salvayre et de Marguerite Duras, de Romain Gary et de Louis-Ferdinand Céline, de Jorge Semprun et de Jean Rouaud, de Jean Genet et de Michel Tournier, sans oublier celles de Simone de Beauvoir, Roger Nimier, Roger Vailland, Marcel Aymé, Claude Simon et Patrick Modiano.
Il fallait aussi se pencher sur leurs oeuvres, car elles soulèvent des problèmes fondamentaux. Comment arrive-t-on à dire ce qui paraît si difficile à dire : la guerre, la mort, l´oubli ? Que peut la littérature devant une tragédie comme celle des années 1939-1945 ? Les écrivains peuvent-ils rester à l´écart des drames de leur époque et ne pas s´engager ? Voici quelques-unes des questions difficiles, et essentielles, auxquelles La bataille des mémoires apporte des réponses.
Yan Hamel est chercheur post-doctoral au Département des lettres françaises de l´Université d´Ottawa. Il a publié plusieurs articles sur la littérature française contemporaine et il a coédité deux volumes collectifs : Victor Hugo (2003-1802) (2003) et Des mots et des muscles ! (2005).
Tout au long de sa vie, Jean-Paul Sartre a porté un intérêt soutenu aux États-Unis et à leur culture. Tout petit, accompagné de sa maman, Poulou fouille fiévreusement les boîtes des bouquinistes, espérant trouver une autre aventure de Nick Carter ou de Buffalo Bill. Devenu grand, le romancier fait découvrir à Antoine Roquentin, dans La nausée, les lois de la contingence après lui avoir fait réentendre un vieux ragtime ; il caricature le racisme sévissant au sud de la ligne Mason-Dixon dans La putain respectueuse ; et après lexécution des époux Rosenberg, il publie une lettre ouverte accusant les Américains dêtre des « animaux malades de la rage ».
Il y a aussi des récits de rêve new-yorkais dans Limaginaire, des références au jazz dans Huis clos, un reportage sur Hollywood dans le journal Combat, sans oublier, dans les mois précédant lexplosion de Mai 1968, un grand tribunal populaire destiné à juger les crimes contre lhumanité commis par larmée américaine au Vietnam Yan Hamel montre dans ce livre important comment lAmérique devient chez Sartre et dans la culture française en général une constellation de représentations contradictoires.
Dirigé par Catherine Cyr, le dossier analyse quelques-unes des formes que revêt aujourd'hui la mise en action du spectateur au théâtre. Alors qu'Anyssa Kapelusz aborde le passage de la « participation » au « participatif », Gilbert Turp analyse la fragile relation qui unit l'acteur au spectateur. Certains textes posent leur éclairage sur une pratique ou une oeuvre en particulier, comme un parcours ambulatoire créé par Sophie Cadieux et Alexia Bürger ou une pièce présentée dans un hôtel abandonné de New York. On trouve aussi dans ce numéro un portrait du dramaturge Jean-Paul Quéinnec et le compte rendu d'un colloque consacré aux enjeux du son au théâtre.
C'est un fait connu, souvent étudié dans ses tenants mais curieusement peu dans ses aboutissants : le roman est un genre sans règles autres que tacites. Si le moment de sa naissance est l'objet d'infinis débats, tant ses origines se perdent dans un lacis de formes anciennes ou peuvent être rapportées à des événements (le passage à la langue romane, l'avènement des Temps modernes) ou des oeuvres (Don Quichotte, Robinson Crusoé, La princesse de Clèves) qui en marqueraient sinon le véritable commencement tout au moins le commencement symbolique, la question de sa suite ou plus exactement de sa poursuite reste un chantier encore largement ouvert. Comment, en effet, le roman se transmet-il, en l'absence d'un cadre poétique fixe, comme une forme toujours disponible et toujours vivante ? L'étude de Thomas Pavel sur La pensée du roman apporte à ces questions plusieurs réponses, au premier chef celle qui constitue l'objet même de son livre : le roman se maintient dans le temps par sa tâche, à la fois spécifique et inépuisable, de mettre en scène les mondes idéaux que nous imaginons pour guider nos vies. Mais une autre réponse, non moins importante, traverse toute l'étude. Le roman, suggère Thomas Pavel, se transmet de façon « coutumière ».
Un lieu archi-commun de l'histoire littéraire veut que Jean-Paul Sartre soit un auteur pour qui le rapport à l'autre homme de lettres se réalise toujours sur le mode de l'agression. Qui ne connaît les célèbres éreintements réservés à François Mauriac, Maurice Blanchot ou Albert Camus ? On a même voulu faire croire à une rivalité secrète opposant Sartre et Simone de Beauvoir... Pourtant, les oeuvres de Sartre, comme celles de tout autre écrivain, ont la littérature en partage. La nausée, Le mur, Les mouches, Le sursis, Qu'est-ce que la littérature ?, Les séquestrés d'Altona, Les mots, L'idiot de la famille entretiennent des échanges multiples avec des textes phares signés par des auteurs aussi divers que Miguel de Cervantès, Guy de Maupassant, Roger Martin du Gard, Georges Bataille, Ernest Hemingway, Jacques Rancière et bien d'autres encore. C'est en faisant voir cette interdépendance, trop souvent laissée de côté, que les articles réunis dans « Jean-Paul Sartre, la littérature en partage » montrent comment les différentes facettes de l'écriture et de l'imaginaire sartriens sont inextricablement liées à la littérature qui se fait.
Renouant avec la formule des numéros « Lectures », « Variétés » et « Lectures singulières », parus dans les années 1980 et 1990, Études françaises publie dans la présente livraison une série d'articles librement assemblés. De tels numéros fournissent l'occasion de mettre en valeur la diversité des recherches dans le domaine littéraire, une diversité que les dossiers thématiques, avec leurs contraintes, ne permettent pas toujours d'accueillir. De Proust aux littératures numériques, du roman à l'hypertexte en passant par la poésie, les études réunies ici abordent toutes des objets différents, et cela, selon des questions et des approches elles-mêmes fort variées.
Le courant du gothique offre de manière renouvelée ses séductions macabres depuis des siècles. XYZ. La revue de la nouvelle vous invite à vous laissez séduire, à ne pas résister à l'attrait des ruines brumeuses, des cimetières baignés de lune, des ruelles enténébrées. N'ayez crainte et plongez dans les univers glauques et mystérieux des nouvellistes au sommaire du numéro Gothique : Claude La Charité (« La main d'Ibycus »), Martine Desjardins (« Nuit d'initiation »), Ghislain Cadieu (« Le voisin d'en haut »), Michel Lord (« L'ombre de Balsamo »), Philippe Labarre (« Le vaisseau d'or ») et Ariane Gélinas (« Floraisons »). Hors-thème, lisez les fictions brèves de Yan Hamel (« Gare Montparnasse »), Gabrielle Chevarier (« Ostinato », Chantal Fortier (« Dans l'oeil de l'oursin »), Antoine Dion-Ortega (« Mondanités ») et Emmanuelle Cornu (« Sylvie se prend pour un arbre »). Le numéro est clos par les recensions des recueils récents de Bernard Émond (Quatre histoires de famille), Gilles Pellerin (Horoscopiques) et Stéphanie Pelletier (Ce qui brûle bien).