«De ce problème, vraiment primordial, posé à l'âme naïve par les phénomènes du feu, la science contemporaine s'est presque complètement détournée. Les livres de Chimie, au cours du temps, ont vu les chapitres sur le feu devenir de plus en plus courts. Et les livres modernes de Chimie sont nombreux où l'on chercherait en vain une étude sur le feu et sur la flamme. Le feu n'est plus un objet scientifique. Le feu, objet immédiat saillant, objet qui s'impose à un choix primitif en supplantant bien d'autres phénomènes, n'ouvre plus aucune perspective pour une étude scientifique. Il nous paraît alors instructif, du point de vue psychologique, de suivre l'inflation de cette valeur phénoménologique et d'étudier comment un problème, qui a opprimé la recherche scientifique durant des siècles, s'est trouvé soudain divisé ou évincé sans avoir été jamais résolu.» Gaston Bachelard.
Gaston Bachelard L'Eau et les rêves C'est près de l'eau que j'ai le mieux compris que la rêverie est un univers en émanation, un souffle odorant qui sort des choses par l'intermédiaire d'un rêveur. Si je veux étudier la vie des images de l'eau, il me faut donc rendre leur rôle dominant à la rivière et aux sources de mon pays.
Je suis né dans un pays de ruisseaux et de rivières, dans un coin de Champagne vallonnée, dans le Vallage, ainsi nommé à cause du grand nombre de ses vallons. La plus belle des demeures serait pour moi au creux d'un vallon, au bord d'une eau vive, dans l'ombre courte des saules et des osières.
Gaston Bachelard.
A l'écoute de l'eau et de ses mystères, Gaston Bachelard entraîne son lecteur dans une superbe méditation. Plongée fascinante depuis les surfaces brillantes et claires, où naissent les images fugitives, jusqu'aux profondeurs obscures, où gisent mythes et fantasmes. Le texte d'un philosophe érudit métamorphosé en poète.
La Poétique de l'espace explore, à travers les images littéraires, la dimension imaginaire de notre relation à l'espace, en se focalisant sur les espaces du bonheur intime. Le « philosophe-poète » que fût Gaston Bachelard entend ainsi aider ses lecteurs à mieux habiter le monde, grâce aux puissances de l'imagination et, plus précisément, de la rêverie. Aussi l'ouvrage propose-t-il tout d'abord une suite de variations poético-philosophiques sur le thème fondamental de la Maison, de celle de l'être humain aux « maisons animales » comme la coquille ou le nid, en passant par ces « maisons des choses » que sont les tiroirs, les armoires et les coffres.
Il ouvre de la sorte une ample réflexion sur l'art d'habiter le monde, impliquant une dialectique de la miniature et de l'immensité, puis du dedans et du dehors, qui s'achève par une méditation des images de la plénitude heureuse, condensant les enjeux anthropologiques, métaphysiques et éthiques de cette oeuvre sans précédent.
Gaston Bachelard L'Air et les Songes Essai sur l'imagination du mouvement Tous les êtres qui aiment la grande rêverie simplifiée, simplifiante, devant un ciel qui n'est rien autre chose que « le monde de transparence », comprendront la vanité des « apparitions ». Pour eux, la « transparence » sera la plus réelle des apparences. Elle leur donnera une leçon intime de lucidité. Si le monde est aussi volonté, le ciel bleu est volonté de lucidité. Le « miroir sans tain » qu'est un ciel bleu éveille un narcissisme spécial, le narcissisme de la pureté, de la vacuité sentimentale, de la volonté libre. Dans le ciel bleu et vide, le rêveur trouve le schème des « sentiments bleus » de la « clarté intuitive », du bonheur d'être clair dans ses sentiments, ses actes et ses pensées. Le narcisse aérien se mire dans le ciel bleu.
G. B.
Penser le temps peut aider à mieux vivre, à condition de se défaire des métaphores qui assimilent la durée à un flux ininterrompu ou à une continuité mélodique. Contre Bergson, Bachelard soutient que la durée, loin d'être un tissu indéchirable, une enveloppe qui nous berce ou qui nous porte, a un caractère essentiellement composite. Elle se forme sur la base discontinue des actes de l'esprit. Pour vérifier cette thèse, Bachelard aborde tour à tour la psychologie de la mémoire et de l'action volontaire, les formes de la causalité en physique, l'observation des phénomènes quantiques, l'esthétique musicale et poétique, les compositions temporelles du sentiment, de la pensée abstraite et de la vie morale. Il en dégage cette leçon générale : durer, c'est ordonner de loin en loin des instants actifs ; c'est composer des rythmes. L'approfondissement métaphysique de cette idée conduit Bachelard à dégager ce qu'il tient pour le noyau « dialectique » de l'expérience temporelle, et plus généralement de la vie de l'esprit : l'oscillation entre activité et repos, être et néant. Le projet de « rythmanalyse » sur lequel débouche cette étonnante enquête suggère que le secret philosophique du repos est dans une existence bien rythmée. De nombreuses applications permettent d'en vérifier l'idée : de l'homéopathie à la chronobiologie, en passant par le travail poétique des ambivalences sentimentales ou l'analyse de « l'état lyrique ». Accompagnée d'une présentation, de notes explicatives, d'une table analytique, d'un index et d'une bibliographie, cette édition permettra à chacun de prendre la mesure de l'originalité et de l'audace d'un essai de philosophie expérimentale qui n'a rien perdu de son actualité depuis sa première publication en 1936.
« L'exigence phénoménologique à l'égard des images poétiques est d'ailleurs simple : elle revient à mettre l'accent sur leur vertu d'origine, à saisir l'être même de leur originalité et à bénéficier ainsi de l'insigne productivité psychique qui est celle de l'imagination. » Mais comment et pourquoi vouloir inscrire les images poétiques créées par la rêverie, temps distendu, fuite hors du réel, dans « le lourd appareil philosophique qu'est la méthode phénoménologique ? » C'est le défi paradoxal auquel répond Gaston Bachelard dans ce livre :
« J'ai choisi la phénoménologie dans l'espoir de réexaminer d'un regard neuf les images fidèlement aimées ».
« Saisir la pensée scientifique contemporaine dans sa dialectique et en montrer ainsi la nouveauté essentielle, tel est le but philosophique de ce petit livre. » Cette phrase de Gaston Bachelard donne l'ambition du projet.
En prenant pour modèle la révolution axiomatique des géométries non-euclidiennes, Bachelard démontre dans cet ouvrage publié pour la première fois en 1934 la nouveauté des théories physiques contemporaines - théorie de la relativité restreinte et générale et mécanique quantique. Celles-ci ont modifié les bases du savoir et rompu avec les représentations classiques. Bachelard en induit la nécessité de réviser en profondeur nos conceptions métaphysiques et les images qui s'y rattachent. Il analyse ainsi comment la relativité einsteinienne transforme les notions de temps et d'espace et la microphysique périme la notion de « chose ».
À la lumière de ses analyses, la méthode scientifique apparaît comme « noncartésienne », c'est-à-dire qu'elle ne s'appuie plus sur un fondement absolu et des idées simples mais consiste, au contraire, à réviser constamment ses hypothèses pour mieux épouser la complexité des phénomènes.
" c'est surtout en approfondissant la notion d'obstacle épistémologique qu'on donnera sa pleine valeur spirituelle à l'histoire de la pensée scientifique.
Trop souvent, le souci d'objectivité qui amène l'historien des sciences à répertorier tous les textes ne va pas jusqu'à mesurer les variations psychologiques dans l'interprétation d'un même texte. a une même époque, sous un même mot, il y a des concepts si différents ! ce qui nous trompe, c'est que le même mot à la fois désigne et explique. la désignation est la même ; l'explication est différente.
Par exemple, au téléphone correspondent des concepts qui diffèrent totalement pour l'abonné, pour la téléphoniste, pour l'ingénieur, pour le mathématicien préoccupé des équations différentielles du courant téléphonique. l'épistémologue doit donc s'efforcer de saisir les concepts scientifiques dans des synthèses psychologiques effectives, c'est-à-dire dans des synthèses psychologiques progressives, en établissant, à propos de chaque notion, une échelle de concepts, en montrant comment un concept en a produit un autre, s'est lié avec un autre.
Alors il aura quelque chance de mesurer une efficacité épistémologique. aussitôt, la pensée scientifique apparaîtra comme une difficulté vaincue, comme un obstacle surmonté ".
Gaston Bachelard L'Intuition de l'instant La durée intime, c'est toujours la sagesse. Ce qui coordonne le monde, ce ne sont pas les forces du passé, c'est l'harmonie tout en tension que le monde va réaliser. On peut parler d'une harmonie préétablie dans les choses, il n'y a d'action que par une harmonie préétablie dans la raison. Toute la force du temps se condense dans l'instant novateur où la vue se dessille, près de la fontaine de Siloë, sous le toucher d'un divin rédempteur qui nous donne d'un même geste la joie et la raison, et le moyen d'être éternel par la vérité et la bonté.
Gaston Bachelard.
Qu'est-ce que le temps ? Que faut-il entendre par « durée », « instant », « moment » ? Y a-t-il un fondement à la réalité ? Pour Gaston Bachelard, la vérité est avant tout une histoire, une perception du vrai, admise aujourd'hui, niée demain ; le monde est imaginé avant d'être vu et remémoré.
Un essai limpide, qui est aussi une excellente introduction à une philosophie originale où le poème et le théorème ne s'excluent pas. Un hommage de la pensée à la pensée.
Suivi de l'Introduction à la poétique de Bachelard par Jean Lescure.
Gaston Bachelard (1884-1962) est le premier à avoir pris comme principal sujet de recherche l'imagination de la matière. Ses neufs grands ouvrages (traduits dans plusieurs langues) ont renouvelé durablement la critique.
Avec La terre et les rêveries du repos, Bachelard analyse les rêves d'enracinement comme d'intimité et étudie « la vie souterraine comme image du repos ».
« Je ne crois pas nécessaire de camper ici un portrait de Bachelard. Toute la presse s'en est chargée dans la dernière année de sa vie. Elle n'a rien laissé ignorer de cet homme trapu, râblé et d'une corpulence tout à fait 1900. Tout le
monde sait maintenant qu'il avait le visage même du philosophe, tel du moins que le rêve l'imagination populaire. On en a admiré la chevelure romantique et la barbe peu soucieuse du ciseau.
Ses familiers, ses étudiants savent seuls qu'il avait l'accueil jovial, la parole vive et que son rire était toujours prêt à fuser aux bons mots et même aux calembours, à ceux des autres comme aux siens que la conversation faisait
jaillir.
Bachelard forçait la sympathie dès l'abord : il n'est pas si commun de voir un grand esprit sous l'apparence d'un homme simple et comme ordinaire. Il avait conquis la mienne dès notre première rencontre, un an après la publication de son Lautréamont. »
José Corti, Souvenirs désordonnés.
« Alors, si le rêveur de flamme parle à la flamme, il parle à soi-même, le voici poète. En agrandissant le monde, le destin du monde, en méditant sur le destin de la flamme, le rêveur agrandit le langage puisqu'il exprime une beauté du monde. Par une telle expression pancalisante, le psychisme lui-même s'agrandit, s'élève. La méditation de la flamme a donné au psychisme du rêveur une nourriture de verticalité, un aliment verticalisant. Une nourriture aérienne, allant à l'opposé de toutes les «nourritures terrestres», pas de principe plus actif pour donner un sens vital aux déterminations poétiques. »
« Je ne crois pas nécessaire de camper ici un portrait de Bachelard. Toute la presse s'en est chargée dans la dernière année de sa vie. Elle n'a rien laissé ignorer de cet homme trapu, râblé et d'une corpulence tout à fait 1900. (.). Tout le monde sait maintenant qu'il avait le visage même du philosophe, tel du moins que le rêve l'imagination populaire. On en a admiré la chevelure romantique et la barbe peu soucieuse du ciseau. Ses familiers, ses étudiants savent seuls qu'il avait l'accueil jovial, la parole vive et que son rire était toujours prêt à fuser aux bons mots - et même aux calembours, à ceux des autres comme aux siens - que la conversation faisait jaillir. Bachelard forçait la sympathie dès l'abord : il n'est pas si commun de voir un grand esprit sous l'apparence d'un homme simple et comme ordinaire. Il avait conquis la mienne dès notre première rencontre, un an après la publication de son Lautréamont. Je veux dire ici ma reconnaissance à Albert Béguin... C'est à lui que je suis redevable d'être l'éditeur de Bachelard ; de Bachelard de qui les quatre livres majeurs qu'il m'a donnés ont été la semence d'où est née la critique nouvelle. » - José Corti, Souvenirs désordonnés.
Contradictions. Il établit le profil épistémologique de l?évolution, du réalisme naïf au surrationalisme en passant par le rationalisme classique et élargit le domaine de l?intuition à ce qu?il appelle une « intuition travaillée » s?exerçant dans un espace non analytique.
Sixième livre de Gaston Bachelard, Les Intuitions atomistiques (1933), constituent une curiosité dès son sous-titre : essai de classification. Loin de la méthode habituelle des philosophes, familiers des monographies, l'auteur se livre ici à des comparaisons de doctrines. Une discontinuité révélant des symétries et des antisymétries, deux systèmes de pensées, ramenés à leurs « intuitions », sont parfois réductibles à une forme unique. L'auteur n'hésite donc pas à regrouper des mondes que tout sépare : l'atomistique ancienne de Démocrite et Lucrèce, l'atomisme positiviste et criticiste, l'atomisme axiomatique de la physique moderne. Bachelard n'est pas un historien. C'est un classificateur.
L?imagination comme une puissance majeure de la nature humaine », il a ainsi ouvert de nouveaux espaces de méditation et de réflexion philosophiques dont s?inspirent encore de nombreux philosophes.
" le rationalisme est une philosophie fonctionnelle, une philosophie d'opérations ou plutôt une philosophie d'opérateurs.
Ce n'est pas une philosophie existentielle. le rationalisme ne prétend pas pénétrer dans l'individualité d'une existence. il ne commence à penser qu'en établissant des relations. ".
Dans son dernier livre La flamme d'une chandelle, Gaston Bachelard s'est défini comme un étudiant.
Nous n'avons pas cru lui être infidèle en présentant ces Etudes réfléchies, qui portent trace d'itinéraire de recherche et de problématiques. Sont ici rassemblés : Noumène et microphysique, La critique du concept de frontière épistémologique, Idéalisme discursif, Lumière et substance, et Le monde comme caprice et miniature.
Beloved and contemplated by philosophers, architects, writers, and literary theorists alike, Bachelard''s lyrical, landmark work examines the places in which we place our conscious and unconscious thoughts and guides us through a stream of cerebral meditations on poetry, art, and the blooming of consciousness itself.br>br>Houses and rooms; cellars and attics; drawers, chests and wardrobes; nests and shells; nooks and corners: no space is too vast or too small to be filled by our thoughts and our reveries.br>br>With an introduction by acclaimed philosopher Richard Kearney and a foreword by author Mark Z. Danielewski.>