Le présent travail est le fruit de sept années de recherches sur le terrain, complété par différentes missions à Hawaï, en Nouvelle-Zélande, et à Sydney, puis un travail de documentation aux Archives nationales. Claude Robineau, qui avait auparavant mené un travail socio-économique aux Comores, et des recherches d'anthropologie sociale, au Congo, se consacre à présent à l'anthropologie économique et historique des sociétés polynésiennes.
Face aux assauts de la modernité, véhiculée depuis deux siècles par le contact européen, dont le dernier avatar a consisté dans les expérimentations nucléaires menées dans l'archipel voisin des Tuamotu, les Polynésiens des îles de la Société se trouvent confrontés à un problème d'identité, qu'ils résolvent en recourant à la tradition. Tout comme les éléments étrangers se trouvent digérés à la longue dans le milieu polynésien, « tahitianisés », la modernité finit par s'enraciner en tradition, jusqu'au moment où, une nouvelle modernité faisant irruption, partira à l'assaut de cette tradition, l'oblitérera, avant - à son tour - de devenir elle-même, avec le temps, tradition.
Le premier livre, qui nous mène du coprah à l'atome, est consacré à la sociologie actuelle des Polynésiens des îles de la Société. L'analyse opère au triple niveau des maisonnées, de la communauté villageoise et de l'île, autour des thèmes essentiels : la mobilité, la parenté, le rapport à la terre, le rôle de l'Église comme structure supra familiale essentielle, le rapport à l'argent, la transformation des rapports de classes, le problème de l'emploi.
La recherche apporte, d'une part, un faisceau d'éléments qui font l'originalité de la sociologie polynésienne actuelle, idéologie du prestige, de l'aide et du don ; conception du leadership - le chef polynésien - et du pouvoir ; importance du concept de réseaux de relations ; elle expérimente, en outre, la méthode qui combine l'analyse structurale et l'analyse dynamique.
Le livre second recherche les racines, les fondements historiques de la société traditionnelle. Il montre comment cette société traditionnelle, qui s'est effondrée il y a une vingtaine d'années, est fille à la fois des novations ingérées par la formation tahitienne « moderne », au long du XIXe siècle, celle apparue avec la révolution technologique et sociale opérée à la suite de la découverte, et à la fois d'une idéologie de la société ancienne qui a survécu au naufrage de cette société.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Les techniques de la macroéconomie et de la modélisation suscitent de sérieuses réserves lorsqu'on veut s'en servir pour l'analyse des économies en développement dans les pays du Sud où le marché n'est qu'un régulateur partiel de la vie économique.
Les projets de développement ont des contraintes qui ne sont pas seulement de techniques et de coûts ; ils nécessitent une connaissance de la géographie, des économies locales, des sociétés et des cultures qui s'acquiert sur le terrain ; ils s'inscrivent dans une histoire à prendre en compte. Différentes universités, notamment celle de Bordeaux I ont cru bon de donner à leurs étudiants en doctorat une ouverture sur la recherche de terrain, ses méthodes, ses résultats.
L'anthropologie économique, entendue comme " discours " sur l'homme acteur économique, désigne un champ d'investigation privilégié. Portant son attention sur le coût social de l'ajustement structurel, la banque mondiale souligne l'actualité d'une économique à visage humain.