TRAVAIL - 11h-12h30

RENCONTRE ANIMÉE PAR OLIVIER VILAIN (Journaliste économique et politique depuis plus de 20 ans, il a écrit pour Le Canard enchaîné, Politis, Le Monde diplomatique ...).

* LAURENT POLET Le pouvoir, le bonheur, le climat : le désarroi des cadres (Éditions Le Détour)

Longtemps voués à une carrière toute tracée, les cadres qui forment nos élites, souvent issus des grandes écoles, sont aujourd’hui confrontés à la perte de sens de leur travail. Nos grandes écoles forment depuis des générations une élite intellectuelle — ou au moins économique — vouée à diriger nos grandes entreprises. Une voie royale, dont l’accès reste très exigeant. Les profondes transformations du monde du travail affectent désormais directement cette part de la société qui se sentait — jusqu’à présent — à l’abri. Confrontés à la perte de sens de leur travail, à la réduction de leur autonomie et au déclassement des quarantenaires, aujourd’hui « seniors », ces cadres, ou futurs cadres, se découvrent floués par un modèle qui leur allait si bien. D’autant plus que, formés à être des leaders, ils se voient réduits à devenir les pions d’une économie vorace, mondialisée et polluante dont ils ne partagent plus les valeurs. Il est urgent de transformer ces parcours d’excellence inféodés à la financiarisation, aveugle aux conditions de travail des salariés, aveugle à l’urgence climatique ; en un mot, aveugle au bonheur. Bifurquer est possible, mais beaucoup restent, par obligation ou par choix de changer les choses de l’intérieur. Est-il aujourd’hui possible d’oeuvrer au service de toutes et de tous ?

Ingénieur diplômé de l’école CentraleSupélec, Laurent Polet y est professeur en management depuis 2009. Il est également cofondateur de l’école Primaveras spécialisée dans l’accompagnement des cadres en quête de sens au travail.

 

* PHILIPPE ARTIÈRESLa mine en procès : : fouquières-lès-Lens, 1970 (Éditions Anamosa)

Le 4 février 1970, une explosion à la mine de Fouquières-lès-Lens provoque la mort de 16 travailleurs. S'ensuit une longue mobilisation des mineurs, syndicats, de la Gauche prolétarienne, intellectuels, artistes, ingénieurs et médecins... Cet épisode méconnu est aussi annonciateur de nouvelles modalités de luttes dont les soulèvements contemporains sont héritiers.
Le matin du 4 février 1970, une explosion dans la mine de Fouquières-lès-Lens provoque la mort de 16 travailleurs. S'ensuit une longue mobilisation dont la tenue d'un tribunal populaire à Lens le 10 décembre, sous l'autorité de Jean-Paul Sartre, constitue le point d'orgue. Une multitude d'acteurs prennent part à ce combat : mineurs et syndicalistes, intellectuels et maoïstes de la Gauche prolétarienne... Tels des lanceurs d'alerte, médecins hospitaliers et ingénieurs de l'École des mines, s'appuient sur leur savoir pour dénoncer la condition des mineurs ; un collectif de peintres (parmi lesquels Fromanger et Aillaud) soutient les familles des victimes en réalisant et vendant des oeuvres... Les nombreuses archives présentées dans ces pages, des photos aux affiches, des minutes du procès aux tracts, les voix, les visages, restituent de façon sensible la dramaturgie de l'événement et l'épaisse couche de discours qu'il a généré.
En marge des grandes dates de l'histoire, cet épisode opère ainsi une mutation majeure. La scénographie et les figures bien connues de la longue succession des drames miniers sont bouleversées par de nouvelles modalités d'action, d'inédites prises de parole et un renversement de la violence légitime. Une lutte qui résonne fortement avec certains soulèvements contemporains.

Philippe Artières est historien du contemporain. Directeur de recherches au CNRS, membre de l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux de l’EHESS à Paris-Condorcet, il a consacré une partie de ses travaux aux soulèvements des Années 68 et à leurs archives dans une perspective foucaldienne, s’attachant à mettre en évidence les modes de subjectivation à l’œuvre dans ces événements.

 

* CORALIE PEREZ - Redonner du sens au travail (Éditions Le Seuil)

Démissions en chaîne, refus des bullshit jobs, méfiance vis-à-vis des grandes entreprises, préférence pour le télétravail, réhabilitation des activités manuelles, réorientations en milieu de carrière : les questionnements sur le sens du travail n'ont jamais été aussi nombreux. La pandémie a provoqué un débat sur les travailleurs « essentiels », qui sont pourtant moins payés et considérés que les « premiers de cordée ». Quant à la crise écologique, elle impose de réorienter nos emplois. À l'heure où le management par les chiffres a envahi le secteur privé comme la fonction publique, il est crucial de s'interroger sur le contenu et la finalité de nos activités professionnelles. Il fut un temps où l'on cherchait avant tout à occuper un emploi. Aujourd'hui, il se pourrait bien que la priorité soit donnée au sens du travail. C'est là que se produit actuellement une révolution, guidée par les nouvelles exigences sociales et les défis écologiques.

Coralie Perez est socio-économiste, ingénieure de recherche à l'université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre du Centre d'économie de la Sorbonne.

  • Redonner du sens au travail : une aspiration révolutionnaire

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