Londres, 1967. Dans l'effervescence des Swinging Sixties se forme un improbable groupe de folk-rock psychédélique nommé Utopia Avenue. Chapeauté par l'excentrique manager canadien Levon Frankland, ce groupe fictif connaît une ascension fulgurante et croise la trajectoire de célébrités bien réelles telles que Syd Barrett, Francis Bacon, Leonard Cohen ou Janis Joplin.
Dans ce roman aux accents de biographie rock, David Mitchell raconte avec une minutie éblouissante le mystère de la composition de chansons, le tumulte des premiers concerts dans les bars et les sessions en studio, les rencontres décisives, les caprices du hasard, les ambitions contradictoires et les conséquences de la célébrité. Au-delà, c'est le portrait d'une époque encore toute proche qu'il dresse, celui d'un Londres où le sexe se libère et où circule le LSD, mais où certains lieux publics et emplois sont encore interdits aux Noirs et aux Irlandais.
Cela fait bientôt deux ans que Trig et Al, frère et soeur jumeaux, n'ont plus de contact avec leur père. Et voilà qu'il réapparaît dans leur vie et réclame «une dernière aventure» :
Un mois à sillonner ensemble en canoë les lacs du Canada. À la fois excités à l'idée de retrouver la complicité de leur enfance et intrigués par ces retrouvailles soudaines, les jumeaux acceptent le défi de partir au milieu de nulle part. Mais dès leur arrivée, quelque chose ne tourne pas rond, les tensions s'installent. Contrairement à ses habitudes, leur père paraît mal préparé à l'expédition, qui s'annonce pourtant périlleuse par ce mois de novembre froid et venteux. Tous les trois devront naviguer avec la plus grande prudence entre leurs souvenirs et la réalité qui semble de plus en plus leur échapper.
Le nouveau roman de Pete Fromm est un voyage inattendu à travers les lacs du Canada où la surface glacée de l'eau sert de miroir à nos peurs, colères et espoirs.
1986, dans une ferme non loin de Pretoria. La famille Swart fait ses adieux à la matriarche, Rachel. Avant de mourir, Rachel a fait une promesse : léguer à Salome, leur domestique noire, la maison dans laquelle elle vit. Cette décision divise le clan et la solennité du deuil ne parvient pas à masquer les dissensions qui se font jour. Les langues se délient, les rancoeurs et les convoitises s'exacerbent au point de faire voler en éclats les liens qui unissent les uns et les autres. Cette promesse doit-elle être tenue et à quel prix??
Le roman suit les Swart sur trois décennies, de 1986 à 2018. Alors que l'Afrique du Sud se transforme profondément, le racisme et la violence s'infiltrent encore partout, jusque dans la vie intime de chacun. À travers le déclin d'une famille protestante, c'est toute l'histoire d'un pays que Damon Galgut dessine en filigrane dans une langue virtuose qui nous fait entendre les voix de chacun de ses personnages.
À environ 95 ans, Keb Wisting pense qu'il pense trop et s'attend chaque jour à vivre le dernier. Mais lorsqu'un accident vient briser la carrière de basketteur de son petit-fils, le vieux Tlinglit entreprend de lui redonner goût à la vie et, pour cela, de sculpter avec lui un canoë traditionnel. À Jinkaat, dans ce village reculé du sud-est de l'Alaska, nul ne se souvient à quand remonte la dernière construction et tous, y compris Steve le chien, sont emportés par la ferveur de l'événement. Car cet outil ancestral est destiné à conduire le vieux Keb Zen Raven, Neuf-orteils-et-demi, du clan de la Baie, dans un dernier voyage jusqu'à ses terres natales, au pied du glacier, désormais réserve maritime à laquelle il n'a pas le droit d'accéder. Les sens en éveil, ils braveront les interdits pour pagayer dans un univers magnifiquement sauvage, comme au tréfonds du coeur humain.
Avec sa galerie de personnages colorés et attachants, ce roman est une grande histoire d'aventure, d'amour et de réconciliation. L'écriture est entière, le ton juste, tantôt méditatif, tantôt dans l'aphorisme perçant.
Un homme se retrouve dans une église, quelque part dans les fjords de l'ouest, sans savoir comment il est arrivé là, ni pourquoi. C'est comme s'il avait perdu tous ses repères. Quand il découvre l'inscription « Ton absence n'est que ténèbres » sur une tombe du cimetière du village, une femme se présentant comme la fille de la défunte lui propose de l'amener chez sa soeur qui tient le seul hôtel des environs. L'homme se rend alors compte qu'il n'est pas simplement perdu, mais amnésique : tout le monde semble le connaître, mais lui n'a aucune souvenir ni de Soley, la propriétaire de l'hôtel, ni de sa soeur Runa, ou encore d'Aldis, leur mère tant regrettée. Petit à petit, se déploient alors différents récits, comme pour lui rendre la mémoire perdue, en le plongeant dans la grande histoire de cette famille, du milieu du 19ème siècle jusqu'en 2020. Aldis, une fille de la ville revenue dans les fjords pour y avoir croisé le regard bleu d'Haraldur ; Pétur, un pasteur marié, écrivant des lettres au poète Hölderlin et amoureux d'une inconnue ; Asi, dont la vie est régie par un appétit sexuel indomptable ; Svana, qui doit abandonner son fils si elle veut sauver son mariage ; Jon, un père de famille aimant mais incapable de résister à l'alcool ; Pall et Elias qui n'ont pas le courage de vivre leur histoire d'amour au grand jour ; Eirikur, un musicien que même sa réussite ne sauve pas de la tristesse - voici quelques-uns des personnages qui traversent cette saga familiale hors normes. Les actes manqués, les fragilités et les renoncements dominent la vie de ces femmes et hommes autant que la quête du bonheur. Tous se retrouvent confrontés à la question de savoir comment aimer, et tous doivent faire des choix difficiles.
Ton absence n'est que ténèbres frappe par son ampleur, sa construction et son audace : le nombre de personnages, les époques enjambées, la puissance des sentiments, la violence des destins - tout semble superlatif dans ce nouveau roman de Jón Kalman Stefánsson. Les récits s'enchâssent les uns dans les autres, se perdent, se croisent ou se répondent, puis finissent par former une mosaïque romanesque extraordinaire, comme si l'auteur islandais avait voulu reconstituer la mémoire perdue non pas d'un personnage mais de l'humanité tout entière. Le résultat est d'une intensité incandescente.
Un matin, Iréna découvre ses voisins juifs alignés devant l'entrée de leur magasin. Un gendarme les tient en joue : ordre des Allemands. Le lendemain, ils sont agenouillés, brutalisés, avant d'être assassinés. Leur magasin est pillé. Dans ce village ukrainien, la catastrophe est en marche, et elle provoque chez la jeune paysanne un sursaut. L'effroi de ne pas avoir pu secourir ses voisins se double de celui que lui inspire son mari, un brute qui la maltraite. Il faut partir.
Commence alors une longue errance aux accents prophétiques. De village en village, Iréna proclame que le Christ était juif, et que lever la main sur ses descendants est un crime inexpiable. Menacée par les hommes et protégée par les femmes - paysannes, aubergistes ou prostituées -, Iréna accomplira son destin jusqu'au bout.
« L'Histoire est un cauchemar dont je cherche à m'éveiller », a écrit James Joyce. Dans ce dernier roman publié de son vivant, Aharon Appelfeld relève le défi : La Stupeur plonge ses racines dans ce qu'il y a de plus archaïque en l'homme - la soif de détruire et le besoin de réparer.
Nous sommes dans la région de la Volga, dans les premières années de l'URSS, en 1920-1930. Jakob Bach est un Allemand de la Volga : il fait partie des descendants des Allemands venus s'installer en Russie au xviiie siècle.
Bach est maître d'école dans le village de Gnadenthal, une colonie située sur les rives du fleuve. Un mystérieux message l'invite à donner des cours à Klara, une jeune fille vivant seule avec son père sur l'autre rive de la Volga. Bach et Klara tombent amoureux, et après le départ du père, ils s'installent ensemble dans la ferme isolée, vivant au rythme de la nature. Un jour, des intrus s'introduisent dans la ferme et violent Klara. Celle-ci meurt en couches neuf mois plus tard, laissant Bach seul avec la petite fille, Anntche.
Après la mort de Klara, Bach s'éloigne du monde et perd l'usage de la parole. Tout en élevant l'enfant, il écrit des contes, qui de manière étrange et parfois tragique s'incarnent dans la réalité à Gnadenthal. Un autre enfant fait alors son apparition à la ferme : Vasska, un orphelin vagabond qui bouleversera la vie d'Anntche et Bach...
Hiver 1959-1960, dans une petite ville de l'État de New York. Ruben Blum est historien, fils de parents (névrosés et excentriques) d'origine russo-ukrainienne, gendre de beaux-parents (plus névrosés et excentriques encore) d'origine germanique, et père d'une jeune fille qui a hérité de cette folie familiale. Il enseigne à l'Université de Corbin où il est le seul professeur de confession juive, ce qui fait de lui un sujet de curiosité, de conversation et, par de sombres raccourcis, la personne idéale pour évaluer la candidature d'un spécialiste de l'Inquisition, juif lui aussi, qui postule à la faculté : Ben-Zion Nétanyahou.
Ce dernier est attendu chez les Blum pour un cocktail de bienvenue avant ses entretiens, mais lorsque sa voiture s'arrête devant la maison, quatre autres personnes apparaissent à ses côtés - Ben-Zion a fait le voyage avec sa femme et ses trois garçons, l'aîné s'appelle Jonathan, le plus jeune Iddo, et entre les deux : Benjamin Nétanyahou, 10 ans. La soirée qui attend les Blum et les Nétanyahou restera dans les mémoires de tous les habitants de la ville, du directeur de l'université jusqu'au Shérif de Corbindale, de l'équipe locale de football jusqu'aux draps de la fille de Ruben...
Dans les pas de Philip Roth et de Saul Bellow, Joshua Cohen signe un très grand roman sur la société américaine, les familles dysfonctionnelles et l'identité juive. Celui que certains considèrent comme « le plus grand auteur américain vivant » (The Washington Post) nous plonge, avec ce pastiche de campus novel, dans un épisode invraisemblable de l'histoire personnelle des Nétanyahou. Et rien de tel que l'humour pour revisiter le passé, parfois embarrassant, des hommes de pouvoir.
Une histoire d'amour magnifique, celle d'un jeune homme pour une femme d'âge mûr qui éclaire et modifie son regard sur le sens de la vie. Un livre où la littérature, premier amour de ce garçon, devient vitale. Car dans une ville où règne l'effroi, seul l'imaginaire sauve de l'enfermement...
Martha se voit demander par son père, Kurt, en phase terminale d'un cancer, de l'amener de Hanovre jusqu'en Suisse, dans une clinique de suicide assisté. Mais ne conduisant plus, traumatisée par un accident, Martha sollicite Betty, son amie depuis vingt ans, qui consent à les accompagner. Or, le but du voyage se révèle bientôt un prétexte à d'autres desseins. L'odyssée burlesque alors engagée se prolonge en Italie, et ce n'est plus seulement Martha qui explore les voies de libération d'une histoire douloureuse, mais Betty.
Entravée par le legs symbolique d'un beau-père tromboniste et menteur, elle aspire à se recueillir sur sa tombe. Le roman de la route devient alors polar. De Berlin aux Cyclades, Betty et Martha, à l'aube de la quarantaine, cherchent un père, des pères, et se déprennent du regret des occasions manquées. Dans une langue innervée d'un humour acide et d'une gouaille mélancolique, Lucy Fricke mène ses héroïnes, soudées par les confidences et l'alcool, au fil des rebondissements et des rencontres, vers une vie délestée.
À travers la vie d'une famille juive séfarade de Bosnie, nous entrons dans un univers magique, Sarajevo de l'entre-deuxguerres.
Les cinq filles Salom grandissent dans une atmosphère tutélaire et étouffante, parlant entre elles le ladino. Enveloppées par la chaleur communautaire, entremêlée des joies et des peines familiales, elles apprennent les règles de la vie tout en bousculant les lois de la société patriarcale.
Gordana Kuic, fille d'une des cinq héroïnes de ce roman, vit à Belgrade, où une partie de sa famille, fuyant l'extermination oustachie, s'est réfugiée pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans ce roman, elle a tissé une saga familiale qui est devenue la mémoire co mmune de toute une région.
Ce livre d'une douceur rare est un témoignage historique sur la destinée des juifs dans les Balkans qui s'inscrit dans la grande tradition romanesque féminine. À l'exemple de George Sand, Jane Austen ou Margareth Mitchell, Gordana Kuic livre la chronique de gens simples, de ceux qui subissent l'histoire en lui donnant sa profondeur humaine et sa coloration romanesque.
Le monde est recouvert de neige.
Les transports sont interrompus.
Tom doit s'aventurer dans un paysage métamorphosé et hostile pour aller chercher son fils, malade et coincé dans une résidence étudiante.
Mais lors de ce trajet solitaire en voiture, de Belfast à Sunderland, Tom se retrouve à faire un autre voyage, sans carte ni guide, et retrace chaque route d'une histoire familiale habitée de souvenirs et embrumée de regrets.
Écrit dans une prose épurée et cristalline par l'une des voix les plus importantes de la littérature irlandaise contemporaine, Voyage en territoire inconnu est une oeuvre au dépouillement exquis et à la grâce transfiguratrice. Un roman de pères et de fils, de chagrin, de mémoire, de famille et d'amour ; sur les gouffres qui nous séparent de ceux que l'on aime, et les mauvais tournants que l'on prend en allant les retrouver.
Rome, fi n des années 1960. Leo Gazzarra, milanais d'origine, est depuis quelques années installé dans la capitale. Il vit de petits boulots pour des revues et des journaux. Viscéralement inadapté, dans un monde où il ne parvient pas à trouver sa place, il se laisse aller à des journées qui se ressemblent et à des nuits souvent alcoolisées. Leo n'en veut à personne et ne revendique rien. Le soir de ses trente ans, il rencontre Arianna, une jeune femme exubérante à la fois fragile et séductrice. Sûre de sa beauté mais incapable d'exprimer ses véritables sentiments, Arianna est évanescente. Elle apparaît et disparaît, bouleversant le quotidien mélancolique d'un homme qu'elle aurait peut-être pu sauver de sa dérive existentielle.Dans ce premier roman, paru pour la première fois en Italie en 1973, Gianfranco Calligarich évoque les cercles intellectuels et mondains de l'époque tout en dressant le portrait d'un homme qui cherche un sens à sa vie. Une histoire d'amour et de solitude, récit d'un renoncement tranquille, qui nous plonge dans une Rome solaire, magnétique.
Li Guangtou et Song Gang ne sont pas d'authentiques frères mais leurs destins se sont de longue date trouvés liés pour le meilleur et pour le pire. Enfants, puis adolescents pendant la Révolution culturelle, ils atteignent l'âge adulte au moment où la Chine entre dans l'ère tumultueuse des «réformes» et de l'«ouverture». La solidarité, cimentée par les épreuves, qui les unissait jusqu'alors se fi ssure et leurs chemins se séparent : tandis que Song Gang, l'intellectuel doux et loyal, se voit rapidement dépassé par son époque, Li Guangtou, le brigand, tirera le meilleur parti des bouleversements en cours.
En retraçant le parcours de ces deux personnages, Yu Hua interroge près d'un demi-siècle d'histoire chinoise : des années 1960 et 1970, marquées par la répression morale et les atrocités politiques, à nos jours, où les énergies individuelles se libèrent dans un désordre épique. Portrait de toute une génération, celle de la faim, de la violence, de la frénésie économique et des grandes migrations, des ascensions fulgurantes et des naufrages, Brothers compose une véritable odyssée de la Chine contemporaine, de Mao aux JO.
Traduit du chinois par Angel Pino et Isabelle Rabut.
«Ce dimanche matin, ce ne fut pas une réunion entre cinq femmes civilisées qui se tint dans les bureaux de Librarte, mais un sabbat entre cinq sorcières déchaînées usant de mauvais sorts et de magie noire pour tenter d'échapper à la malédiction qui s'abattait sur elles.»À Madrid, Solea et ses collègues du magazine littéraire Librarte viennent d'apprendre une terrible nouvelle:Atticus Craftsman, le fils d'un riche éditeur londonien, débarque d'Angleterre pour fermer leurs bureaux, jugés trop peu rentables. Heureusement, les cinq salariées de la petite revue échafaudent une stratégie. Quand l'inspecteur Manchego, quelques semaines plus tard, est informé de la disparition du jeune et bel héritier, il ne peut imaginer l'affaire rocambolesque dans laquelle il met les pieds...
Un jour d'été 1596, dans la campagne anglaise, une petite fille tombe gravement malade. Son frère jumeau, Hamnet, part chercher de l'aide car aucun de leurs parents n'est à la maison...
Agnes, leur mère, n'est pourtant pas loin, en train de cueillir des herbes médicinales dans les champs alentour ; leur père est à Londres pour son travail. Tous deux sont inconscients de cette maladie, de cette ombre qui plane sur leur famille et menace de tout engloutir.
Porté par une écriture d'une beauté inouïe, ce nouveau roman de Maggie O'Farrell est la bouleversante histoire d'un frère et d'une soeur unis par un lien indéfectible, celle d'un couple atypique marqué par un deuil impossible. C'est aussi celle d'une maladie « pestilentielle » qui se diffuse sur tout le continent. Mais c'est avant tout une magnifique histoire d'amour et le tendre portrait d'un petit garçon oublié par l'Histoire, qui inspira pourtant à son père, William Shakespeare, sa pièce la plus célèbre.
C'est l'histoire d'une pieuvre qui cherche à rejoindre l'Océan pacifique pour y pondre ses oeufs. Mais pour y parvenir, elle doit traverser un bras de terre, quitter son élément, croiser une route. C'est l'histoire d'une femme qui a vécu de terribles épreuves et ne sait plus très bien qui elle est ni ce qui a de l'importance à ses yeux. Une nuit, leurs chemins se croisent et pour la femme, tout bascule. Au coeur des paysages rudes et magiques de Tasmanie, s'écrit alors un récit de reconquête et de rencontres, de choix et d'idéaux.
Dans ce premier roman, Erin Hortle nous parle des échos de la vie sauvage sur notre vie humaine, dessinant avec énergie et malice le destin d'une femme qui trouve en regardant l'océan la réponse à ses questions et le chemin d'une nouvelle existence.
Il était une fois en Amérique... la famille idéale. Dans leur belle maison de Chicago, David et Marylin s'aiment d'un amour ardent depuis 40 ans. Mais pour leurs quatre filles, Wendy, Violet, Liza et Grace, le modèle est écrasant : comment être à la hauteur quand on a grandi à l'ombre de parents toujours aussi épris l'un de l'autre à soixante ans qu'à vingt ? Chacune surfe sur ce traumatisme inversé à sa manière, entre complicité et vacheries, cachotteries et mensonges, échecs et aspirations. Jusqu'à ce que resurgisse Jonah, quinze ans, le douloureux secret de Violet, authentique avis de tempête sur la météo domestique. Des années 1970 à nos jours, des joies et blessures de l'enfance aux enjeux décisifs de l'âge adulte, Tout le bonheur du monde nous offre une place privilégiée dans ce grand-huit familial endiablé Aussi drôle que touchante, Claire Lombardo a l'oreille absolue pour les nuances et les contradictions qui font des relations humaines l'inépuisable source de tous les tourments. Et de tous les bonheurs.
« Le café pouvait être humé, goûté et touché. Il s'agissait peut-être, avec l'essence, de l'un des produits les plus résistants aux crises économiques. Le carburant pour les machines, le carburant pour les gens. » À vingt-quatre ans, Mokhtar, un Américano-Yéménite, abandonne sa vie aux États-Unis pour se rendre au Yémen, sur la terre du café. Brillant et passionné, il va à la rencontre des cultivateurs des régions les plus reculées, espérant amé-liorer leurs conditions de travail. Mais en 2015, la guerre civile éclate. Les bombes pleuvent et l'ambassade américaine ferme ses portes. Le jeune homme doit trouver le moyen de fuir sans pour autant sacrifier ses rêves...
Avec son inimitable talent de conteur, Dave Eggers livre l'histoire vraie de Mokhtar, qui tenta l'impossible pour redonner ses lettres de noblesse au café du Yémen.
«Il faudrait des mots nouveaux, y compris pour raconter Auschwitz, une langue nouvelle, une langue qui blesse moins que la mienne, maternelle".
En moins de deux cents pages vibrantes de vie, de lucidité implacable et d'amour, Edith Bruck revient sur son destin : de son enfance hongroise à son crépuscule. Tout commence dans un petit village où la communauté juive à laquelle sa famille nombreuse appartient est persécutée avant d'être fauchée par la déportation nazie. L'auteur raconte sa miraculeuse survie dans plusieurs camps de concentration et son difficile retour à la vie en Hongrie, en Tchécoslovaquie, puis en Israël. Elle n'a que seize ans quand elle retrouve le monde des vivants. Elle commence une existence aventureuse, traversée d'espoirs, de désillusions, d'éclairs sentimentaux, de débuts artistiques dans des cabarets à travers l'Europe et l'Orient, et enfin, à vingt-trois ans, trouve refuge en Italie, se sentant chargée du devoir de mémoire, à l'image de son ami Primo Levi.
"Pitié, oui, envers n'importe qui, haine jamais, c'est pour ça que je suis saine et sauve, orpheline, libre."
Charity Royall est une ravissante jeune femme au caractère décidé. Fille adoptive d'un notable de son village, elle vit seule avec son tuteur et coule une existence bien trop tranquille. Par un bel été, elle fait la rencontre d'un jeune architecte new-yorkais, venu passer quelques semaines chez une parente. Débutée sur un malentendu, leur relation évolue inévitablement d'une joyeuse camaraderie vers une attirance plus profonde.
Un mariage semble impossible ; les mauvaises langues du village sont aux aguets, et lentement l'été avance...
Mrs Dalloway est un des romans de Woolf les plus connus. En cette fameuse journée de juin située par déduction en 1923, Clarissa Dalloway a cinquante-deux ans, et, quand elle publie son roman en 1925, Virginia Woolf en a quarante-trois. Clarissa marche dans Londres et se remémore sa jeunesse, ses amitiés, ses amours.
Elle évoque le poids des années, les rêves meurtris, les amours inégalées, le royaume des morts ou celui de cette vitalité fragile et précieuse dont elle est magnifiquement douée. Le roman s'intitulait d'abord Les Heures parce qu'il est rythmé par le carillon de Big Ben, le temps qui passe et frappe dans la vie d'une femme. Ce continuum romanesque de la pensée, de la mémoire, des actions, des sensations, c'est le fameux « stream of consciousness », le flux de conscience, une des plus grandes réussites de ce roman. « Sa polyphonie va jusque restituer les pensées vocalisées et les paroles intérieures, les voix vives mais aussi les voix éteintes, dans un travail de mixage sonore délicat auquel il a fallu tendre l'oreille », écrit Nathalie Azoulai dans sa préface.
La nouvelle traduction de Nathalie Azoulai parvient à rendre en français la langue de ce roman culte de la modernité littéraire, vive sans être parlée, conversationnelle sans être relâchée, logique mais peu articulée.
Saisissant, en français aujourd'hui, ce qu'elle a de lapidaire, d'ironique, de séquencé, de pudique, de snob.
William Boot, chroniqueur pour la rubrique « Faune et flore » d'un journal britannique, est un jeune homme avide de culture mais menant une vie modeste, loin du tumulte londonien. Le jour où le rédacteur en chef du Daily Beast l'envoie à l'étranger en tant qu'envoyé spécial, tout bascule pour lui... William est dépêché en Ismaël, un État fictif d'Afrique orientale où une guerre civile serait sur le point d'éclater. Mais à Jacksonburg, la capitale, nulle trace de révolte, ni même d'opposition : seulement une nuée de journalistes étrangers venus guetter les soubresauts inexistants de l'actualité ismaëlienne.
Evelyn Waugh, le satiriste le plus cinglant de la littérature des années 1930, livre avec Scoop une véritable farce qui, encore aujourd'hui, constitue le réquisitoire le plus juste sur les méthodes de désinformation parfois utilisées dans la presse.
Parmi les 100 meilleurs romans de tous les temps selon The Guardian.